Si le nouveau président du Mexique Lopez Obrador est étiqueté de gauche et Trump, aux USA, de droite populiste, les deux sont en butte à leur Etat profond et travaillent pour leur pays. Leur mano à mano peut être plus cordial qu’on ne le croit, et déboucher sur une collaboration gagnant-gagnant.
La république du Mexique est sous l’emprise des loges depuis sa naissance, férocement anti-catholique et corrompue à l’os. La révolution en est l’idole, comme en témoigne le parcours de Lopez Obrador, passé du Parti révolutionnaire institutionnel (centre droit), au parti de la révolution démocratique, plus à gauche, avant de lancer son propre mouvement. Dans un tel cadre, Lopez Obrador, candidat antisystème, enfant de la petite bourgeoisie de province, amateur de livres et de sciences politiques, ne pouvait se situer qu’à gauche.
Trump ou pas Trump, Lopez Obrador doit compter avec les USA
Comme les gringos de l’autre côté du Rio Grande voient les Mexicains en croqueurs de piments et en pouilleux délinquants, (le très correct gouverneur de Californie Schwarzenegger a eu des mots d’un racisme assez consternant), et que Trump prévoit de construire un mur le long de la frontière, il ne pouvait, la campagne durant, que se poser en anti-Trump. Mais il a précisé tout de même : « Je ne suis ni Trump ni Maduro ». Sous-entendu, je ne vais pas ruiner mon pays sous couleur de faire de l’idéologie ou de prendre des poses anti-impérialistes. En valeur, 80 % des exportations mexicaines se font vers les USA et 50 % des importations en viennent. En outre, Lopez Obrador s’est découvert des points communs avec Trump, qu’il peut exploiter dans une négociation pour transformer le mano à mano prévu en opération gagnant-gagnant.
Trump et Lopez Obrador « la mano en la mano » ?
Comme Trump, Lopez Obrador se voit en Hercule nettoyant les écuries d’Augias. L’un veut « purger le marigot », l’autre « nettoyer les escaliers de haut en bas ». L’un combat les médias, le show-bizz, la Haute Finance, l’autre le système de corruption générale installé par la franc-maçonnerie. Surtout, le champion du « mexicanisme » a des intérêts communs avec le héraut de « l’Amérique d’abord » : ils veulent chacun rétablir la prospérité et la souveraineté de leurs nations respectives, veulent tous deux renégocier l’Alena, bref, ils peuvent mettre sur pied, avec un peu d’habileté, une synergie protectionniste.
Le Mexique et les USA gagnant-gagnant
Trump a relevé les droits de douane sur les aciers, le Mexique a relevé les siens sur les produits agricoles. Tout cela ne porte pas à conséquence si un compromis est trouvé sur l’immigration. Candidat, Lopez Obrador avait juré de ne plus continuer à faire « le sale boulot » en arrêtant les immigrés venus du Sud à destination des USA. Mais il a changé de langage dès son élection. Il parle maintenant de « réduire les migrations ». Lui qui veut rétablir la sécurité au Mexique et parvenir à l’autosuffisance des régions les plus pauvres y a tout intérêt. Si le mano à mano USA Mexique traditionnel tourne à la franche collaboration contre le libre-échange et les migrations, ce sera gagnant-gagnant pour Trump et Lopez Obrador, et pour leurs pays respectifs. Ils auront relancé un mode de coopération internationale en dehors des grands machins supranationaux.