La Grèce ne veut pas entendre l’Union européenne

Grece entendre Union europeenne
 
Alexis Tsipras poursuit sa route hors des sentiers battus européens. Le premier ministre grecque entend obtenir un réaménagement de la dette de son pays, sous la menace d’obtenir ailleurs le soutien que Bruxelles lui refuserait. En réponse, si l’on peut dire à propos d’un dialogue de sourds, l’Union européenne maintient son austère proposition que la Grèce ne veut pas entendre…
 
Athènes ne veut plus entendre parler du programme d’aide, du moins dans les termes que les créanciers internationaux entendent lui imposer. L’affirmation très nette d’Alexis Tsipras en ce sens laissé prévoir que le sommet de jeudi, qui doit réunir les responsables grecs et européens, pourrait bien sinon tomber à l’eau, du moins n’aboutir à rien. Ce qui ne devrait étonner que les sectateurs de Bruxelles qui croient encore aux histoires de (bonnes) fées.
 

La Grèce tergiverse

 
Néanmoins, depuis Vienne lundi, Alexis Tsipras n’a pas voulu refermer totalement la porte, affirmant avoir besoin de temps. « Je suis confiant, a-t-il même ajouté, dans le fait qu’il y aura un accord avec nos partenaires sur la base de notre plan. (…) Je ne pense pas qu’il existe de raisons suffisamment graves pour que cet accord entre la Grèce et ses partenaires ne puisse pas voir le jour, hormis des raisons politiques. »
 
Des raisons politiques sans doute ; mais aussi économiques. Les deux s’imbriquant, en la situation actuelle, assez nettement. Ainsi, le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a-t-il que la zone euro risquait de s’effondrer comme un « château de cartes » si l’on retirait la carte grecque, raison pour laquelle Athènes ne veut ne pas croire que Jean-Claude Juncker, Angela Merkel ou Christine Lagarde puissent accepter de laisser la Grèce faire faillite.
 
Néanmoins, Athènes n’entend pas accepter la pratique actuelle de Bruxelles. « Un nuage de peur a enveloppé ces dernières années toute l’Europe. En somme, nous devenons pire que l’ex-Union soviétique », a ainsi déclaré sans ambages Yanis Varoufakis en répondant aux questions de la chaine italienne RAI.
 

Entendre Bruxelles, ou trouver d’autres partenaires

 
L’assertion a évidemment jeté un froid. Sans pour autant amener quelque changement que ce soit dans les déclarations de plus en plus frontales de chacune des parties. Ainsi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a-t-il rejeté sur les Grecs le blocage actuel de la situation. « Je ne pense pas que nous parviendrons rapidement à un accord », a-t-il d’ailleurs déclaré à l’occasion d’un déplacement en Allemagne.
 
La question pourrait cependant évoluer très vite, malgré les déclarations d’Alexis Tsipras en faveur d’une solution alternative tempérée, sans qu’on puisse mesurer exactement, à l’heure actuelle, ses conséquences. Relevant certaines déclarations russes, le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, a en effet souligné qu’Athènes pourrait bien aller chercher de l’aide ailleurs.
 
« Nous voulons un accord. Mais s’il n’y a pas d’accord – espérons qu’il y en aura un – et si nous voyons que l’Allemagne demeure intransigeante et veut faire exploser l’Europe, alors nous devrons recourir à un plan B », a-t-il déclaré.
 
Un plan B pour lequel, apparemment, Athènes possède déjà quelques pistes. « Cela pourrait être les États-Unis au mieux, cela pourrait être la Russie, cela pourrait être la Chine ou d’autres pays », précise Panos Kammenos.
 
Face à Bruxelles qui n’arrive manifestement pas à y croire, Athènes semble donc déterminée à redistribuer les cartes…