Choléra en Haïti : l’ONU reconnaît avoir tué des milliers de Haïtiens

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L’ONU reconnaît enfin ce que chacun savait : en 2010, ses troupes de maintien de la paix en Haïti ont tué des milliers de Haïtiens par le choléra qu’elles ont causé en rejetant leurs eaux usées non traitées dans les rivières. Mais elle revendique l’immunité : pas de TPI pour ses crimes de guerre.
 
En 2010, l’ancien président américain Bill Clinton était l’envoyé spécial de l’ONU en Haïti, qui, outre les troubles politiques endémiques qu’elle connaît, venait de subir un tremblement de terre. Sa mission était de « coordonner » l’aide humanitaire venue du monde entier avec celle de l’ONU, y compris les « troupes de maintien de la paix » envoyées pour limiter les pillages et la guerre civile larvée. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas su maîtriser lesdites troupes, puisque, outre le meurtre de civils et les scandales sexuels dont les ONG les accusent rituellement, un fait est établi : les eaux usées non retraitées, ordures et déjections comprises, qu’elles ont rejetées dans les rivières, ont provoqué une épidémie de choléra qui a touché près d’un million de Haïtiens et en a tué, selon les estimations les plus courantes, près de dix mille. L’ONU se reconnaît aujourd’hui enfin coupable, mais plaide irresponsable.
 

Le choléra a tué en Haïti, la bagarre juridique continue à New York

 
Aux Etats-Unis, l’affaire prend une ampleur particulière parce que Bill Clinton est l’époux d’Hillary Clinton, la candidate démocrate à la prochaine élection  présidentielle, chouchoute du système. Le ministère de la justice américain ne fait rien, c’est le moins qu’on puisse dire, pour que l’ONU soit tenue responsable pour ce qui est un crime de guerre : homicide involontaire sur plusieurs milliers de Haïtiens. Plusieurs milliers de Haïtiens, infectés par le choléra, ont poursuivi l’ONU devant un tribunal new yorkais, où le représentant de l’ONU n’a pas daigné se présenter, excipant de son immunité diplomatique. Et le 18 août, la cour d’appel de New York a donné raison à l’ONU et au gouvernement d’Obama en tenant l’organisation internationale pour irresponsable légalement. Les Haïtiens porteront l’affaire devant la Cour suprême des Etats-Unis.
 

L’enquête de l’ONU reconnaît la mort de milliers de Haïtiens

 
Cependant l’enquête interne menée par le rapporteur spécial de l’ONU, le professeur de droit Philip Alston, reconnaît le crime et son ampleur. Elle a fuité dans la presse. 500 soldats de l’ONU ont rejeté directement leurs déchets de toute nature dans une rivière dont les Haïtiens boivent l’eau. Cela a infecté au moins 800.000 Haïtiens et tué des milliers d’entre eux (entre 10.000 et 30.000). Pour Alston la  « politique choléra » de l’ONU est « moralement perverse, légalement indéfendable, et politiquement suicidaire ». Mais l’indemnisation des familles aurait coûté selon lui « environ quarante milliards de dollars » : l’ONU a préféré se réfugier derrière son immunité. Ce qui mène un nombre croissant d’Américains à s’interroger sur le statut de l’ONU et sa fonction réelle. Tiers-mondistes forcenés et isolationnistes décidés se rejoignent, chacun pour ses raisons, sur une condamnation d’ensemble de l’organisation new yorkaise et commencent à préconiser un « Amexit », une sortie des Etats-Unis de l’ONU.
 

Pauline Mille