Intercommunion : quatre évêques d’Allemagne passent à l’acte : ils autoriseront certains protestants à communier

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L’humiliation du cardinal Luis Ladaria vient de se parachever avec la décision de quatre évêques en Allemagne de donner suite à celle du pape François et du cardinal Reinhard Marx, l’un de ses plus proches conseillers, de publier les directives de la conférence épiscopale allemande sur l’accès de certains protestants à la communion lors de la messe catholique. Et c’est une humiliation qui dépasse infiniment la personne du préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. En prenant la décision étayée d’interdire cette publication, celui qui attendait encore à ce moment-là son chapeau de cardinal ne faisait que réaffirmer la doctrine catholique et le respect dû à la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, pour sa véritable Eglise. La contradiction pontificale, confirmant les désirs du cardinal Marx par le biais d’un renvoi des décisions vers les diocèses, connaît désormais ses premières mises en application. L’intercommunion sera possible du fait de l’autorisation donnée par ces quatre évêques allemands pour certains protestants.
 

L’intercommunion, rejetée par la Congrégation pour la Doctrine de la foi, progresse en Allemagne

 
Ils ont agi dans la foulée de la publication intervenue le 27 juin par les évêques allemands. Dès le 30 juin, l’archevêque de Paderborn, Hans-Josef Becker, annonçait la mise en œuvre de la directive qualifiée par le diocèse de « précieuse » dans une déclaration au Westfalen-Blatt. L’application se fera dans un subjectivisme total – cette confusion qui est la marque du pontificat actuel et qui recherche une forme régionalisée ou localisée des pratiques de l’Eglise – puisque, comme l’a déclaré Mgr Becker lui-même, il attend de « toutes les personnes s’occupant du soin pastoral dans l’archidiocèse de Paderborn de se familiariser de manière intense avec le guide d’orientation, afin qu’ils agissent ainsi de manière responsable en accord avec ce texte dans leur propre soin pastoral ».
 
Bien sûr, on évite de parler d’un accès généralisé à la communion pour les protestants. Mais dans un communiqué publié par l’agence de presse catholique allemande, Mgr Becker explique que le guide se veut « une aide spirituelle pour la décision en conscience dans les cas individuels de soin pastoral » des couples : il s’agit clairement de favoriser la communion catholique pour le conjoint protestant dans un couple mixte, et non des cas d’urgence, dans le cadre d’une conversion de fait à l’article de la mort, évoqués récemment par le cardinal Müller.
 
Pour le reste, le diocèse de Paderborn reste dans le flou, refusant de répondre aux questions sur l’étendue des demandes potentielles et des autorisations qui pourrait suivre, ou sur la nécessité de recevoir l’absolution dans le sacrement de pénitence : « Les lois générales de la loi de l’Eglise sont appliquées », s’est-il borné à dire. Ce qui ne garantit rien, on l’aura compris.
 
Mgr Gerhard Feige de Magdebourg, Mgr Stefan Hesse de Hambourg ainsi que Mgr Franz-Josef Bode d’Osnabrück ont tous fait des annonces similaires pour leurs diocèses respectifs.
 

Quatre évêques d’Allemagne vont autoriser des protestants communier – ils ont le soutien de fait du cardinal Marx et du pape

 
Déjà, des voix allemandes s’élèvent contre ces décisions qui contredisent frontalement la doctrine traditionnelle de l’Eglise sur l’accès à l’Eucharistie, qui suppose l’entière adhésion à la foi de l’Eglise. Mgr Rudolf Voderholzer de Ratisbonne, qui était au nombre des sept évêques allemands qui s’étaient élevés contre la libéralisation de l’accès à la communion, a déclaré à la Catholic News Agency qu’il attend des clarifications, rappelant que la lettre de Mgr Ladaria, le 25 mai dernier, au sujet de l’interconnexion, avait confirmé que « la question eucharistique est une question qui concerne l’Eglise universelle et la doctrine ». Interrogé sur le fait de savoir s’il profiterait dans son diocèse des nouvelles règles proposées par le guide sur l’intercommunion, il a indiqué que ladite lettre du préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi devait toujours servir de « cadre d’interprétation ». Quant à lui, il continuera d’appliquer les règles traditionnelles tant qu’il n’y aura pas eu l’« interprétation authentique du canon 844 » qui autorise la communion des protestants dans des cas de « grave nécessités » annoncée par Mgr Ladaria dans sa lettre.
 
D’après Guido Horst du quotidien catholique Die Tagespost, dans un article publié le 6 juin, des sources à la Congrégation pour la Doctrine de la foi avait fait savoir que celle-ci recherchait une lecture plus stricte du canon 844 à travers cette « interprétation authentique » annoncée, en en réservant l’application au cas d’urgence, à l’exclusion des époux protestants mariés avec un ou une catholique.
 
Tout se passe comme pour Amoris laetitia : tandis que certaines conférences épiscopales comme celle de Malte ou du grand Buenos Aires annoncent une interprétation libérale sans se faire retoquer par Rome, d’autres, et notamment des évêques plus traditionnels, s’accroche à l’idée que le document est susceptible d’une interprétation orthodoxe.
 

Jeanne Smits