Il existe une langue universelle commune à toute l’humanité, selon des chercheurs

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Des chercheurs viennent d’établir qu’il existe une langue universelle dont les caractéristiques se retrouvent de manière générale dans tous les idiomes. Et elle ne se réduit pas à quelques onomatopées qui d’ailleurs sont très différentes d’une culture à l’autre. Ce sont au contraire des choses et des concepts familiers et universels qui sont désignés à travers le monde par des mots ayant une sonorité semblable, selon une étude du laboratoire de neurosciences cognitives de l’université de Cornell. Cette « langue universelle » commune à toute l’humanité n’est évidemment pas un langage que chacun comprend spontanément. Mais quoi qu’il en soit, il s’agit là d’une mise en cause radicale des principes fondamentaux de la linguistique selon lesquelles les langues se développent indépendamment les unes des autres, sans que les sons qui forment des mots aient une signification intrinsèque.
 
La recherche menée par le professeur de psychologie Morten Christensen, directeur du laboratoire universitaire, a porté sur plusieurs milliers de langages. Elle a permis de dégager des sonorités comme correspondant à des réalités de base dans le monde qui nous entoure : les parties du corps, les relations familiales, différents aspects du monde de la nature. Comme si ces notions importantes pour construire l’expérience de n’importe quel être humain correspondaient à des verbalisations universelles…
 
« Ces modèles de sonorités symboliques, on les retrouve encore et encore à travers le monde, indépendamment de la dispersion géographique des êtres humains et indépendamment des lignées linguistiques », explique le Pr Christiansen : « Il semble bien que quelque chose dans la condition humaine soit lié à ces modèles. Nous ne savons pas de quoi il s’agit, mais nous savons que cela existe. »
 
Ainsi le mot « nez » comporte-t-il généralement la sonorité « neh » ou encore « ou » dans la plupart des langues ; le mot qui désigne la feuille contient le plus souvent le son « l », « p » ou « b » tandis que le sable comportera généralement le son « «s ». La relation est loin d’être absolue mais « elle est bien plus forte que celle que l’on s’attendrait à trouver si seul le hasard était en jeu ».
 
Les mots désignant la morsure, chiens, poissons, la peau, l’étoile ou encore l’eau se ressemble souvent d’une langue à l’autre, et les associations sont encore plus fortes lorsqu’il s’agit de désigner des parties du corps tels le genou, l’os ou les seins. De même, certains mots, les pronoms en particulier, semblent éviter des sonorités données : le mot « je », d’une langue à l’autre, est rarement associé aux sons « u », « p », « b », « t », « s », « r » et « l ».
 
L’analyse a porté sur une moyenne de 40 à 100 mots de vocabulaire simple en 3.700 langues, mobilisant des physiciens, des linguistes et des informaticiens de cinq pays. Ensemble, ils ont couverts environ 62 % des langues actuellement parlées dans le monde.
 
Les chercheurs de Cornell ne savent pas la raison de ces similitudes et avancent qu’elles sont peut-être liées au cerveau humain, notre manière d’interagir, ou encore les signes que nous utilisons lorsque nous apprenons une langue.
 
Les objets pointus, qui piquent, sont ainsi associés partout à des sonorités comme « kiki » ; au contraire le mots désignant des objets ronds contiennent souvent des sonorités en « o ».
 
La question qui se pose, comme le fait Lynne Cahill, qui enseigne à l’université du Sussex au Royaume-Uni, est de savoir si les sonorités communes sont liées au babil enfantin, et si – l’un n’excluant pas l’autre – les langues de l’humanité ne dérivent pas d’une langue ancestrale commune. Elle estime qu’il est scientifiquement trop tôt pour le dire.
 

Une langue universelle commune à toute l’humanité ?

 
Mais l’étude de la génétique humaine rend de plus en plus probable l’existence d’un seul couple d’ancêtres communs. Et puisque le langage fait partie des caractéristiques qui définissent l’homme, il ne semble pas aberrant de mener des recherches dans cette direction.
 
Se pose ensuite la question de la diversification des langages. Prouvera-t-on un jour scientifiquement la réalité de l’épisode de Babel ?
 

Anne Dolhein

 
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