Un morceau écrit par Mozart et Salieri retrouvé à Prague

Morceau Mozart Salieri Prague
Reproduction d’une gravure intitulée « La Fête à l’Orangerie de Schönbrunn », réalisée par Johann Hieronymus Loeschenkohl, montrant le premier de deux opéras écrits par Mozart et Salieri à la cour impériale d’Autriche, en 1786.

 
Un morceau écrit en commun par le compositeur autrichien Wolfgang Amadeus Mozart et le musicien italien Antonio Salieri a été découvert à Prague. « C’est une composition commune de Mozart et Salieri, un livret de Lorenzo Da Ponte mis en musique », a indiqué le porte-parole du Musée national de la musique, Sarka Dockalova.
 
« Longtemps cru perdu », il a été découvert « dans les réserves du Musée de la musique, c’est un imprimé vraiment précieux », explique-t-elle, en ajoutant qu’il serait « présenté officiellement » au cours d’une conférence de presse prévue mardi prochain, et « exécuté à cette occasion ».
 

Un morceau écrit par Mozart et Salieri

 
Incomplet, le document serait une cantate écrite en hommage à la cantatrice Nancy Storace, qui a créé le rôle de Suzanne dans Les Noces de Figaro. La cantate semble avoir été écrite pour lui souhaiter un prompt rétablissement après une maladie.
 
On en connaissait l’existence par une référence dans le catalogue Köchel : K477a, nommé Per la ricuperata salute di Ophelia, mais on en avait plus trace depuis lors.
 
Considéré comme l’un des plus grands génies musicaux de tous les temps, Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) a séjourné à plusieurs reprises à Prague. Le 29 octobre 1787, la ville a d’ailleurs applaudi la première mondiale de son célèbre Don Juan, dont le livret a été écrit par le même Lorenzo Da Ponte (1749-1838), poète et librettiste italien.
 

Une cantate retrouvée à Prague

 
Quoi qu’il en soit, cette découverte vient battre en brèche la rumeur, généralement rejetée par les spécialistes, selon laquelle Salieri (1750-1825) aurait orchestré la mort de Mozart dont il jalousait le génie, vraisemblablement née dans la nouvelle Mozart et Salieri du poète et romancier russe Alexandre Pouchkine (1799-1837), et popularisée dernièrement par le film Amadeus.
 
Quant au peu de moralité et de foi du compositeur, elle est également surfaite. A l’occasion d’un concert donné pour lui à Castel Gandolfo, le 8 septembre 2010, et au cours duquel avait été exécuté notamment le Requiem de Mozart, Benoît XVI avait notamment affirmé :
 
« (…) Permettez-moi toutefois de dire une fois de plus qu’il y a une affection particulière qui me lie, je pourrais dire depuis toujours, à ce musicien suprême. Chaque fois que j’entends sa musique je ne peux m’empêcher de retourner avec la mémoire, comme jeune garçon, dans mon église, là où, les jours de fête, résonnait une de ses messes : dans mon cœur, je percevais qu’un rayon de la beauté du ciel m’avait atteint, et ce sentiment, je le ressens à chaque fois, aujourd’hui encore, en écoutant cette grande méditation, dramatique et sereine, sur la mort.
 
« Dans Mozart, chaque chose est en parfaite harmonie, chaque note, chaque phrase musicale est ainsi, et ne pourrait donc pas être autrement ; même les contraires sont réconciliés, et la mozart’sche Heiterkeit, la “sérénité de Mozart” enveloppe tout, à chaque instant. C’est là un don de la grâce de Dieu, mais c’est aussi le fruit de la foi vivante de Mozart, qui – en particulier dans sa musique sacrée – parvient à faire transparaître la réponse lumineuse de l’amour divin qui donne l’espérance, même lorsque la vie humaine est lacérée par la souffrance et par la mort.
 

La piété de Mozart

 
« Dans la dernière lettre écrite à son père mourant, datée du 4 avril 1787, il écrit, parlant de l’ultime étape de la vie terrestre : “Depuis quelques années, je suis entré dans une telle familiarité avec cette amie sincère et très chère de l’homme, [la mort], que son image non seulement n’a pour moi plus rien de terrifiant, mais m’apparaît même très apaisante et consolante ! Et je remercie mon Dieu de m’avoir donné la chance d’avoir la possibilité de reconnaître en elle la clé de notre bonheur. Je ne vais jamais au lit sans penser que demain, je serai peut-être parti. Pourtant, aucun de ceux qui me connaissent ne pourront dire qu’en société je suis triste ou de mauvaise humeur. Et de cette chance, tous les jours je remercie mon Créateur, et je la souhaite de tout mon cœur à chacun de mes semblables.”
 
« C’est un écrit qui manifeste une foi simple et profonde, qui émerge aussi dans la grande prière du Requiem, et nous conduit, dans le même temps, à aimer intensément les vicissitudes de la vie terrestre comme un don de Dieu, et à nous élever au-dessus d’elle, en regardant sereinement la mort comme “clé” pour franchir la porte vers la félicité éternelle.
 
« Le Requiem de Mozart est une haute expression de la foi, qui connaît bien la tragédie de l’existence humaine et qui ne tait pas ses aspects dramatiques, et qui est pour cela une expression de foi spécifiquement chrétienne, consciente que toute la vie humaine est illuminée par l’amour de Dieu. »
 
On est très loin de l’image habituelle de Mozart. Et très proche de la pensée de Benoît XVI…
 

François le Luc