Le monde affronte « la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale », a estimé vendredi, par la voix de son commissaire à l’Immigration, la Commission européenne. Et, de ce fait, l’Europe, dont plusieurs pays sont débordés par les flux de demandeurs d’asile, doit les accueillir d’une façon « décente » et « civilisée ». Une affirmation dont le pourquoi semble ne poser guère de difficultés à la majorité des Etats-membres de l’Union européenne. Mais c’est une toute autre question, on le voit depuis des mois, dès qu’il s’agit du comment… Autrement dit, et pour parler clair, chez qui ?
Conscient de cette difficulté, le commissaire Dimitris Avramopoulos a choisi tout simplement de la contourner pour ne voir que le principe. Ainsi, s’il admet que l’Europe « a du mal à gérer les importants afflux de personnes cherchant refuge dans nos frontières », elle est cependant construite sur le principe de « solidarité avec ceux qui sont dans le besoin ». D’où cette conclusion logique, mais qui n’apporte aucune solution pratique et concrète : « Ce sont des êtres humains, des gens désespérés. Ils ont besoin de notre aide et de notre soutien. »
Le monde fait face à « la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale »
Le Grec Dimitris Avramopoulos sait pourtant d’autant plus de quoi il parle qu’il a rencontré jeudi, à Athènes, les ministres grecs de l’Intérieur et de l’Immigration, ainsi que le maire de l’île de Kos, particulièrement confrontée, ces dernières semaines, à la question de l’afflux migratoire.
« Ce que nous devons faire, a-t-il poursuivi, (…) est d’organiser notre système afin d’affronter ce problème d’une façon décente, civilisée et européenne. »
Ceux qui espéraient, à partir de là, que Bruxelles allait effectivement se saisir du problème en auront été pour leurs frais. Tout ce qu’on propose aujourd’hui l’a déjà été en mai dernier, avec les fameux quotas de migrants qui avaient indisposé une majorité de responsables politiques européens, raison pour laquelle la Commission européenne parle désormais de « clés de répartition ».
C’est simple, en définitive, la politique…
Angela Merkel emboite le pas à la Commission européenne
Pas si simple cependant, a averti dimanche Angela Merkel. Le chancelier allemand a donc tenu à mettre les points sur certains i, en affirmant, sur la chaine publique ZDF, que « cette question de savoir comment nous agissons avec les migrants (…) va nous occuper bien, bien plus que la Grèce ou la stabilité de l’euro ». Ouille !
Angela Merkel, qui évoque la nécessité d’une « politique commune européenne en matière d’asile », estime que cette thématique « pourrait être le prochain projet européen où nous verrions si nous sommes vraiment capables d’agir ensemble ».
A bien y réfléchir, Angela Merkel n’a pas tort de faire de l’immigration le principal problème de l’Union européenne. De la réponse que nos politiques y apporteront pourrait bien dépendre, effectivement, sa survie.