Mario Draghi à Jackson Hole : l’Euro cause du chômage et voie du plein emploi

Mario Draghi Jackson Hole Euro Chomage
 
La déclaration de Mario Draghi sur le chômage à la conférence annuelle de Jackson Hole dans le Wyoming revêt une importance particulière. En raison du personnage d’abord, c’est le président de la Banque centrale européenne de Francfort, le cerbère de l’Euro et l’un des prêtres du fédéralisme européen. Et en raison du lieu ensuite : dans ce petit trou des Montagnes Rocheuses se réunissent discrètement chaque année les grands argentiers de la planète, afin de dessiner entre initiés le destin économique du monde.

En petit comité, mais l’univers entier est maintenant au courant, Mario Draghi a avoué tout bas ce que reinformation.tv crie tout haut depuis un an.
Il planchait sur le chômage dans le monde depuis la crise de 2008, et il a d’abord présenté un diagramme très parlant où se croisent les courbes du chômage aux Etats Unis et dans la zone Euro. Dans celle-ci, il grimpe d’abord modérément jusqu’en 2010, se calme jusqu’en 2011 puis repart à la hausse en 2012. Aux Etats Unis au contraire il grimpe en flèche jusqu’à la fin de 2009 puis décroit ensuite sans arrêt :

Mario Draghi Jackson Hole Euro Chomage
 

Aveu sur les causes du chômage à Jackson Hole

 
Même si l’on peut douter de la précision des mesures en Amérique, le mouvement général met en lumière le rôle d’amortisseur que les politiques de la zone euro ont joué au début de la crise, mais aussi, hélas, le rôle de frein à la reprise, leur rôle structurel d’obstacle à la croissance, qui est aujourd’hui proche de zéro. On trouve dans l’actualité boursière une illustration sans ambiguïté du phénomène : alors que la bourse de New-York est au plus haut, la BCE doit injecter de l’argent pour doper l’activité de la zone euro.
D’autres diagrammes présentés à Jackson Hole mettent en lumière, l’un la situation particulièrement grave de la construction et de l’industrie, l’autre le caractère inégalitaire et antisocial des politiques de la zone euro : les salariés très instruits s’en sortent de mieux en mieux, les autres de moins en moins bien.
Cela dit, au terme d’un exposé long et ardu sur un phénomène qu’il a décrit « complexe », Mario Draghi a proposé en conclusion une solution « pas très compliquée ».
 

Mario Draghi, pape de l’Euro et directeur de l’Europe

 
La voici : « Une stratégie cohérente de lutte contre le chômage doit inclure à la fois les politiques de l’offre et de la demande, tant au niveau de la zone euro que des Etats membres. Sa réussite suppose une vraie cohérence de l’ensemble ». Et pour ceux qui n’auraient pas compris, il a ajouté : « Le retour à un meilleur taux d’emploi passe par la conjugaison de décisions monétaires, fiscales et structurelles dans l’Union et dans les Etats. »
A bon entendeur, salut. Cela veut dire toujours plus d’intégration européenne. Cela veut dire que la marge de manœuvre monétaire et fiscale des Etats membres doit se réduire, et que des réformes structurelles doivent être menées dans ces Etats membres pour aboutir à une homogénéisation européenne. Cela veut dire que la Banque centrale européenne pilotera tout cela, et que les institutions bruxelloises l’épauleront. Cela veut dire enfin que les Etats s’y soumettront : ce qu’illustrent parfaitement François Hollande, le remaniement, le pacte de responsabilité et le gouvernement Valls II. C’est exactement ce qui est en train de se passer en France.