Un drapeau français de huit mètres carrés est apparu le trois novembre, accroché sous le pont qui enjambe le Scorff entre Lorient et Lanester dans le Morbihan. La SNCF, propriétaire, a fait retirer la chose et annoncé son intention de porter plainte. Contre qui et pour quoi ? Quand on sait le nombre d’entraves, vols, sabotages dont elle est victime chaque jour, on se demande en quoi cette « intrusion » lui nuit. A moins que le dommage soit moral. On peut en France agiter toutes sortes de drapeaux un soir de match de foot, algérien, sénégalais, marocain, ou un jour de manifestation, israélien, russe, ukrainien, palestinien (celui-là, les mairies progressistes l’arborent volontiers), arc-en-ciel, n’importe, mais un drapeau français, qu’est-ce que cela peut vouloir dire ? Qui a fait le coup ? Interrogée par la presse, Eleanor Breton, maître de conférences en science politique à l’Université Bretagne Sud, explique que « ce qui est déterminant, ce sont les contextes de sa mobilisation et les usages qui en sont faits. (…) Personne n’oserait dire que toutes les personnes qui ont mis à leur fenêtre un drapeau tricolore un soir de finale de match de l’équipe de France sont d’extrême-droite ». A contrario, cela suggère que suspendre un drapeau sous le pont du Scorff est d’extrême-droite. Bon sang, mais c’est bien sûr ! Jean-Marie Le Pen était morbihannais. Et cette affaire rappelle « l’Opération Tricolore », mouvement récemment apparu et relayé par les réseaux sociaux. Dans le Nord de la France, des jeunes disant « aimer la France » ont revendiqué des actes semblables, ils ont accroché des drapeaux au-dessus d’axes routiers de la métropole lilloise afin de « tricolorer » le paysage. Cela ressemble à ce que fait au Royaume-Uni le mouvement « Hisser les couleurs ». On comprend mieux l’inquiétude de la SNCF. Le motif de sa plainte devrait être : complot international contre l’ordre arc-en-ciel !