Ils sont partout ! se veut à la fois une comédie et une œuvre pédagogique, qui démonterait tous les mythes de l’antisémitisme. L’antisémitisme serait aujourd’hui largement répandu en France et dans le monde. Or, ce mélange d’approche humoristique et éducative ne fonctionne absolument pas. Le film n’est pour l’essentiel absolument pas drôle ; et vouloir démonter des clichés injustifiés impliquerait une démarche sérieuse, de documentaire. Les Juifs ne seraient pas surreprésentés dans les médias, la finance, la politique, pas en moyenne plus riches que le reste de la population, etc. : il faudrait alors des approches statistiques, et non des récits fictionnels, qui ne peuvent eux rien démontrer.
 
Ils sont partout ! propose une juxtaposition de courts ou moyens métrages sans liens entre eux, sinon le mince fil conducteur des clichés hostiles aux Juifs, à démonter. Une seule de cette demi-douzaine d’historiettes est amusante : celle d’un cas pratique épineux de raisonnement talmudique : un ramoneur propre et un ramoneur sale viennent de finir leur travail ; lequel va se laver ? La réponse ne serait pas évidente, car le propre voit le sale, et réciproquement, et ils pourraient en tirer des conclusions erronées. Ce passage est à la fois drôle et intéressant sur le mode de raisonnement par hypothèses, et les rabbins envisagent ainsi dans leur discussion deux ramoneurs aveugles jouant du piano, puis simplifient à nouveau les données…
 
Tout le reste est ennuyeux. Certaines intrigues sont absurdes sans être jamais drôles. La propagande la plus habituelle est par exemple employée contre le FN, et les personnes de Marine Le Pen et de Louis Aliot, son concubin, alors que ce parti comme ses dirigeants sont aujourd’hui les amis d’Israël et de la communauté juive en France. C’est à croire que tous les Juifs, en particulier le réalisateur Yvan Attal, ne sont encore pas convaincus.
 

Ils sont partout : à fuir !

 
Il y a pourtant un antisémitisme probablement vif et largement présent en France, parmi les populations musulmanes, championnes, dans notre pays, de la cause palestinienne. Ils sont partout ! réalise l’exploit de le nier. Les rares antisémites montrés dans les banlieues ne sont que des Gaulois et un curieux Juif apostat, seul Juif négatif du film.
 
Enfin, un pseudo péplum renferme une collection d’horribles blasphèmes pour les catholiques, issus des traditions juives, talmudiques ou populaires, contre le christianisme. Un agent francophone du Mossad, Norbert, envoyé dans le passé assassiner Jésus, ce qui serait la clef pour éteindre l’antisémitisme (?!), se fait crucifier à sa place. Aussi, 2000 ans plus tard, les chrétiens invoqueraient-ils Norbert dans leurs cérémonies, en lieu et place de Jésus-Christ…
 
Ils sont partout ! a aussi visiblement été écrit dès l’origine pour sa seconde carrière, comme support pédagogique scolaire conseillé, voire obligatoire. On retrouve parfaitement la langue sociologique de gauche, les tics, les manies, de la Déséducation Nationale. Cette dimension n’arrange rien, et le film, complètement manqué, est à fuir.
 

Hector Jovien