Mgr Carlo Maria Viganò répond au « silence » du pape François à propos de l’affaire McCarrick – et interpelle le cardinal Ouellet

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« Je déclare en toute conscience devant Dieu que mon témoignage est vrai. » Mgr Carlo Maria Viganò, auteur du témoignage mettant gravement en cause le pape François qu’il y accuse d’avoir délibérément levé les sanctions imposées à titre personnel au prédateur homosexuel, le cardinal McCarrick, par le pape Benoît XVI, vient de publier un nouveau texte en réponse au (très relatif) silence du souverain pontife qui se pose bruyamment en victime d’une entreprise de division fomentée par Satan lui-même. Alors que François multiplie les homélies à Sainte-Marthe où, de manière transparente, il compare son refus de répondre au silence de Jésus-Christ devant « le Grand Accusateur », l’ancien nonce à Washington redit et renforce son témoignage. Le silence du Christ est celui de l’Innocent, ce n’est pas un silence qui interdit de révéler des faits dont les innocents sont victimes. Il interpelle également le cardinal Ouellet, qui selon lui dispose de documents confirmant ses dires à propos des protections dont l’ex-cardinal McCarrick a bénéficié.
 
Le texte intégral de cette nouvelle lettre de Mgr Viganò a été publié notamment par LifeSiteNews en anglais et par Campagne Québec Vie, organisation pro-vie canadienne, en français. On y sent tout le sérieux, toute la réflexion qui a accompagné la décision terrible de rendre publique une situation scandaleuse au risque de frapper l’Eglise non pas à sa tête, qui est le Christ, mais au plus haut niveau de son autorité humaine.
 

Mgr Carlo Maria Viganò assimilé à Satan par le pape François

 
L’archevêque parle des faits qu’il lui a été donné de connaître alors qu’il était en poste à Washington. Et il évoque ses hésitations :
 
« Ma décision de révéler ces graves faits a été pour moi la décision la plus douloureuse et la plus importante que j’aie jamais prise de ma vie. Je l’ai fait après longue réflexion et prières, pendant des mois de souffrance profonde et d’angoisse, alors que les annonces d’événements terribles allaient crescendo, avec leurs milliers de victimes innocentes détruites, et le trouble jeté sur la vocation et la vie de jeunes prêtres. »
 
Mais pour Mgr Viganò, « le silence des pasteurs qui auraient pu apporter un remède et empêcher qu’il n’y ait de nouvelles victimes est devenu de plus en plus indéfendable : un crime dévastateur pour l’Eglise ».
 
Face à ses accusations gravissimes, dont la principale est que le pape François « a fait de McCarrick un de ses principaux agents dans le gouvernement de l’Eglise, par rapport aux États-Unis, la Curie, et même la Chine », le prélat note qu’elles n’ont pas été démenties :
 
« Ni le pape, ni aucun des cardinaux de Rome n’ont nié les faits que j’ai affirmés dans mon témoignage. Qui tacet consentit [Qui ne dit mot consent] s’applique sûrement ici, car s’ils nient mon témoignage, ils n’ont qu’à s’exprimer et à fournir des documents à l’appui de cette dénégation. Comment ne pas conclure que la raison pour laquelle ils ne fournissent pas ces documents est qu’ils savent que ceux-ci confirment mon témoignage ? »
 

Le pape François refuse de répondre clairement à propos de l’affaire McCarrick

 
Et de souligner qu’au lieu de l’avoir accusé d’avoir menti – mais cela aurait « intensifié les demandes du peuple de Dieu et du monde concernant la documentation nécessaire pour déterminer qui a dit la vérité », le pape François l’a comparé à Satan : « Il a mis en place une subtile calomnie contre moi — la calomnie étant un offense dont il a souvent comparé la gravité à celle du meurtre. »
 
Face à ce silence, Mgr Viganò contre-attaque :
 
« La protection du pape envers McCarrick n’était manifestement pas une erreur isolée. De nombreux autres cas ont récemment été documentés dans la presse, montrant que le pape François a défendu des ecclésiastiques homosexuels qui avaient commis de graves abus sexuels à l’encontre de mineurs ou d’adultes. Il s’agit notamment de son rôle dans l’affaire du P. Julio Grassi de Buenos Aires, de la réhabilitation du P. Mauro Inzoli après que le pape Benoît l’eut retiré de son ministère (jusqu’à ce qu’il aille en prison ; c’est le moment où le pape François l’a réduit à l’état laïque) et de la suspension de l’enquête sur les allégations d’abus sexuels contre le cardinal Cormac Murphy-O’Connor. »
 
Est-ce une réponse à ce qu’avait déclaré le pape lors de sa conférence de presse dans l’avion qui le ramenait des pays Baltes, le 25 septembre ? François, interpellé à propos du scandale des abus sexuels, a déclaré : « Dans les derniers temps, j’ai reçu tant, tant de condamnations faites par la Congrégation pour la doctrine de la foi et j’ai dit : on y va, on y va. Jamais, jamais après une condamnation, je n’ai signé de demande de grâce. Là-dessus, on ne négocie pas. »
 

Mgr Carlo Maria Vigano rappelle les indulgences du pape François à l’égard du P. Inzoli et du cardinal Murphy-O’Connor

 
Peut-être était-ce de la restriction mentale, peut-être n’y a-t-il jamais eu en effet, techniquement, de signature de demande de grâce. Mais le fait est que l’on connaît des cas précis d’indulgence imposée par le pape François dans des affaires d’abus sexuels, auxquels il faut ajouter son « Qui suis-je pour juger » lancé à propos de Mgr Battista Ricca. Celui-ci, cependant, n’a pas été convaincu d’agression sur mineurs, il a juste mené une vie ouvertement scandaleuse avec ses amants homosexuels.
 
Mgr Viganò pointe un autre silence, celui qui a suivi la rencontre de la délégation de la conférence des évêques des Etats-Unis avec le pape François « pour demander une enquête du Vatican sur McCarrick ». Il interpelle ces prélats : « Le cardinal DiNardo et les autres prélats devraient faire savoir cela à l’Eglise en Amérique et dans le monde : le pape a-t-il refusé de mener une enquête vaticane sur les crimes de McCarrick et sur les responsables de leur dissimulation ? Les fidèles ont le droit de savoir. »
 
Pour finir, Mgr Viganò en appelle également au cardinal Ouellet qui a dénoncé lundi, au micro d’Andrea Gagliarducci d’EWTN, « l’attaque injuste » visant le pape François, qualifiant les critiques à l’égard de celui-ci d’» infraction très grave ». Selon Mgr Viganò, qui le connaît bien, il a abandonné son attitude courageuse à partir du moment où « son travail de préfet de la Congrégation pour les évêques a été miné parce que les recommandations pour les nominations épiscopales ont été transmises directement au pape François par deux “amis” homosexuels de son dicastère, contournant ainsi le cardinal ». « Son long article dans L’Osservatore Romano, dans lequel il se prononce en faveur des aspects les plus controversés d’Amoris Lætitia, incarne sa reddition », souligne l’ancien nonce à Washington.
 
Mais il fait davantage : il interpelle le cardinal Ouellet afin que celui-ci ne se taise pas à son tour. « Votre Eminence, avant mon départ pour Washington, c’est vous qui m’avez parlé des sanctions du pape Benoît XVI à l’encontre de McCarrick. Vous avez à votre disposition des documents clés incriminant McCarrick et plusieurs membres de la Curie pour leurs dissimulations. Votre Eminence, je vous invite à porter témoignage à la vérité. »
 

Carlo Maria Vigano interpelle le cardinal Ouellet pour que celui-ci rompe à son tour son silence

 
Dans une conclusion plus spirituelle, Mgr Viganò se demande : « Peut-être le Christ est-il devenu invisible à son vicaire ? Peut-être est-il tenté d’essayer de se substituer à notre seul Maître et Seigneur ? »
 
Mais il invite aussi à ne pas se décourager parce que « le Seigneur est maître de la barque » battue par les flots (comme l’a dit Benoît XVI lors des funérailles du cardinal Meisner en 2017 : « Le Seigneur n’abandonne pas son Eglise, même lorsque parfois le navire a tant pris l’eau qu’il est sur le point de chavirer »).
 
« C’est un temps de repentance, de conversion, de prières, de grâce, pour préparer l’Eglise, l’épouse de l’Agneau, a être prête pour combattre et à gagner avec Marie le combat contre le vieux dragon », proclame encore Mgr Viganò.
 
Oui, la crise où se trouve l’Eglise est inimaginable, non parce que celle-ci n’aurait jamais subi de crises, non parce que la papauté aurait toujours été impeccable jusqu’à aujourd’hui, loin s’en faut, non parce que sa foi n’aurait jamais été menacée à ce point par l’emprise de l’hérésie. Elle est inimaginable, inédite parce qu’elle se fait complice d’une agression inouïe contre la simple expression du bien : par le fait d’hommes qui la composent, la conduisent, la dirigent, elle semble justifier le mal en faisant une place grandissante à l’idéologie LGBT en son propre sein au mépris de la moralité naturelle.
 
Face à cette fange, on comprend mieux que notre seul recours soit la Vierge Immaculée, totalement préservée de ne serait-ce que la moindre emprise du démon.
 

Jeanne Smits