Le vélo en libre-service – Vélib à Paris – a dix ans. Une espèce de fête du vélo, Vélo-city, célèbre cet anniversaire… Mais au-delà du folklore bien-pensant, une question commence à se poser, notamment chez les maires concernés : le jeu en vaut-il la chandelle ? Car le vélo en libre-service a un coût…
L’argent, question importante s’il en est à une époque où certaines municipalités ont de plus en plus de mal à boucler leur budget, est un point discuté (ou du moins discutable) entre les opérateurs et les mairies. Depuis quelques jours, Albert Asseraf, directeur général Stratégie de JCDecaux France, l’un des principaux opérateurs du vélo en libre-service, puisqu’il détient à peu près 40 % du marché, profite de cet anniversaire pour un petit tour de France.
L’objectif est simple : parvenir à développer encore un marché, alors que les critiques, sur le plan économique, commencent à se multiplier chez les maires. En clair, il s’agit pour le responsable de JCDecaux d’arriver à faire primer l’argument écologique sur l’argument économique.
Les dix ans du vélo en libre-service
Pour l’heure, l’argument écologique a le vent en poupe. Parce qu’il est, fondamentalement, l’un des passages obligés du politiquement correct. Mais aussi parce que, de fait, la plupart des grandes villes françaises tentent de trouver des moyens pour réduire, au moins en centre-ville, la circulation automobile, qui, il est vrai, a tendance à devenir problématique – du moins aux heures de pointe.
Cela explique que, si le lancement du vélo en libre-service a eu quelque mal à démarrer – lancé à Lyon il y a dix ans, quatre ans plus tard, il n’y avait encore que deux villes à l’utiliser, et elles sont aujourd’hui trente-huit… – il a connu depuis une explosion qui justifie l’intérêt des opérateurs.
Ceux-ci, pourtant, vont devoir multiplier les arguments, car certains maires commencent à faire grise mine. Si le système est intéressant du point de vue économique pour l’utilisateur – il en coûte de 19 à 40 euros par an à Paris – il n’en est pas de même pour la collectivité – et par contre-coup, pour l’utilisateur. Selon la société de conseil Mobiped, à laquelle Bercy avait fait appel, l’année dernière, pour étudier la question, certains vélos peuvent coûter plusieurs milliers d’euros par an. « Pas plus que les autres transports publics, le VLS ne s’autofinance. Prétendre, comme l’affirme JCDecaux, que les recettes publicitaires financent le système est un abus de langage », affirment ses responsables.
Vélib : une opération blanche
L’exemple de Paris semble particulièrement probant. Il rapporte à JCDecaux une cinquantaine de millions d’euros par an de recettes publicitaires, et les dix-huit millions versés par la ville – dont cinq millions au titre du vandalisme (trois à quatre cents vélos rentrent chaque jour à l’atelier pour être réparés)… En face, Paris reçoit une redevance de l’opérateur, et le prix des locations, pour une somme estimée à vingt millions. L’opération est donc quasiment blanche pour la ville, et un pactole pour l’opérateur.
Ecologie contre coût
Ailleurs, le modèle est encore plus dispendieux, et certains maires sont à l’abandonner. Ainsi en est-il, par exemple, pour Nicolas Daragon, le maire de Valence, qui affirme que sa ville perd « beaucoup d’argent ». Le calcul est, en effet, vite vu : un coût annuel de 400.000 euros pour 300 abonnés !
Nicolas Daragon explique ce coût par le fait « que les vélos doivent être particulièrement solides, parce qu’il faut les entretenir tous les jours, qu’il faut les ramener sur les stations pour qu’ils soient bien répartis… donc les charges sont largement supérieures aux recettes ».
Et impossible d’envisager d’augmenter le prix du service, de peur d’éloigner le client.
Seule solution envisageable, pour l’heure, celle de diminuer l’offre, en limitant le nombre de stations et de vélos dans la ville. A Pau, François Bayrou réfléchit également à la façon d’abandonner ce coûteux service. Malgré le carcan écologique…