Une île flottante au large de Tahiti : Peter Thiel de PayPal finance ce projet de ville et de « nation expérimentale » sur l’eau

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L’une des grosses fortunes d’Internet, un des fondateurs de PayPal Peter Thiel, a apporté d’importants fonds pour permettre la construction d’ici à 2020 d’une île flottante en Polynésie française. Véritable ville-nation au large de Tahiti, le complexe d’hôtels, de logements, de bureaux et de restaurants et de bien d’autres choses sera construit par l’association à but non lucratif Seasteading Institute qui espère ainsi « libérer l’humanité des hommes politiques ». Et dans le même temps, permettre de créer ainsi dans les eaux internationales des entités souveraines qui choisiront leurs propres modes de gouvernance, dans une grande diversité.
 
Le président de Seasteading, Joe Quirk, s’est confié au New York Times pour déplorer que « les gouvernements ne s’améliorent décidément pas ». Dans ses rêves, il y aura d’ici à 2050 des « milliers » de ces Etats voyous ou en tout cas hors-la-loi, soumis seulement aux règles qu’ils se seront données. Les Etats que nous connaissons et leurs gouvernements « sont bloqués dans les siècles passés. C’est parce que la terre encourage les monopoles violents qui cherchent à la contrôler », estime-t-il.
 

La ville île flottante au large de Tahiti financée par Peter Thiel de PayPal

 
Le projet demeure modeste : une douzaine d’immeubles seulement doivent pousser dans la mer en 2020 pour créer la première île flottante, notamment par le biais d’un système de « crowd-sourcing » qui rencontre un intérêt croissant dans la Silicon Valley : chacun apporte sa pièce au moyen de la création et de la mise en vente d’une monnaie virtuelle. Il suffira de quelque 60 millions de dollars pour la première tranche.
 
Evidemment, le projet est « écoresponsable » : des toitures vertes recouvertes de végétation à la construction en bambou, fibre de noix de coco, bois et plastiques et métaux recyclés, tout est prévu pour que l’île soit dotée de son énergie propre mais aussi de fermes d’aquaculture et de centres de soins. Conçue comme un puzzle, elle résultera de l’imbrication de 11 unités rectangulaires et à cinq côtés, de 50 m de longueur, qui pourraient être facilement réaménagées en fonction des besoins. Chaque unité supporterait des bâtiments de trois étages avec une espérance de vie d’environ 100 ans.
 

De la nation expérimentale sur l’eau à l’utopie écolo-libertaire

 
Pour que tout cela puisse s’envisager, il a fallu dans un premier temps obtenir l’accord du gouvernement de Polynésie française. Celui-ci travaille actuellement sur la création d’une zone économique spéciale de manière à ce que la « nation » flottante puisse opérer selon ses propres lois commerciales. Seasteading a également obtenu des autorités polynésiennes le droit d’occuper une base arrière de quelque 0,4 kilomètres carrés de zone côtière sur une des 118 îles qui constituent l’archipel… naturel.
 
Réponse au « réchauffement climatique » ? Sans doute cet aspect facilitera-t-il l’obtention du droit de fabriquer de nouvelles îles de ce type. Marche vers un émiettement de la souveraineté – mais en apparence seulement, puisqu’il faut à la fois de l’argent et du pouvoir pour envisager de telles « colonisations » de la mer ? Utopie politique ? C’est sans doute tout cela et davantage – et aussi une accélération vers le déracinement de l’humanité.
 

Anne Dolhein