Le Mot : Abaya

Le Mot Abaya
 

Gabriel Attal, ministre de l’Education nationale, a tranché : en France, à l’école, nul ne portera l’abaya. Il s’agit de l’ample robe, que passent les femmes arabes par-dessus le reste, et qui couvre l’ensemble du corps à l’exception du visage et des mains. Pour les hommes, on dit qamis. A l’origine c’est le vêtement de dessus du désert, dont l’ampleur protège bédouins et bédouines de la chaleur. Le port en était obligatoire pour les femmes en Arabie saoudite, mais le prince moderniste Mohammed ben Salmane a expliqué en 2018 qu’aucune loi ne l’exige, et que l’essentiel est que la femme porte une tenue pudique, modeste et respectueuse. D’accord avec lui, le conseil français du culte musulman a estimé par communiqué le 12 juin 2023 que l’abaya « n’est pas un signe religieux en soi ». Mais pour beaucoup de musulmans, elle demeure un héritage culturel et un symbole religieux islamique exprimant et préservant la modestie. Sa prolifération dans les écoles fréquentées par des populations issues de l’immigration est évidemment un signe de revendication identitaire et ne peut pas être toléré. Mais il aurait été opportun de devancer l’adversaire et d’imposer le tablier à l’école, qui préserve la modestie de tous et permet une mixité sociale apaisée, loin de la course effrénée aux vêtements de marque. Autre évidence : dans l’état actuel des banlieues et des villes françaises, après les émeutes de juin, l’interdiction de l’abaya paraît un peu folklorique. C’est l’ensemble de la politique d’immigration depuis les années quatre-vingt qu’il faudrait revoir si l’on voulait résoudre les gigantesques problèmes qui pèsent sur le pays.