Evo Morales, président indigéniste de la Bolivie, a les honneurs de rt.com

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Le président indigéniste de la Bolivie, Evo Morales, a accordé un entretien au média russe hispanophone rt.com, à l’occasion de son passage par New York pour s’exprimer devant l’ONU en ce 10e anniversaire de la Déclaration des droits des peuples indigènes. Morales, qui fait partie du club socialiste d’Amérique latine qui va de Cuba en Argentine en passant par le Venezuela chaviste de Nicolas Maduro et l’Equateur de Rafael Correa, a présenté son propre pays comme un modèle en matière de droits des autochtones. C’est même un exemple de ce qui peut se faire au niveau global, a-t-il déclaré devant les Nations unies.
 
Rt.com donne volontiers la parole aux tenants de ces politiques, en tout cas dans sa version espagnole. Le média a mis en ligne les points forts de son entretien avec Evo Morales, qui s’est livré à une violente attaque contre la politique américaine, notamment au Proche-Orient, dénonçant les motivations « impérialistes » de pays qui cherchent à « s’approprier les ressources naturelles » de la région. La Syrie, il s’en est dit convaincu, possède quelque 30 % des ressources pétrolières mondiales. Et de rappeler les faux prétextes et le vrai chaos qui ont entouré les interventions militaires des Etats-Unis et de leurs alliés avec les résultats que l’on sait.
 
En cela il reste fidèle à une tradition dialectique qui consiste à pointer des injustices ou à exploiter des mécontentements éventuellement très justifiés pour obtenir un résultat politique.
 

L’indigéniste Evo Morales a donné un entretien au média russe rt.com

 
A l’instar de la Chine communiste, le président bolivien a vivement critiqué la politique belliciste de Trump vis-à-vis de la Corée du Nord. Il a qualifié son homologue américain d’« égoïste et ambitieux », affirmant qu’il devrait penser davantage à l’humanité. Selon Evo Morales, la position de la Bolivie est des plus claires à cet égard : c’est un pays « pacifiste » comme le précise sa constitution, et s’est déclarée zone libre de toute arme nucléaire en 1979. Il a rappelé les « graves conséquences environnementales et humaines » qu’entraînerait leur utilisation : on ne peut pas dire que ce soit une nouveauté mais cela rappelle furieusement le discours pacifiste des années de la Guerre froide. Morales a notamment appelé un dialogue pacifique au niveau des instances internationales. ONU, toujours.
 
« Je n’arrive pas à comprendre que certaines autorités, tel le président des Etats-Unis, puissent avoir une mentalité aussi égoïste et ambitieuse… Je n’arrive pas à le comprendre. Toute autorité devrait penser davantage à l’humanité. Toute autorité doit respecter la dignité et l’égalité des peuples ».
 

Le président de la Bolivie dénonce le « coup d’Etat de la droite » au Venezuela

 
Commentant les « turbulences politiques » en cours en Amérique latine et surtout au Venezuela, il a qualifié la situation – les manifestations de rue des petites gens qui n’en peuvent plus de la misère socialiste – de « coup d’Etat de la droite ». Là encore, il a appelé à une solution pacifique s’appuyant sur les résultats des élections « démocratiques » qui assurent selon lui la légitimité du gouvernement au pouvoir dans ce pays.
 
Ce grand pacifiste a averti que n’importe quelle ingérence dans les affaires du Venezuela, qu’elle provienne de l’Organisation des Etats Américains (OEA), de la « droite internationale » ou des Etats-Unis a un principal objectif : le pétrole vénézuélien. Qui ne vaut plus rien…
 
Sur fond d’images de cérémonies indigénistes, chamanistes, avec la participation du président Morales lui-même, l’entretien s’est achevé sur l’évaluation de la situation électorale en Bolivie et de sa possible réélection.
 
Et c’est ainsi que la presse russe maintient fortement et ouvertement ses liens avec la gauche socialiste et environnementaliste.
 

Anne Dolhein