Après le dernier massacre de chrétiens, le cardinal Okogie demande au président musulman du Nigeria de démissionner – seulement il joue l’indifférence

Massacre chrétiens Nigeria musulman
 
Alors qu’Emmanuel Macron entamait ce mardi une visite de deux jours au Nigeria, ponctuée d’un discours nocturne au Shrine, night-club emblématique de Lagos, un cardinal catholique a accusé le président nigérian, dans une lettre ouverte, d’inaction coupable envers les chrétiens victimes de violences croissantes – 218 d’entre eux ont été encore massacrés par les Peuls, ces derniers jours, dans le centre du pays. Le président français est aussi censé parler terrorisme et sécurité à son homologue Muhammadu Buhari, mais les chrétiens auront-ils vraiment leur place dans les préoccupations toute politiques d’un pragmatique et d’un musulman ?
 

Au Nigeria, 218 chrétiens massacrés, leurs maisons brûlées

 
Le cardinal Anthony Olubunmi Okogie, l’ancien archevêque catholique de Lagos, a envoyé une copie de sa lettre au journal Punch, dans laquelle il dénonce l’échec du président à arrêter le massacre des chrétiens par les musulmans Peuls dans le centre du Nigeria, nous rapporte Breitbart.
 
« Le nombre de personnes tuées sous votre surveillance, Monsieur le Président, fournit plus qu’une preuve convaincante que le gouvernement que vous dirigez n’a pas réussi à nous sauver la vie (…) Si, plus de trois ans dans votre administration, vous avez été incapable d’arrêter ces meurtres, pourquoi ne pas sérieusement envisager l’option d’une renonciation honorable au siège présidentiel ? »
 
Selon un rapport publié vendredi dernier par l’ONG Open Doors, quelque 218 personnes ont été massacrées dans des conditions épouvantables durant quatre jours, du jeudi 21 au dimanche 24 juin. Des militants Peuls lourdement armés ont investi une douzaine de villages chrétiens de l’État du Plateau, dans le centre du Nigeria, ouvrant le feu sur les occupants, brûlant les maisons… La plupart des victimes rentraient de l’enterrement du père d’un ministre chrétien local.
 
Dans le seul village de Nghar, les assaillants ont tué plus de 100 chrétiens dont 14 membres de la famille de l’épouse du pasteur. Le jour de l’attaque, seuls deux soldats et un policier se trouvaient dans le village, mais ils auraient fui dès que les bergers auraient lancé leur attaque…
 

Des Peuls musulmans, de plus en plus radicalisés, veulent islamiser la terre nigériane

 
Malgré la nature très manifestement religieuse du massacre, les médias dominants ont choisi une fois de plus de minimiser, préférant ne pas identifier les assaillants et attribuer la violence à des « tensions ethniques », à une « bataille pour la terre et les ressources » ou même, comme l’a dit l’Associated Press au « changement climatique » (toujours très facile à caser celui-là) !
 
Mais ce n’est pas « la recherche de pâturages sûrs », comme elle l’a prétexté, qui a poussé les éleveurs du centre du Nigeria à aller vers le sud. Mgr Matthew Ishaya Audu, évêque de Lafia, l’a répété, c‘est bel et bien une tentative manifeste d’« islamiser » la ceinture centrale nigériane, par la persécution anti-chrétienne. Un autre parle encore plus précisément de « djihad », d’un énième « Boko Haram déguisé ».
Pourquoi l’État du Plateau ? Parce que c’est le centre de la présence chrétienne dans le Nord, dans ce creuset central de groupes ethno-religieux qui coexistent depuis des décennies. Deux rapports de 2015 commandés par Open Doors ont conclu que les Peuls sont engagés dans une campagne qui peut être décrite comme un nettoyage ethnique de la ceinture centrale nigériane.
 
Arne Mulders, experte de l’Afrique de l’Ouest à Open Doors a déclaré : « Ces pasteurs sont devenus de plus en plus radicaux ces derniers temps à cause de l’afflux de la prédication islamiste radicale par des missionnaires d’Arabie saoudite et d’Iran. La radicalisation chez les Peuls a suivi la radicalisation de Boko Haram. Les actions des Peuls sont également façonnées par le concept de Darul Islam, où tout appartient directement à Allah et à ses disciples indirectement, y compris la terre où ils veulent laisser paître leur bétail ».
 

Un djihad manifestement financé, planifié et exécuté par des agents de déstabilisation

 
Le cardinal Okogie n’a pas eu peur d’alpaguer durement le président nigérian : « Où étiez-vous, Monsieur le Président, alors que des vies innocentes étaient gaspillées dans l’État du Plateau ? Où étaient vos chefs de service quand les bébés ont été arrachés du ventre de leur mère par des hommes qui prétendent le faire à cause de leurs vaches ? » !
 
Seulement, si Muhammadu Buhari ne se met guère en travers de ces massacres planifiés et récurrents, c’est parce qu’il est, lui aussi, un Peul musulman. Plane un réel soupçon de collusion gouvernementale, d’autant plus que les armes dont se servent les Peuls sont de plus en plus sophistiquées.
 
Avant, ces bergers voyageaient armés de seuls bâtons, a déclaré Mgr William Amove Avenya de Gboko, « Maintenant, ils sont armés de fusils AK 47, des armes coûteuses qu’ils ne peuvent pas se permettre. Qui les fournit ? Et dans ces zones, il y a des points de contrôle tous les deux kilomètres. Est-il possible que des hommes armés voyageant avec des troupeaux deviennent soudainement invisibles ? »
 
« Ne commettez pas la même erreur que celle qui a été commise avec le génocide rwandais », a déclaré l’évêque de Gboko, William Amove Avenya, dans une interview accordée à Aide à l’Église en détresse, publiée mardi. « Tout le monde pouvait le voir, mais personne ne l’a arrêté. Et nous savons comment cela s’est terminé. »
 
Clémentine Jallais