Ils sont déjà plusieurs adolescents à s’être suicidés alors que le Momo challenge n’a que deux mois d’existence. Vous enregistrez dans votre smartphone le numéro maudit de Momo, avatar immonde mi-femme mi-oiseau, et ce pseudonyme vous contacte alors via Whatsapp, vous menaçant de malédictions et vous contraignant à des défis multiples pouvant aller jusqu’au suicide. Évidemment, c’est un canular dans lequel certains s’amusent de la manière la plus horrible (et la plus satanique). Mais les plus jeunes, immergés dans les réseaux sociaux, peuvent se faire prendre au « jeu » et y laisser quelques… plumes.
Un énième exemple, à la fois de l’extraordinaire séduction mortifère du Mal et du désœuvrement de la jeunesse qui n’a plus toutes les armes pour résister.
Momo challenge : « le jeu a des défis différents et le suicide est à la fin »
Une fille de 12 ans et un garçon de 16 ans se sont suicidés, en Colombie, après avoir « joué » au Momo challenge. A Santander, les deux corps ont été retrouvés à 48h d’intervalle, la jeune fille s’était pendue à son armoire. Les téléphones saisis par la police ont montré de nombreux messages relatifs au « jeu ». Idem en Argentine où on a retrouvé près de Buenos Aires, le 29 juillet dernier, le corps d’une fille de 12 ans qui aurait filmé son suicide en se pendant à un arbre dans la cour de sa maison ; quelques jours plus tard, c’était le tour d’un garçon de 13 ans, qui a été retrouvé pendu dans sa chambre à Santa Cruz. Bien souvent, les victimes auraient reçu l’invitation via une connaissance.
Car la transmission est bien l’idée… Une fois qu’on a ajouté ce numéro de téléphone maudit, « Momo » exige que l’on transmette son contact à un certain nombre de ses amis. Et le jeu de défis peut commencer, associé d’images violentes et sanglantes, comme se lever la nuit à certaines heures, regarder des films d’horreur ou encore se mutiler. Un « jeu » auquel l’adolescent se trouve contraint, Momo ayant grapillé sur le net toutes les informations personnelles le concernant (âge, adresse, école, famille, amis…) et le menaçant de représailles s’il n’accomplit pas ce qu’elle lui demande. Sachant que le 50ème jour, l’ultime consigne est de se suicider …
L’atmosphère est parfaitement maléfique, puisque les enfants sont menacés de « malédictions » et de « sortilèges ». Il suffit déjà de voir l’avatar en question : Momo est une créature horrifique mi-femme mi-oiseau, copiée d’une sculpture créée en 2016 par un studio japonais d’effets spéciaux. Elle rappelle immanquablement les sirènes tueuses de la mythologie grecque ainsi figurées avant d’acquérir une queue de poisson, ces sirènes qui charmaient les hommes de leurs chants mélodieux avant de les entraîner vers une vaste prairie où ils étaient bientôt condamnés à une mort inexorable.
Faire du mal, à distance – nouvelle jouissance possible des réseaux sociaux
Momo ne doit son succès qu’aux réseaux sociaux – elle aurait gagné en popularité en juillet dernier, à la suite d’une vidéo publiée sur YouTube. Ce qui pose une nouvelle fois le problème de l’accès tous azimuts à ces outils qui peuvent se révéler effrayants, entre voyeurisme et images choquantes, harcèlement et prédation… à plus forte raison pour la jeunesse qu’on y largue sans autre précaution.
Momo a été signalé selon la BBC, au Mexique, aux États-Unis, mais aussi en France et en Allemagne où une présentatrice télé, Eva Grünbauer, a affirmé en direct que sa fille avait reçu un message très menaçant sur WhatsApp, a rapporté le journal Merkur.de. En France, un député LREM, Gabriel Attal, vient d’alerter le ministère de l’Intérieur sur ce phénomène.
Qui est derrière Momo ? Plusieurs personnes à présent…qu’on situe apriori en Colombie, au Mexique, mais aussi au Japon. Si un procédé fonctionne, les usagers se précipitent. Momo peut servir à extorquer des données bancaires, mais elle sert d’abord et avant tout à faire du mal, à distance – nouvelle jouissance possible de notre monde hyper connecté… Un mal qui va jusqu’à la mort, c’est dire toute la dose de satanisme qui s’y lit.
Mais Momo n’est qu’un énième exemplaire de ces jeux mortifères qui envahissent régulièrement les réseaux sociaux, comme le défi de Slenderman, il y a quelques années, qui avait poussé une adolescente américaine de 15 ans, Morgan Geyser, à blesser de 19 coups de couteaux une amie, ou encore le « Blue Whale Challenge », le défi de la Baleine Bleue qui a fait plus de cent trente victimes rien qu’en Russie…
Et un autre suivra.
Clémentine Jallais