La Commission européenne s’apprête à dépenser sans limites pour inciter les Britanniques à voter contre le Brexit

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David Cameron dans un couloir du Conseil européen après la première journée du Sommet européen de fin d’année, le 17 décembre 2015.

 
Ce sera un vrai bombardement de messages pro-européens : à l’approche de la campagne pour le référendum sur le maintien – ou non ! – du Royaume-Uni dans l’Union européenne, les partisans du Brexit ont averti que la Commission européenne dépensera sans limites pour faire passer son message pro-UE. Aucun texte ne limite en effet le budget que peut mobiliser Bruxelles à cette fin. Et la Commission n’a pas caché sa volonté de tout faire pour que les Britanniques ne se laissent pas convaincre par la campagne du « non ».
 
La Commission européenne a déjà formé un groupe de travail à Bruxelles pour préparer la campagne d’« information » à diffuser en vue de les convaincre, à la fois par le biais des partis politiques sur place et par celui de l’Union européenne. Cela veut dire que la campagne du « non » partira avec un sérieux handicap sur le plan matériel : alors que les lois électorales britanniques limitent strictement les dépenses des campagnes politiques, la Commission n’est pas liée par cette législation pour la simple raison qu’elle n’est pas basée au Royaume-Uni.
 

La Commission européenne fera campagne pour que le Royaume-Uni demeure dans l’UE

 
La Commission se dérangera-t-elle à cet effet ? Tout le laisse croire puisqu’elle s’était également ingérée – avec succès – dans la campagne nationale pour ou contre l’entrée de la Croatie dans l’UE en 2012. Elle avait également pesé de tout son poids dans la campagne pour le référendum irlandais sur le Traité de Lisbonne en 2009, avec un même résultat favorable à l’Union.
 
Rien n’empêchera la Commission d’envoyer une lettre personnalisée à chaque électeur britannique, avertit Matthew Elliott, directeur du groupe « Vote Leave » (« votez pour le départ ») : entre séduction et intimidation, on peut s’attendre à tout. Pour lui, les « règles du référendum ont été truquées de manière à permettre aux partisans du maintien du Royaume-Uni dans l’EU de dépenser beaucoup plus que les partisans du départ ». « Les électeurs du Royaume-Uni peuvent s’attendre à un barrage de propagande pro-UE de la part des eurocrates pendant le référendum », a-t-il dit.
 

Dépenses sans limite contre le Brexit : la campagne du « non » riposte

 
Il appelle les Britanniques favorables au « non » à alimenter un « trésor de guerre » afin d’avoir une chance dans cette compétition, et à rejoindre sans tarder la campagne « Vote Leave ».
 
Cela devient d’autant plus urgent, a-t-il souligné, que David Cameron semble être en passe d’obtenir des arrangements de la part de Bruxelles sur l’un des points de discorde médiatiquement mis en avant ces derniers mois : sa demande de pouvoir limiter les allocations pour les immigrants de l’UE pendant leurs quatre premières années de présence au Royaume-Uni. Après s’y être vivement opposée, la Commission serait favorable au compromis proposé par l’Allemagne et la France : une période transitoire de trois ans au cours de laquelle la limitation des allocations serait autorisée.
 

Les Britanniques invités à alimenter le trésor de guerre de “Vote Leave”

 
Mais selon le parlementaire UKIP Douglas Carswell, ces propositions ont bien pu être « chorégraphiées » par le Premier ministre et par Bruxelles afin de laisser croire que Cameron avait obtenu un avantage important à force de négociations.
 
Les négociations de David Cameron portent également sur la maîtrise de l’immigration, des mesures de protection de l’économie, d’autres pour rendre l’Europe plus compétitive et le droit pour le Parlement britannique de bloquer des directives européennes « indésirables » en Grande-Bretagne. C’est cela que veulent les Britanniques : pas d’Union du tout, ou une sorte d’Union sans union. Electoralement, Cameron n’a pas le choix. Dans la manipulation, en revanche, tout est possible.
 

Anne Dolhein