Le P. Franck Pavone met un bébé avorté sur un autel pour inciter les Américains à voter pour la vie

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Peut-on faire n’importe quoi pour promouvoir le respect de la vie ? Pour la grande presse américaine et même pour la hiérarchie catholique aux Etats-Unis, la réponse est clairement non. Un prêtre, connu pour son militantisme provie, a mis en ligne lundi sur Facebook une longue vidéo où il montre un enfant victime d’avortement, posé sur un autel. Il se tient debout derrière le bébé en indiquant aux Américains qu’en votant pour Hillary Clinton, ils permettent à ce type d’horreur de continuer, tandis qu’en votant pour Donald Trump et la plate-forme républicaine, ils demandent la protection des enfants à naître. Le P. Franck Pavone, responsable de « Priests for Life », applique la à la lettre ce qu’il a toujours dit : « L’Amérique ne refusera l’avortement que lorsqu’elle aura vu l’avortement. »
 
Les images, il faut le reconnaître, sont dérangeantes. On y voit un fœtus recroquevillé, probablement mis à mort en fin de gestation – c’est en tout cas un avortement de troisième trimestre –, très certainement par injection de solution saline dans l’utérus après extraction du liquide amniotique, car il a la peau brûlée. Le bébé avale la solution saline qui l’empoisonne en même temps qu’elle lui brûle la peau et les poumons. Il mettra une heure et demie à mourir avant d’être expulsé. Dangereuse, parfois mortelle pour la mère, la méthode est particulièrement brutale pour l’enfant.
 

Le P. Franck Pavone pose un bébé avorté sur l’autel pour que les Américains voient la réalité

 
Le P. Pavone affirme avoir obtenu le corps du petit enfant de la part du « pathologiste » chargé de le lui confier pour être enterré, chose que ce prêtre fait de manière habituelle pour assurer aux bébés avortés au moins une sépulture digne.
 
La vidéo dure près de trois quarts d’heure et s’accompagne d’un long discours du prêtre au pied d’un crucifix ; il le termine en suppliant les Américains de mettre fin aux « sacrifices idolâtres » d’enfants, rendus possibles par l’avortement légal en votant pour le candidat qui s’est ouvertement déclaré « pro-life » – Trump.
 
La vidéo prouve au moins une chose : lorsque Hillary Clinton affirme qu’il n’y a pas d’avortements tardifs aux Etats-Unis, elle ment. Elle a osé l’affirmer lors du débat présidentiel il y a quelques semaines. L’enfant mort qui gît sur l’autel devant le P. Pavone la contredit frontalement : il est pleinement formé, presque à terme.
 
On peut poser la question de l’opportunité d’une telle mise en scène d’un bébé mort posé sur un autel où – on peut le supposer – la messe est célébrée. Mauvais goût ? Sacrilège ? Honteuse exploitation d’une tragédie ? Pression politique qui ne sied pas à un homme d’Eglise ?
 

Voter pour la vie, ou se rendre complice d’avortement

 
Tout cela se discute, mais cette discussion ne saurait faire l’économie d’une réalité abominable : celle du meurtre d’enfants dans le sein de leur mère, des enfants de chair et d’os qu’on ne voit jamais, victimes silencieuses d’un crime silencieux « effacé » par le pire négationnisme qui soit, puisqu’il évacue la souffrance du tout petit, tout en évacuant et interdisant d’expression de la souffrance de la mère qui porte cela dans sa conscience, dans son cœur et dans ses entrailles, en évacuant aussi la réalité de cette mort violente.
 
Cet enfant est une victime, posée sur un autel qui reçoit le sacrifice du Christ lui-même à chaque messe.
 
Le porte-parole de l’archidiocèse de New York, Ed Mechmann, a désavoué le geste du P. Pavone, l’accusant d’avoir utilisé le bébé comme un accessoire de théâtre : « Un être humain a été sacrifié et l’autel de Dieu a été profané, tout cela pour la politique », écrit-il sur le blog de l’archidiocèse : « Toute personne qui respecte la dignité de chaque personne humaine doit rejeter et désavouer cette atrocité. » Il se dit « révulsé » de cette utilisation d’une victime d’un « crime terrible » comme un objet et non comme « un frère ou une sœur qu’il faut pleurer ».
 

Le P. Franck Pavone contesté, mais on montre bien les génocides

 
On comprend sa gêne, mais il est vrai aussi que l’occultation de plusieurs centaines de milliers de victimes par an par les crimes de l’avortement aux États-Unis est un plus grand scandale encore.
 
Et il ne faut pas oublier les « deux poids, deux mesures » qui président à ce type de faits : qui ne se souvient du corps du petit Aylan, mort sur une plage turque, devenu symbole de la souffrance des migrants… N’était-ce pas révulsant de l’utiliser à des fins politiques ? N’est-ce pas honteux, alors, de montrer des images de victimes de génocide, quelles qu’elles soient ?
 
Le P. Pavone a été copieusement critiqué pour avoir donné en pâture au public l’image de cet enfant qu’on n’avait même pas eu la décence de nettoyer et d’habiller.
 
Admettons cette mise en cause, elle se tient. Mais non sans souligner que l’immense majorité des centaines de milliers de bébés avortés, quel que soit le stade de leur élimination, se retrouvent dans les déchets biologiques hospitaliers, quand ce n’est pas dans des poubelles.
 
Et c’est certainement pour ceux-là, et pour leur mort, qu’il faut d’abord invoquer la pitié de Dieu.
 

Anne Dolhein