Gag : David Cameron et Barack Obama essaient de persuader Poutine de les aider à vaincre l’Etat islamique

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C’est lors du sommet du G20 à Antalya en Turquie que Barack Obama s’est installé autour d’une table avec Vladimir Poutine, décidément très fréquentable, pour le persuader en trente minutes de soutenir leurs efforts en vue de vaincre l’Etat islamique, en attendant que David Cameron fasse de même ce lundi. Alors que la Russie intervient sur le terrain en Syrie assez efficacement, semble-t-il, pour reprendre des zones comme Palmyre, et multiplie les attaques aériennes contre de nombreuses cibles, le propos ne manque pas d’ironie involontaire. C’est même un vrai gag, inspiré par les attentats de Paris qui avaient lieu vendredi.
 
Car des mois de frappes « alliées », auxquelles s’ajoutait ce week-end le raid français contre Raqqa, n’ont absolument rien changé. Des mois et des années d’efforts de soutien logistique, y compris en fournitures militaires, aux rebelles « modérés » à Bacher el-Assad n’ont pas non plus fait reculer l’Etat islamique sur le terrain. Daech en est plutôt sorti renforcé.
 

Pour David Cameron et Barack Obama, Poutine est de nouveau fréquentable

 
S’étant concerté avec Obama, David Cameron porte le même message, encore plus radical : il faut que Poutine cesse de s’en prendre aux « modérés » opposés à Bachar, prolongeant la fiction qui a déjà fait tant de mal. Qu’il se concentre, lui et ses efforts militaires, sur la « destruction » de l’Etat islamique !
Obama, lors de la réunion de dimanche, s’est fait plus diplomate. Il a « salué les efforts de toutes les nations en vue d’affronter le groupe terroriste Etat islamique en notant l’importance des efforts militaires de la Russie en Syrie en vue d’affronter ce groupe ».
 
Un satisfecit dont Poutine se passe aisément, puisqu’il décide d’agir non pour faire plaisir à un Barack Obama ou un David Cameron, ni même à la communauté internationale, mais dans son propre intérêt et sans craindre de contradiction efficace de quiconque… Les critiques de Cameron qui l’accusent d’avoir « dégradé » l’opposition modérée à el-Assad ne risquent pas de faire impression. La Russie soutient el-Assad, point barre. Elle le faisait déjà lorsque son père matait dans le sang les velléités d’opposition chiite et tribale à son régime. Dire que les responsabilités sont multiples dans le bourbier syrien est une litote…
 

Persuader Poutine de faire ce qu’il fait déjà ? Le gag de la demande d’aide en vue de vaincre l’Etat islamique

 
Il est clair cependant que l’attitude internationale publique à l’égard de Poutine et de la Russie est en train de changer et qu’on le verrait bien participer à une action coordonnée en Syrie.
 
On devrait réfléchir – avec tous les bémols qui s’imposent face à un tenant de solutions mondialistes – à ce que disait Dominique de Villepin il y a un an : ce sont largement les interventions occidentales qui ont « créé » l’Etat islamique, et face à l’agression terroriste, la « guerre » classique n’a jamais donné d’autre résultat que d’attiser la « haine ». Et cette instabilité qui permet d’imposer des changements politiques pas forcément désirables ?
 

Anne Dolhein