Elèves décrocheurs : Attal veut le monopole de l’Education

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En visite à Nice, le premier ministre Gabriel Attal a lancé au lycée du Parc impérial l’expérience des « internats éducatifs » où seront traités les élèves « en difficulté », encore appelés « décrocheurs », c’est-à-dire les irrécupérables en voie de choisir définitivement la violence qui fleurit en banlieue. Les Républicains dénoncent un « coup de com », la gauche craint que la pédagogie soit négligée au profit de la répression. Ces critiques sont terriblement superficielles. En mettant l’autorité au programme, Attal poursuit le projet de la République depuis ses débuts à la fin du XIXe siècle : soustraire l’Education à la famille pour en donner le monopole à l’Etat.

 

La répression d’Attal, un sketch des Inconnus

On peut bien sûr se borner à l’évidence, c’est-à-dire au ridicule. Entendre un gamin d’une trentaine d’années dont tout, le visage, le vêtement, la démarche, la parole, le ton, crie la jeunesse molle et facile dans un cocon doré appeler, martial, à un « sursaut d’autorité ». Le voir décrire un « stage de rupture » où une vingtaine (bien : 20) de fortes têtes choisies par leurs lycées respectifs seront remises « sur le droit chemin » par des éducateurs et des militaires censés leur rendre en quinze jours, « pendant les vacances de printemps », le goût de l’effort et du civisme, fait immanquablement sourire. L’écouter dire à des décrocheurs de 13 à 16 ans dont certains l’enverraient bouler d’une pichenette : « C’est quoi la discipline ? (…) C’est le respect des règles. Ne pas respecter les règles conduit toujours à l’échec », donne carrément l’impression d’être dans un sketch des Inconnus. On sait bien que, même quand le nombre de ce genre de « centres » sera multiplié par cent ou mille, les décrocheurs qui auront, l’espace de deux semaines, décroché de leurs mauvaises fréquentations, ont les plus grandes (mal)chances de retrouver ces mauvaises fréquentations et leurs mirages faciles.

 

Il faut tout un village pour l’Education des élèves

Mais l’erreur serait de ne prendre Gabriel Attal, et le gouvernement dont il est le chef, que pour un pantin ridicule. C’est en fait, comme son maître Macron, un adepte du « et en même temps ». Le tableau blanc où il donne sa leçon aux décrocheurs porte deux inscriptions principales. D’abord : « Il faut tout un village pour éduquer un enfant. » C’est un proverbe africain dont Hillary Clinton d’abord dans son livre de 1996, le pape François ensuite, ont fait une devise pour l’Education de la jeunesse de la planète. Et en même temps figure sur le tableau cette deuxième maxime, empruntée au tragique Eschyle : « La discipline est mère du succès. » Toute la philosophie en la matière de Gabriel Attal, qui fut ministre de l’Education Nationale, tient dans ces deux phrases concomitantes et complémentaires. Il faut de la discipline, c’est-à-dire de l’autorité pour l’imposer, et cela passe par la répression. Et en même temps, il faut tout un village pour éduquer les élèves, décrocheurs ou non.

 

La maçonnerie veut le monopole de l’esprit du village

La question est : qu’est-ce qu’on entend par « tout un village » ? Quel est ce village ? Dans la France chrétienne que l’on a connue jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle, le « village » qui dispensait l’éducation, qui formait les mœurs et les us d’un homme, c’était sa famille appuyée, dirigée, par l’Eglise catholique. Mais aujourd’hui, la plus haute autorité romaine, le pape François, a engagé solennellement les fidèles, le 30 novembre 2019, à construire le « village mondial de l’éducation ». Sans doute exhorte-t-il, lui, à le faire « avec les parents », mais ce n’est pas le cas des mondialistes de type Clinton, ni moins encore des ministres de l’Education nationale de la République française. Ainsi Vincent Peillon, auteur d’Une religion pour la République. La foi laïque et de La Révolution française n’est pas terminée, appelait-il à parachever celle-ci en « arrachant les enfants à tous leurs déterminismes », Eglise et famille en premier. Il était en cela dans le droit fil de Jules Ferry, Emile Combes et de la IIIe République dont tous les ministres de l’Education nationale et des cultes furent franc-maçons.

 

Les décrocheurs soustraits à la famille et soumis à l’Etat

Gabriel Attal, lui, a une approche moderne et réaliste. Il constate que l’éclatement de la famille traditionnelle tant par le changement des mœurs que par le féminisme, la prolifération du travail extérieur féminin a démoli l’autorité du père d’abord, de la mère ensuite. Grâce notamment, à l’école, puis par l’imbibition permanente d’une idéologie révolutionnaire qui passe par les médias, le cinéma, les réseaux sociaux, la publicité, et se traduit par une anarchie plus ou moins violente selon les milieux et les circonstances, mais où les jeunes individus livrés à eux-mêmes sont toujours, même quand ils se trouvent embrigadés dans des bandes, soumis à l’idéologie révolutionnaire dominante. Il se réjouit sans le dire que de cette manière ces jeunes soient soustraits à l’autorité des familles et de l’Eglise. Il en profite pour continuer, sous forme moderne, la soumission de l’Education au monopole de l’Etat, comme la république de Ferdinand Buisson, Peillon, Haby, Pap N’Diaye et Blanquer l’a toujours préconisé.

 

Pauline Mille