Grèce : encore un sommet de la dernière chance…

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Sommet de la dernière chance… Par son systématisme, l’expression est devenue on ne peut plus banale, et sans incidence aucune. Pourtant en l’occurrence, à savoir celle d’Athènes, elle n’est peut-être pas aussi inexacte que cela. Non pour le motif invoqué, qui verrait la Grèce au bord de la faillite. Certes, la situation économique du pays est loin d’être glorieuse, mais nombre de pays européens sont malheureusement dans les mêmes difficultés. Pour Alexis Tsipras, la dernière chance serait plutôt celle de sa crédibilité. A force de vouloir contenter tout à la fois les Grecs qui l’ont élu et les stratèges en chambre de Bruxelles, le premier ministre grec risque une élongation politique dont il aurait, vraisemblablement, du mal à se remettre.
 
« Trop de temps a été perdu », a lancé à ce propos l’inénarrable François Hollande – qui ne manque pas de toupet quand on considère la situation française. Mais Alexis Tsipras a sans doute compris que la situation commençait à être délicate pour lui. En tout cas, il a promis, ce qui n’engage pas forcément à grand chose, de faire de nouvelles propositions dans « les prochains jours ». Dans l’esprit de l’accord du 20 février, qui avait scellé la précédente rencontre européenne sur le dossier grec.
 

Sommet de la dernière chance ?

 
« Cet accord est de nouveau sur les rails, ce qui va permettre de prendre rapidement des décisions à même de résoudre les problèmes financiers », a précisé le premier ministre grec, reconnaissant implicitement qu’il avait pu s’en écarter.
 
Il n’est pas sûr que son affirmation puisse être acceptée sans un certain scepticisme par ses partenaires européens. Angela Merkel, qui a depuis longtemps fait du doute sa ligne de conduite en matière européenne, l’a d’une certaine façon manifesté en proposant à Alexis Tsipras de le recevoir lundi à Berlin. Histoire sans doute de bien lui rappeler, comme elle l’a martelé lors de la conférence de presse finale que « chaque paragraphe » de l’accord a son importance.
 
Quant à François Hollande, il a déclaré : « Un esprit de confiance mutuelle régnait ce matin, et je pense que cet esprit permettra de trouver une solution à ce qu’on appelle le problème grec. »
 
Confiance mutuelle… Il va de soit qu’Alexis Tsipras, encadré comme il l’était à Bruxelles par le président français François Hollande, le chancelier allemand Angela Merkel, le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président du Conseil européen Donald Tusk, et le ministre néerlandais des Finances, qui préside l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ne pouvait guère parler autrement qu’il ne l’a fait.
 

La Grèce toujours entre deux feux

 
D’autant que sa situation n’est guère encourageante. Dans la seule journée de mercredi, les clients des banques grecques ont retiré 300 millions d’euros de leurs comptes.
 
Reste à savoir si c’était par crainte de voir Alexis Tsipras accepter ou refuser de s’entendre avec ses partenaires européens.
 
En attendant, cette nouvelle volte-face, même si elle n’a de réalité que théâtrale, risque de lui valoir de nouvelles scènes de désamour dans les rues d’Athènes…