Angela Merkel et l’espionnage US : déni de totalitarisme RITV Texte

MERKEL ESPIONNAGE US

Angela Merkel vient d’expulser d’Allemagne l’attaché militaire américain, coupable d’avoir notamment piégé ses conversations téléphoniques au profit de l’espionnage US. Mais en faisant mine de placer le problème sur les rapports entre alliés et sur les services, elle est en plein déni du totalitarisme qui s’installe : les nouvelles technologies permettent l’espionnage de tous à tout moment.
 
Avec sa voix posée et ses yeux honnêtes de cheftaine guide, Angela Merkel paraît presque convaincante et serait bien capable de faire honte aux apprentis agents secrets.
 
Mais elle nous prend pour des andouilles. Elle est mieux placée que quiconque pour se rappeler que depuis que le monde est monde, le renseignement est capital pour celui qui détient le pouvoir, à la guerre comme dans la paix.
 
Du dernier satrape au grand roi, du petit capitaine à Napoléon, tout le monde a toujours espionné tout le monde avec tous les moyens dont il disposait.
 

Angela Merkel sait très bien que tout le monde épie tout le monde

 
Et cela se passe aujourd’hui encore comme cela, malgré les protestations d’amitié et de démocratie. On s’épie dans l’entreprise et entre entreprises comme on s’épiait hier au village, on s’épie entre Etats ennemis ou neutres, et l’on n’épargne jamais ses amis.
 
Le vrai souci, du point de vue européen, est que l’Europe n’est plus à la pointe, pour l’informatique et la cryptologie, des techniques qui permettent d’obtenir le plus discrètement possible le plus de renseignements exploitables : l’espionnage US est désormais en pointe, poursuivi par quelques autres, dont le chinois. L’affaire du portable d’Angela Merkel illustre hélas le retard pris par les services allemands, et par leurs homologues français d’ailleurs.
 
Plus profondément, c’est le changement de société que commencent à provoquer les nouvelles techniques « d’écoutes » qui va peser lourd ces prochaines années.
 

Espionnage U.S. et totalitarisme

 
Aux Etats-Unis, le gouvernement fédéral organise une symbiose entre ses services et les grandes entreprises pour recueillir et traiter toutes les données concernant toutes les personnes vivant et travaillant sur le territoire. Au Royaume-Uni, David Cameron est en train d’imposer par une loi l’obligation faites aux entreprises de télécommunication de garder toutes les données dont elles sont les dépositaires à la disposition du gouvernement de Sa Majesté pendant un an.
 
Dans ces conditions les gentils propos d’Angela Merkel paraissent volontairement futiles, bien plus que ceux des supporters de la Manschaft qui s’équipent de colifichets noir jaune rouge. Dormez en pais bonnes gens. Il est désormais clair que d’ici peu les mouvements et les paroles de milliards d’homme seront intégralement connus à tout moment, que ce soit par l’espionnage US ou un autre, et que les politiques pourront en tenir compte pour optimiser leur dictature. Le totalitarisme scientifique et apaisé est en marche.