Le terrorisme islamique naît-il dans les prisons françaises ?

Le terrorisme islamique nait il dans les prisons françaises

Pour expliquer les crimes affreux de Merah et Nemmouche, et pourquoi pas d’un Abdelhakim Dekhar, des crânes d’œuf mettent en cause les prisons françaises, où les cerveaux de délinquants en surchauffe tomberaient dans le terrorisme islamique. Derrière cette explication pour débiles se dessine une manœuvre très sérieuse.
 
Chouette ! On a trouvé la parade au terrorisme islamique. Mieux que ça, on sait pourquoi et comment les jeunes des banlieues se « radicalisent » et rêvent de faire péter le monde. C’est à cause des prisons françaises. C’est derrière les barreaux, bien au chaud avec leurs portables, leurs livres saints et leurs manuels de pyrotechnie, qu’ils « basculent », pour reprendre le terme consacré.
Ca cloue le bec à tous les réactionnaires et à leurs fantasmes nauséabonds.
 
Ils dénonçaient trop facilement des frontières-passoires qui ont laissé passé des millions de musulmans étrangers depuis des décennies. Des religieux venus d’ailleurs prêcher dans leur langue sans contrôle réel. Les armes de guerre en vente libre. Des zones de non-droit se multipliant par centaines depuis trente ans. Des réseaux et des milices installés depuis les années quatre-vingt. Des auteurs de vols à main armés condamnés plusieurs fois qu’on relâche dans la nature.
Tout cela n’a aucune importance. Seul le pourrissoir de la prison est responsable.
 

Soutenir la réforme Taubira

De vieux grincheux du Quai d’Orsay déploraient aussi que la France et les Etats Unis soutiennent un islam politique extrémiste de l’Arabie saoudite au Pakistan en passant par la Bosnie, la Turquie, le Kosovo et la Syrie, tout en le combattant au Mali. Qu’ils protègent les chrétiens à Bangui tout en armant ceux qui les crucifient en Syrie.
 
Certains parlaient de bêtise, ou d’inconséquence.
Ils ne sont pas bien malins eux-mêmes. La seule question est la prison. Il faut en tirer les conséquences.
L’une de politique intérieure, il faut soutenir la réforme pénale de Madame Taubira. Et même aller plus loin. Le problème carcéral ne sera résolut en France que quand on aura démoli la dernière prison. Il nous faut à nouveau prendre la Bastille.
 
En attendant, l’autre conséquence, c’est Pierre Botton, l’aimable gendre homme d’affaire du gentil ancien ministre Michel Noir qui la décrit : il faut employer dans les prisons des imams modérés qui y enseigneront un islam modéré, pour le plus grand bonheur des petits et des grands.
 
Avec des cassettes de bisounours pour les meilleurs talibans modérés.
 

Le piège de l’islam modéré

Involontairement, ce grand humaniste vend la mèche de la vraie vérité. Les penseurs qui ravagent l’Europe et le Proche-Orient ne sont pas schizophrènes, ils poursuivent des buts apparemment opposés mais convergents en fait. Ils islamisent le vieux continent tout en éradiquant les chrétiens d’Orient, ils en finissent avec le modèle des Etats-nations unitaires et la vieille laïcité à la française, l’éviction de Saddam et la chasse à Bachar el Assad le confirment.
Ils leur substituent le modèle impérial à l’anglo-saxonne où l’on juxtapose des communautés antagonistes pour mieux les gouverner. Dans ce dessein, l’islam terroriste fait un merveilleux adversaire, et ses débordements servent à la fois à justifier les dispositions totalitaires du système et à manipuler le sentiment des populations pour susciter un « islam modéré », c’est-à-dire faire muter l’islam.
 
Ce n’est pas d’aujourd’hui que celui-ci met en esclavage et se livre à des persécutions sanglantes. On médiatise désormais fortement les deux cents lycéennes enlevées par Boko Haram et Meriam, la courageuse soudanaise, qui sera peut-être la première martyre en direct de l’ère internet. C’est une manière de laisser l’islam radical jouer sa partition, pour créer un consensus mondial modéré humaniste.