Huit mois avant le coup d’envoi, le mondial de football au Brésil fait l’objet d’une intense promotion médiatique : alors que ballon choisi pour les compétition se trouve lancé comme une vedette, les forces spéciales de la police peaufinent le dispositif qui doit assurer la sécurité des visiteurs, c’est à dire tenir à distance le peuple des déshérités.
Le ballon du Mundial se nomme Brazuca, ce qui signifie brésilien, il est « brillant et vibrant » comme le mode de vie des cariocas, sa décoration colorée rappelle à la fois les bracelets de l’amitié et l’arc-en-ciel d’une planète célébrant le sport dans la paix. Mais derrière cette façade se cache la menace d’une insécurité croissante. Le commissaire Ricardo Barbosa, coordinateur des unités d’élite de la police, explique posément que ses hommes s’apprêtent à faire face à « n’importe quelle situation », c’est à dire à l’explosion sociale que provoque toute manifestation internationale de favorisés dans un pays très pauvre. Dès 1992, pour la Conférence de la Terre à Rio, les chars avaient pris position aux carrefours pour empêcher les favelas de descendre vers les beaux quartiers. Depuis, la mondialisation a engendré de telles tensions qu’un nombre croissant d’Etats, les USA en tête, utilisent l’armée ou les forces spéciales pour des missions de maintien de l’ordre. Ces unités sont formées au combat de rue, dans des attitudes qui rappellent les productions hollywoodiennes, et figurent, comme dans les films, la violence légitime et protectrice, face à l’ennemi ici terroriste, là populiste. Il y a de mauvaises forces anti-émeutes à Kiev, et les bonnes au Brésil.