Partira, partira pas ? Le sketch de la démission de Manuel Valls

demission Manuel Valls
 
Face à une rumeur – celle de sa démission – qui s’est enflée ces derniers jours, le premier ministre a jugé utile de mettre les points sur les i, sur le plateau de France 2, dimanche soir : « Il n’y a aucune inflexion de ma part. » Manuel Valls ne partira donc pas : « Je suis là jusqu’à la fin du quinquennat. (…) Je ne suis pas un déserteur. » Si l’on comprend bien, le premier ministre trouve la plaisanterie un peu amère, alors qu’il assure faire tout ce qui est en son pouvoir pour redresser le cap. Mais qui a lancé ce sketch ?
 
Manuel Valls l’assure   il ira « jusqu’au bout » ! Qui donc a pu penser qu’il en serait autrement ? On ne sait qui, le premier, a émis l’idée d’un départ de Valls de Matignon. Un adversaire ? Ou un trop vieil ami ?
 

Un petit air de sketch

 
Quoi qu’il en soit, un certain nombre d’hommes politiques, manifestement en peine de trouver un sujet qui leur permettrait de rester sur le devant de la scène, ont surfé, ces dernières heures, sur cette hypothèse. Ainsi du député UMP, ancien ministre du Travail, et surtout candidat à la primaire à droite pour 2017 Xavier Bertrand, qui suggérait dimanche au premier ministre de mettre sa démission dans la balance pour faire voter les réformes nécessaires : « Prenez le pouvoir et faites les réformes vraiment, ou prenez vos responsabilités et partez parce que vous n’avez pas les moyens d’être réformateur comme vous le prétendez. » Et quand Xavier Bertrand dit « prendre le pouvoir », c’est, explicitement, en faisant « bouger » François Hollande…
 
Il n’est évidemment pas sûr – pour ne pas dire plus… – que les idées de Xavier Bertrand correspondent en quoi que ce soit à celles de Manuel Valls – ni, bien sûr, que le premier ministre ait quelque envie ou raison d’écouter le député de l’Aisne.
 
En l’occurrence, le propos de Xavier Bertrand n’a guère d’importance. Comme il est habituel, et peut-être logique en ces circonstances, l’opposition dénonce l’incapacité de son adversaire au pouvoir.
 
Non ! Ce qui importe actuellement à Xavier Bertrand c’est, à l’heure où Nicolas Sarkozy reprend de l’ascendant sur l’UMP, de s’exprimer. Et quoi de plus facile que de moquer celui qui s’agite face à l’opinion publique ?
 

Manuel Valls ne partira pas

 
Manuel Valls a donc décidé de répondre. Pas à Xavier Bertrand directement ; ni à l’un quelconque de ses autres détracteurs. Simplement, le premier ministre a décidé de tordre le cou à la rumeur – ce qui est peut-être une erreur stratégique, qui risque de lui donner plus d’importance qu’elle n’en a…
 
Quoi qu’il en soit, il a protesté de sa fidélité envers le président de la République, brodant sur les jolis mots de « confiance » et « loyauté ».
 
Et puis il a défendu sa politique ; et ses projets. Une défense qui, en soi, suffit à justifier sa volonté d’aller « jusqu’au bout ». Mais Manuel Valls en a rajouté, en défendant son honneur : « Je ne suis pas un déserteur. Face aux difficultés du pays, (…) je partirais pour préparer je ne sais quelle étape, je ne sais quel destin ? Non ! » Avec tout de même quelque « si » : la confiance du président de la République, le soutien de la majorité et la capacité de réformer le pays. Des considérations, des conditions même, qui ne justifient pas, bien au contraire, estime-t-il, de se diviser.
 

Démission de Manuel Valls : les Français s’en moquent

 
« Ce n’est pas ce que demandent les Français. Il y a suffisamment de sujets graves », commente-t-il, en opposant ainsi, dans l’actualité récente, l’interdiction judiciaire d’une crèche de Noël à l’agression d’un jeune couple juif.
 
Manuel Valls connaît la musique. En introduisant cette note dans sa partition, il est sûr de jouer juste. Néanmoins, sa continuation de programme n’a pas convaincu. A droite, bien évidemment. Mais, à gauche, pas vraiment non plus. Jean-Luc Mélenchon, qui aime à s’écouter parler, l’a qualifié d’« extraterrestre », soulignant que « son avatar est hors d’usage ».
 
Seuls les éléphants socialistes ont applaudi le premier ministre. Mais cela manquait d’ardeur. Comme si un reste de décence interdisait de jouer, une fois encore, l’air de la Marquise devant un public trop las…