La « bromance » au top….
les relations hétérosexuelles en berne ?

Bromance relations hétérosexuelles
 
« Une nouvelle bromance ! » Ah, les media adorent cette nouveauté socio-sentimentale aisément applicable à tous les mondes, du sport au showbiz, de la politique aux représentants religieux… et l’emploient à tout bout de champ. Parce que c’est tendance. Quoique vieux comme Hérode. Puisque la bromance, contraction franglaise de « brother » et « romance », n’est ni plus ni moins que l’ancestrale amitié masculine qui n’a pas attendu la fin du XXe siècle pour être honorée.
 
Sauf que, mis à la sauce post-moderne, ça peut donner un mélange bizarre, à mi-chemin entre une expression homosexuelle (sans l’être) et une immaturité d’adolescent. Et que, selon une récente recherche, cela pourrait réellement entraver les relations hétérosexuelles de ses adeptes.
 

« C’est comme avoir une petite amie, sauf que c’est pas une petite amie »

 
Une étude de l’Université de Winchester, publiée dans la revue Men and Masculinities, a interrogé trente de ses étudiants de premier cycle sur leurs relations amicales masculines. Chacun d’eux avait eu au moins un ami « bromantique » avec lequel il avait vécu pendant 18 mois minimum (on est loin des « bromances » véhiculées par la presse entre le Prince Harry et Barack Obama ou entre Benjamin Netanyahu et Narendra Modi…)
 
Les modalités ? On est fusionnel ! On se confie ses secrets, on parle de ses problèmes…On n’hésite pas à se faire des câlins, certains ont même dit qu’ils dormaient dans le même lit. 28 sur 30 ont déclaré qu’ils préféraient parler de leurs problèmes émotionnels avec leur ami masculin plutôt qu’avec leurs petites amies – parce qu’ils continuent à en avoir à côté.
 
Bref qu’il était plus facile de résoudre les conflits avec son copain et de développer une communauté de sentiments satisfaisante…
 

Des relations hétérosexuelles… juste pour le sexe

 
Alors, certes, il n’y a pas de sexe. C’est toute la différence entre une « bromance » et une « romance », nous dira le dénommé Bob. Mais « c’est la seule » ajoutera-t-il…. Et c’est bien le problème. « Ces hommes hétérosexuels millénaires chérissent leurs proches amis masculins, au point qu’ils peuvent même constituer un défi à l’orthodoxie des relations hétérosexuelles traditionnelles » a déclaré le Dr Robinson – sans parler de l’engagement marital…
 
D’autant que toutes les politiques de libération sexuelle, en passant par la contraception et l’avortement, ont contribué à faciliter les relations sexuelles occasionnelles : « Parce que le sexe hétérosexuel est maintenant réalisable sans besoin d’un engagement romantique, la bromance pourrait devenir de plus en plus reconnue comme une véritable relation de style de vie, où deux hommes hétérosexuels peuvent vivre ensemble et profiter de tous les avantages d’une relation hétérosexuelle traditionnelle »…
 
Pourquoi dès lors, s’escagasser à essayer de vivre en couple avec une femme qu’on ne comprend pas à tous les coups, avec laquelle il faut faire des compromis, et construire jour après jour une communauté d’intérêts pourtant à la base, pas toujours convergents… ? Le jumeau physiologique est tellement plus simple.
 

La bromance : « pas socialement positive pour les femmes »

 
D’abord, on sourit d’un tel engouement socio-médiatique pour une aussi vieille – et belle – réalité que celle de l’amitié entre hommes. Et puis on fronce les sourcils, car elle est bien tristement travestie dans ce phénomène, qui pourrait remplacer ou du moins concurrencer la relation amoureuse foncièrement hétérogène qui subsiste ente un homme et une femme.
 
Nous nous trouvons face à de jeunes hommes et des moins jeunes qui refusent la maturité de l’engagement et le défi qu’il représente : « Etant donné que les jeunes hommes connaissent maintenant un retard dans l’âge adulte et une période prolongée d’adolescence, les hommes peuvent choisir de cohabiter comme en une relation fonctionnelle à l’ère moderne » dit l’étude. Et la réalité envahissante de l’homosexualité qui a « normalisé » les marques extérieures affectives entre hommes n’est pas indifférente au succès de cette façon de vivre.
 
Ce faisant, à force, on court le risque de séparer l’amour du sexe. Affection avec l’ami qui leur ressemble, sexe avec une partenaire du moment : « Les amantes sont temporaires, une bromance peut durer toute une vie » dit un étudiant.
 
Évidemment, on arrive ainsi à une « crispation » des genres, diraient les analystes sociologiques… à l’émergence d’une nouvelle culture « sexiste », dit l’étude. Les hommes perçoivent les femmes comme les principales régulatrices de leur comportement, ce qui engendre de leur part une certaine forme de mépris, une vision assez négative chez tous.
 
Ainsi, cette société qui a érigé la libération sexuelle et lutté officiellement contre tous les sexismes de la terre, pourrait en avoir généré un autre – un vrai celui-là. Promu médiatiquement, ce mode de vie « bromantique » est aussi un art de créer d’énième relations humaines, pour gommer l’altérité et faire foisonner la notion du genre….
 
A quand la « sismance » ?
 

Clémentine Jallais