DRAME HISTORIQUE Detroit ♠

 
Detroit est un drame historique qui entend rappeler au public l’existence des violentes émeutes raciales qui ont saccagé des quartiers entiers de la grande métropole du Nord des Etats-Unis, en 1967. C’était donc il y a 50 ans. Il y a là un fait historique significatif et un vrai sujet. Le problème tient à la façon dont il est traité, ne donnant tout au long du film que le point de vue de l’extrême-gauche américaine sur le sujet. Le film est aussi à comprendre comme un pamphlet actuel dans le cadre du mouvement noir d’extrême-gauche « Les vies noires ont de la valeur » (« Black lives matter ») qui appelle systématiquement les populations noires à des manifestations violentes, sinon des émeutes, contre la police. La police serait raciste et assassinerait massivement en toute impunité chaque année des centaines de Noirs innocents. C’est faux, ne serait-ce que parce que la police, de recrutement local, comprend aujourd’hui de très nombreux policiers noirs, difficilement eux accusables de « racisme ». Le cœur de l’action de Detroit est en outre précisément celui-ci : des policiers, tous blancs, se livrent à des tortures physiques et psychologiques de Noirs parfaitement innocents, et finissent par exécuter sommairement trois d’entre eux…C’est pour le moins un appel à la haine peu responsable, en se basant sur un fait divers extrême et marginal vieux de cinquante ans, suivant un procédé de généralisation peu honnête en soi.
 

Detroit : trop bête et dessert la cause

 
En outre, si le cas d’espèce de ces policiers blancs à Detroit en 1967, régulièrement inculpés de meurtre par la justice américaine de l’époque, avait été en effet douteux, leur culpabilité n’était peut-être pas si évidente ni bien établie, d’où leur relaxe historique au bénéfice du doute. Nous croyons les enchaînements de faits réels plus complexes que celui qui ne veut voir qu’une justice raciste évidemment complice d’une police raciste. Et au-delà des grandes lignes, les détails du film sont ridicules. Ainsi, on veut bien croire qu’un vétéran noir, de retour du Vietnam, aux états de services excellents, n’avait effectivement pas tiré sur la police, ne serait-ce que parce qu’il passait activement la nuit en compagnie de deux prostituées blanches…Ah, non, est-il montré à l’écran, il se contentait de deviser avec deux très honnêtes coiffeuses, sagement, présentes par pur hasard dans sa chambre au milieu de la nuit ! C’est étrange. Les policiers blancs sont systématiquement odieux, avec des nuances de sadisme d’une police raciste. On veut bien admettre que des policiers aient perdu leur sang-froid et tiré trop vite dans un contexte d’émeutes nocturnes où les tirs à balles réelles contre la police étaient nombreux ; une telle bavure se comprend alors, sans s’excuser. Mais, au lieu d’une approche crédible du drame, un scénario totalement extravagant est développé. Un farceur aurait tiré avec un inoffensif pistolet-jouet sur la police…Peut-on être aussi bête, surtout dans ce contexte historique si explosif ? Quant aux policiers, ils sont taillés sur le clair modèle des Nazis d’Hollywood…Si le Monde a chaudement recommandé le film, évidemment, bien des critiques pourtant de la gauche bienpensante aussi, ont osé dire, que vraiment, Detroit est trop bête et, à ce point, dessert la cause…C’est aussi notre avis.
 

Hector JOVIEN

 
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