Une piqûre de rappel ne fait pas de mal, quand le vaccin est efficace. Alors que les médias comme les réseaux sociaux bruissent de désespoir face aux guerres et d’incompréhension quant à leurs origines et leurs ressorts profonds, les catholiques savent que le désespoir est absurde dans un monde dont le Christ est roi. Et qui a reçu cette promesse : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera »… Le message de Fatima nous éclaire, mais il nous enseigne aussi que nous ne sommes en rien impuissants face aux événements : il nous est demandé de croire, comme le rappelait Notre Seigneur aux apôtres qui dans leur barque pensaient sombrer du fait de la tempête ; il nous est donné d’agir par la prière, en suppliant Dieu d’intervenir dans sa toute-puissance, il nous est offert des moyens, en particulier ceux dont la Vierge de Fatima a dit la puissance. Mais il faut d’abord prendre conscience de ce que sont les « erreurs de la Russie » qui devaient envahir le monde si l’humanité, si les catholiques ne répondaient pas à son appel.
Sur le site hispanophone Religión en Libertad le P. Jesús María Silva Castignani, prêtre espagnol de paroisse et enseignant à Madrid, synthétise tout cela en rappelant que les « erreurs de la Russie » – les aberrations radicales du communisme – sont bel et bien à l’œuvre dans le monde et le mènent à sa perte. Vous trouverez ci-dessous la traduction intégrale de son texte
Face à ces erreurs, il est donc possible d’agir. C’est le moment ! – J.S.
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La Russie répand ses erreurs sur le monde
Les erreurs de la Russie et l’apostasie de l’Occident : l’accomplissement prophétique de Fatima
I. Introduction : un avertissement ignoré
En 1917, alors que l’Europe était en proie à la Première Guerre mondiale et que la révolution bolchevique s’apprêtait à prendre le pouvoir en Russie, la Vierge Marie est apparue à trois enfants portugais à Fatima : Lucie, François et Jacinthe. Son message n’avait rien d’un message de facile consolation : c’était un avertissement et un appel à la conversion. La Vierge annonçait que la Russie répandrait ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres, des persécutions, des souffrances pour l’Eglise et la perte de nombreuses âmes. Cet avertissement n’était pas un simple jugement sur un pays, mais une prophétie annonçant une idéologie qui voulait remplacer Dieu par l’Etat et l’ordre naturel par une ingénierie sociale radicale. Dans cet article, nous approfondirons la manière dont cette prophétie s’est réalisée, non seulement par l’essor du communisme, mais aussi par son influence souterraine sur le monde occidental à travers le matérialisme, le relativisme, l’athéisme, et surtout à travers la révolution anthropologique qu’a entraînée l’idéologie du genre.
II. Quelles étaient les erreurs de la Russie ?
Lorsque la Vierge a évoqué « les erreurs de la Russie », elle ne faisait pas simplement référence à une politique gouvernementale ou à une figure historique. Elle parlait d’un système de pensée et d’une structure spirituelle contraires à Dieu. Ces erreurs, issues du marxisme-léninisme, peuvent être résumées en cinq éléments fondamentaux :
• Athéisme systématique : le rejet explicite de Dieu et de la religion, considérés comme « l’opium du peuple ».
• Matérialisme historique et dialectique : la négation de la transcendance et la réduction de l’être humain à une matière en lutte.
• La lutte des classes comme moteur de l’histoire, remplaçant l’amour par le ressentiment.
• Suppression de la famille traditionnelle, en tant que structure d’oppression qui devait être détruite.
• Persécution de la foi chrétienne : églises fermées, prêtres exécutés, communautés réduites au silence.
Tout cela ne s’est pas limité à l’URSS. Comme la Vierge elle-même l’avait annoncé, ces erreurs allaient se répandre dans le monde entier. Il en a été ainsi, et pas seulement dans les régimes officiellement communistes.
III. De la révolution politique à la révolution culturelle
Après la Seconde Guerre mondiale, le monde s’est divisé en deux blocs : le capitalisme libéral de l’Occident et le communisme soviétique de l’Est. Cependant, si le communisme a officiellement disparu en 1989 avec la chute du mur de Berlin, ses idées fondamentales n’ont pas disparu : elles ont connu une mutation.
Elles ont quitté le champ de bataille politico-économique pour s’infiltrer dans les domaines culturel et éducatif. Ce phénomène a été qualifié par de nombreux analystes de « marxisme culturel » : une réinterprétation du marxisme classique qui remplace la lutte des classes par la lutte des identités.
Au lieu du prolétariat opprimé par la bourgeoisie, on parle désormais de femmes opprimées par les hommes, de minorités opprimées par les majorités et de personnes à l’identité sexuelle dissidente opprimées par l’ordre naturel. Les racines sont les mêmes : négation de Dieu, rupture avec l’ordre naturel, ingénierie sociale rédemptrice et destruction de la tradition.
IV. Le libéralisme matérialiste en tant que successeur du communisme
Paradoxalement, de nombreuses erreurs du communisme ont trouvé leur prolongement dans le libéralisme hédoniste occidental. Bien qu’apparemment opposés, ces deux courants partagent un fondement commun : l’exaltation de l’homme sans Dieu et l’autonomie absolue de l’individu. Le slogan « fais ce que tu veux » remplace « il n’y a pas d’autre Dieu que le Parti ».
Ainsi, l’Occident, qui se croyait à l’abri des erreurs du communisme, en a adopté les conséquences :
• Le consumérisme effréné comme forme de bonheur creux.
• Le relativisme moral qui dissout toute vérité universelle.
• La laïcité agressive qui relègue la foi à la sphère privée.
• Le mépris de la famille traditionnelle, remplacée par des modèles déstructurés.
• La crise du sens et le suicide spirituel de générations entières.
Tout cela correspond tragiquement à ce que la Vierge avait annoncé : une humanité qui s’éloigne de Dieu finit par s’autodétruire moralement.
V. La consécration tardive : « Ce sera tard »
En 1929, la Vierge a explicitement demandé la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, réalisée par le pape en union avec les évêques du monde entier. Cependant, cette consécration n’a été effectuée sous la forme demandée que bien plus tard, et lorsque sœur Lucie a demandé au Seigneur pourquoi l’expansion du communisme ne s’arrêtait pas, la Vierge lui a répondu avec tristesse : « Ils n’ont pas voulu l’écouter. Comme le roi de France, ils se repentiront et le feront, mais ce sera tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde. » Ce message est fondamental : même si la consécration a été faite, les erreurs étaient déjà répandues et leurs conséquences sont inévitables. Non seulement le communisme a fait des millions de morts, mais sa mentalité a pénétré les démocraties libérales sous des formes plus subtiles mais tout aussi corrosives.
VI. La révolution anthropologique : le féminisme et l’idéologie du genre comme expression des erreurs de la Russie
L’un des fruits les plus évidents du marxisme culturel est la révolution sexuelle et celle, actuelle, du genre. Celles-ci ont profondément miné l’identité humaine et la conception chrétienne de l’homme et de la femme. Ce processus peut être résumé ainsi :
1. Du féminisme classique au féminisme idéologique.
Le féminisme légitime, qui recherchait la justice dans le traitement des femmes, a été remplacé par un féminisme idéologique qui présente l’homme comme un ennemi et la maternité comme un esclavage. La complémentarité est remplacée par la confrontation, introduisant une guerre des sexes qui compromet toute possibilité de communion.
2. Du corps vu comme un don au corps vu comme une construction.
L’idéologie du genre, influencée par des théoriciennes telles que Judith Butler, affirme que le genre n’est pas lié au sexe biologique, mais qu’il s’agit d’une construction sociale qui peut être choisie. Cette conception rompt le lien entre nature et identité et crée un sujet qui se perçoit et se définit lui-même sans référence à la réalité, ni à Dieu.
3. De la famille naturelle à la famille liquide.
La structure familiale fondée sur le père, la mère et les enfants est présentée comme oppressive et archaïque. Un modèle familial déconstructif, sans rôles définis ni fondement stable, est promu, nourri par les lois, l’éducation et les médias.
4. La racine marxiste de tout ce processus.
C’est le schéma même du marxisme classique qui se répète ici : on identifie un oppresseur (l’homme, la famille, la biologie), on exalte l’opprimé (la femme, les minorités sexuelles), on propose une révolution (déconstruction du langage, des lois, des coutumes) et on offre une rédemption laïque (une nouvelle société égalitaire).
Tout cela correspond aux erreurs que la Russie a répandues dans le monde. Bien que leur forme ait changé, la racine reste la même : la rébellion contre Dieu, contre la nature créée et contre l’ordre de l’amour.
VII. Le silence de Dieu et les ténèbres du monde
Nous vivons une période historique où il semble que Dieu garde le silence et que le mal progresse sans rencontrer d’opposition. La confusion règne non seulement dans le monde, mais aussi au sein même de l’Eglise. Les jeunes grandissent sans identité, les familles se désagrègent, le sens du péché a disparu, et ce qui était jadis considéré comme une aberration morale est aujourd’hui exalté comme un droit.
C’est le temps de l’accomplissement du châtiment annoncé à Fatima. Un châtiment qui ne tombe pas comme un éclair du ciel, mais qui s’accomplit à travers nos propres choix. Dieu retire sa main, et le monde s’autodétruit. La Vierge l’a dit : si nous ne nous convertissons pas, il y aura des guerres, des persécutions et des erreurs qui emporteront les âmes.
VIII. Comment inverser le processus ? La voie mariale de la restauration
La Vierge n’a pas seulement donné un avertissement, elle a également indiqué un chemin vers le salut. Ses paroles à Fatima, puis à sœur Lucie, dessinent clairement la réponse divine au chaos moderne :
1. La récitation quotidienne du Rosaire.
C’est l’arme spirituelle par excellence. Ce n’est pas une dévotion pieuse de second ordre, mais une bataille cosmique pour l’âme du monde. Marie a promis : « Avec le Rosaire, beaucoup d’âmes seront sauvées. Récitez-le tous les jours. »
2. La communion réparatrice des premiers samedis.
Une pratique simple qui offre réparation au Cœur Immaculé et obtient des grâces pour le monde.
3. La consécration personnelle et communautaire au Cœur Immaculé.
Le Cœur de Marie est le refuge et le chemin sûr vers Dieu. Se consacrer à Elle, c’est se mettre sous son manteau au temps de la grande épreuve.
4. La pénitence et la conversion.
La Vierge l’a demandé à maintes reprises : « Pénitence, pénitence, pénitence ! » Il n’y a pas de restauration sans repentir, sans conversion du cœur à Dieu.
IX. « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera »
Ces paroles sont le grand espoir eschatologique de Fatima. Elles ne relèvent pas de la consolation superficielle, mais constituent une promesse prophétique qui traverse l’histoire et l’illumine. Que signifie ce triomphe ? Que l’apostasie sera vaincue par la foi simple des petits. Que l’erreur sera démasquée par la vérité révélée. Que l’amour maternel de Marie sera le canal de la victoire du Christ sur le dragon apocalyptique. Que les cœurs consacrés à Elle résisteront à la tempête et verront le nouveau jour se lever. Ce triomphe ne sera pas nécessairement politique ou spectaculaire. Il sera spirituel et profond, comme un nouveau printemps de l’Eglise, fruit des larmes, du martyre, de la fidélité et de la prière.
X. Conclusion : une décision personnelle
Nous subissons actuellement les conséquences de ne pas avoir écouté Marie alors qu’il y avait encore du temps. Mais nous avons encore la possibilité de participer à son triomphe. Au milieu du chaos, Elle continue de dire : « Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en réparation des péchés par lesquels Il est offensé, et en supplique pour la conversion des pécheurs ? » Cette question reste d’actualité. L’histoire n’est pas encore écrite. Chaque âme qui se consacre, chaque chapelet récité, chaque sacrifice offert, accélère l’accomplissement de la promesse : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. »
P. Jesús María Silva Castignani