Avec une croissance évaluée à 7,5 % par an, (si toutefois la démonétisation récente évoquée dans un autre article de ce jour sur reinformation.tv n’entraîne pas trop de dégâts) et une économie qui se développe plus vite que dans n’importe quel autre pays du G20, l’Inde vient de passer devant le Royaume-Uni au classement des économies mondiales. Le coup de pouce donné par le Brexit, dont on annonce toujours qu’il pourrait aboutir un ralentissement de l’économie britannique, mais surtout la perte de valeur de la livre sterling qui rétrécit mécaniquement la valeur relative du PIB, assure à l’Inde ce nouveau record en ce qui le concerne. La presse tabloïde britannique pose aussitôt la question : pourquoi le Royaume-Uni doit-il continuer de verser de l’aide à l’Inde ? L’addition est même plutôt salée puisque d’ici à 2018, ce sont 130 millions de livres qui passeront de la poche du contribuable britannique dans les comptes d’un pays à la santé économique jusqu’ici florissante.
 

L’Inde passe devant le Royaume-Uni pour devenir 6e économie mondiale

 
Cela fait plusieurs années que le gouvernement du Royaume-Uni tente de mettre fin aux transferts au titre de l’aide au développement. Les versements devaient cesser en 2015 mais ce sont divers ministères qui ont a fait pression pour faire reculer cette date. Depuis lors les incertitudes persistantes sur les modalités du Brexit ont quelque peu entamé la bonne santé économique du Royaume-Uni pour lequel on ne prévoit plus que 1,1 % de croissance en 2017, ce qui lui ferait perdre une place supplémentaire par rapport à la France au classement des économies mondiales, derrière les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne mais également derrière la France et l’Inde.
 
Rien que l’année dernière, le Royaume-Uni a pourtant donné 185 millions de livres sterling à l’Inde – pays qui a envoyé une mission sur Mars, qui compte davantage milliardaires que le Royaume-Uni et qui donne lui-même de fortes sommes en aide au développement. L’Inde est même le neuvième bénéficiaire de l’aide britannique en termes de volume.
 

Les aides britanniques à l’Inde n’ont pas cessé

 
A quoi servent ces aides ? Versées aussi bien par le Foreign Office que par le ministère de l’entreprise ou par celui de l’environnement, elles ont des objectifs divers. Plus de 15.000 livres ont été données pour « encourager les responsables des prisons en améliorer le logement et les soins pour les détenus ». Un projet visant à améliorer la participation politique des femmes issues de tribus reculées du nord-est de l’Inde s’est vu gratifier de plus de 20.000 livres ; 6.614 livres ont doté une campagne pour améliorer la sensibilité au harcèlement sexuel parmi les étudiants. Un autre programme de plus de 10 millions est venu aider un projet de construction de logements visant à permettre aux Indiens à accéder à la propriété. Il y en a eu autant pour aider des pauvres à accéder aux services financiers pour lancer leur entreprise…
 
Tout cela est à mettre en regard des difficultés britanniques, et notamment avec les annonces de l’Office pour la responsabilité budgétaire qui se lamente de la baisse des rentrées fiscales face au déficit public qui s’accroît encore de manière importante cette année.
 

Anne Dolhein