Une déclaration islamique sur le changement climatique plaide à Istanbul pour l’élimination des énergies fossiles d’ici à 2050

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C’est dans une démarche résolument « coranique », mais qui fait également référence aux valeurs « interreligieuses », que des dignitaires et des enseignants islamiques ont appelé les musulmans du monde entier à collaborer en vue de l’élimination complète des énergies fossiles d’ici à 2050 lors d’une conférence qui s’est tenue à Istanbul les 17 et 18 août. En présence d’un représentant officiel du gouvernement turc, l’Islamic Climate Change Symposium a réuni des participants de 20 pays qui ont signé la Déclaration islamique sur le changement climatique global.
 

L’élimination des énergies fossiles dès 2050

 
Elle en appelle au 1,6 milliard de musulmans dans le monde à œuvrer pour mettre fin aux émissions de gaz à effet de serre avant 2050.
 
Démarche coranique, mais également syncrétique. Parmi les intervenants, on relève aux côtés de nombreux professeurs et responsables d’ONG quelques dignitaires nationaux islamiques – du Liban, de l’Ouganda, de Bosnie-Herzégovine – la présence d’orateurs et « sponsors » non musulmans : un catholique, un luthérien, un hindou et même un rabbin. Tout naturellement et comme pour couronner le tout, l’Islandais Halldor Thorgeirsson, directeur de la stratégie de la Convention cadre de l’ONU sur le changement climatique (UNFCCC) a pris la parole. Il est spécialisé dans la coordination des soutiens en vue de la COP21 à Paris.
 

La déclaration islamique sur le changement climatique global sous les auspices de l’ONU

 
La déclaration d’Istanbul dresse le portrait d’un monde créé qui change au fil des millénaires, mais en proie aujourd’hui à des changements d’un rythme nouveau et « d’origine humaine ». « Notre espèce, quoique choisie pour être le gardien ou l’intendant (khalifah) de la terre, a été cause d’une telle corruption et d’une telle dévastation que nous sommes au risque de mettre fin à la vie telle que nous la connaissons sur notre planète », assure la déclaration, qui pose la question (curieuse dans le contexte !) : « Que diront de nous les générations futures, nous qui leur laissons une planète dégradée en héritage ? Comment nous présenterons nous devant notre Seigneur et Créateur ? »
 
La déclaration fait longuement référence aux différents documents officiels du GIEC et d’ailleurs sur le changement climatique, présentant leurs affirmations comme de la science certaine. Tout cela est suffisamment connu pour que nous n’y revenions pas ici, sauf pour nous étonner de la rupture de ton du document par rapport au fatalisme traditionnel de l’islam – et son rapprochement de celui de l’encyclique Laudato si’, qui tient à peu près le même langage d’urgence et d’obligation morale.
 
Voilà donc l’islam – ou en tout cas une partie de l’islam – engagée dans ce que le pape François a qualifié de « conversion écologique », sous l’impulsion d’une « science » non vérifiée, et en citant de nombreux versets du coran. A la différence de Laudato si’, cependant, aucun texte provenant d’une spiritualité autre que musulmane n’est cité.
 

Les faux dogmes sur le changement climatiques amène les islamiques à s’aligner sur le discours mondialiste

 
En revanche, on reste bien dans le ton des faux dogmes écologiques : la croissance économique et la frénésie de la consommation sont désignées comme responsables du réchauffement : les peuples et les nations doivent « se rendre compte que la poursuite d’une croissance économique sans limites dans une planète finie et déjà surchargée n’est pas viable » en « donnant la priorité aux efforts d’adaptation aux pays vulnérables qui ont le moins de capacités pour s’adapter ». Les pays riches aux secours des pays pauvres, en renonçant à leur richesse, en somme.
 
Cela se fera au moyen de l’adoption d’une énergie « 100 % verte » qui devra permettre de limiter le réchauffement à 1,5 %, et – pour les musulmans croyant en « Dieu – que nous connaissons en tant qu’Allah », dit la déclaration – en imitant le « Prophète ».
 
Mahomet, assure la déclaration, protégeait toute chose vivante, recommandait « de préserver l’eau même au moments des ablutions rituelles », « interdisait l’abattage des arbres dans le désert ». C’est lui encore qui a créé des « zones inviolables autour de Médine et de La Mecque » où plantes et animaux ne devaient pas être touchés, lui qui vivait de manière « frugale, sans excès, gaspillage ni ostentation », et qui même « recyclait ses pauvres possessions en les réparant ou en les donnant », mangeant une « nourriture simple et saine, ne prenant de la viande qu’à de rares occasions ». Il était, « dans les mots du coran, “une miséricorde pour tous les êtres” ». Mais oui : Mahomet le combattant, le chef guerrier, le polygame, qui réglementait les prises de butin et d’esclaves et se les réservait tout entières lorsqu’il pouvait prendre une ville par la négociation et sans combats !
 
Quid donc d’Allah qui a doté – comme peut le supposer un musulman –tant de nations islamiques de réserves pétrolières à l’origine de leur pouvoir et de leur richesse ? Se serait-il trompé ? La Conférence islamique sur le changement climatique est en tout cas intraitable à leur égard : ce sont les pays producteurs de pétrole, et notamment ceux du Golfe qui sont visés. Situation pour le moins intéressante…
 

Arrêter les émissions de CO2 liées à l’énergie fossile au nom d’Allah

 
Comment recevront-ils les propositions de surveillance et d’objectifs chiffrés que ces musulmans veulent voir mis en place à la faveur de la conférence de décembre à Paris ?
 
Certes, l’islam n’a pas de pape pour donner le ton mondial à son discours ou pour appeler chaque musulman à un comportement précis, mais sous la houlette de l’ONU les velléités en ce sens sont en train de se faire jour.
 
De même le syncrétisme et le refus de religions dogmatiques qui s’affirment véridiques, autre « valeur » du mondialisme, de la maçonnerie et du supranationalisme prêché par l’ONU se retrouvent sous certains aspects dans cette déclaration. Celle-ci cadre au moins avec le globalisme dans sa recherche d’interdits et d’obligations universelles dictées dans le cadre de commandements nouveaux centrés sur la terre et la matière.
 
On voit en tout cas à quel point cette idéologie avance. Hakima el-Haite, ministre de l’Environnement du Maroc, a commenté l’événement en déclarant au Guardian que la déclaration d’Istanbul « est un appel émotionnel en vue d’un combat spirituel contre le changement climatique qui sera très important pour les musulmans ».
 

La conférence islamique sur le changement climatique à Istanbul s’inscrit dans le syncrétisme onusien

 
« Combat spirituel » ? Souvenons-nous qu’il y a encore quelques années les politiques de tous bords avaient banni le spirituel de leur vocabulaire. On se rapproche bien de la « conversion écologique ». En oubliant que la conversion a Dieu pour objet. Le combat spirituel a pour objectif, avec la grâce de Dieu, la lutte contre les forces du mal et la rédemption de notre âme : on ne peut pas demander à un musulman d’en saisir toute la vérité mais il faut souligner comment le terme est détourné.
 
Du côté de l’ONU, Christiana Figueres, responsable « climat », a salué la déclaration en soulignant combien « les enseignements de l’islam, qui mettent l’accent sur le devoir des êtres humains, en tant qu’intendants de la Terre, et sur le rôle de guide désigné de celui qui enseigne, illuminent les chemins afin de choisir les bonnes actions dans le domaine du changement climatique ».
 
Même le cardinal Peter Turkson y est allé de son couplet : le président du Conseil pontifical Justice et Paix a accueilli la déclaration « avec une grande joie, dans un esprit de solidarité ». Il s’est engagé à ce que l’Eglise catholique travaille avec les auteurs de la déclaration en vue de protéger « la maison commune terrestre ».
 

Anne Dolhein