Un professeur suspendu pour « laïcité » à Mulhouse ?

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Un professeur d’arts plastiques d’un collège de Mulhouse (Haut-Rhin) a été suspendu (http://www.europe1.fr/societe/un-prof-suspendu-pour-avoir-montre-en-classe-des-caricatures-de-charlie-2345207) par l’académie de Strasbourg pour avoir choqué ses élèves lors d’une présentation jugée « inappropriée » de caricatures de Mahomet, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, héraut d’aujourd’hui de la laïcité républicaine. La suspension a été faite « dans un souci d’apaisement » nous dit-on. Une enquête administrative a été ouverte.
 

Le professeur a été suspendu quatre mois

 
C’était le 8 janvier. Selon le recteur, l’enseignant aurait débuté son cours en lançant à ses élèves de 4ème : « Je ne vous souhaite pas la bonne année parce que ça commence très mal ». Il aurait tiré de son sac des caricatures de Mahomet, dont l’une représentant le prophète nu, et aurait lancé : « Je vous demande de regarder ça ». Précisons que dans ce collège classé ZEP, 70% des élèves sont d’origine immigrée… La gêne grandit dans la classe. Un échange « houleux » et « violent » aurait suivi, certains élèves refusant de regarder les dessins. « Dans mon cours, c’est moi le boss. Tu regardes et après, si tu veux m’assassiner avec ta kalachnikov, tu pourras le faire » leur aurait-il répondu…
 

Protéger le collège de Mulhouse

 
Une vingtaine de lettres d’élèves ont été aussitôt adressées à la principale et les parents ont menacé de se rassembler devant le collège.
 
C’est ce qui a engendré le geste du recteur, Jacques-Pierre Gougeon, qui s’est empressé de préciser : « Il s’agit d’une mesure qui vise à protéger l’enseignant, les élèves, les parents et les collègues du professeur (…) le temps de mener l’enquête administrative ». Mesure « conservatoire » qui « ne prive pas l’enseignant de son salaire ». Cette « suspension ne présume en rien de la gravité des faits » qui mettent en cause « un professeur extrêmement engagé, très bien noté par l’inspection académique ».
 

Pris au piège de leur laïcité

 
Bref, la position est délicate. D’autant que le professeur se défend d’avoir tenu ces propos tout en justifiant le fait d’avoir montré ces caricatures : « J’ai fait mon travail, défendre la laïcité et les valeurs républicaines, conformément à mes missions et aux missives du ministère ». Notre ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem n’avait-elle pas demandé aux enseignants une « mobilisation personnelle » sur le sujet ? Jean-Marie Koelblen, secrétaire départemental de la FSU du Haut-Rhin, juge d’ailleurs « la réaction de l’institution totalement disproportionnée » : « il faut rappeler qu’on est dans la République et que la République est laïque » !
 
Décidément « être Charlie » amène à des paradoxes… La France se réveille tard et, lassée de ne pas pointer de clairs ennemis, s’accroche avec une stupide ténacité à ses idéaux républicains, au risque de vraiment choquer. Mais sans jamais vouloir regarder l’islam en face. A Bobigny, dans un centre de formation professionnelle, c’est un professeur de droit et d’économie qui vient aussi d’être suspendu, mais pour avoir tenu des propos complotistes – enregistrés – au sujet de l’attentat : « C’est un business, un coup d’État pour supprimer la religion musulmane (…) ils ont eu le temps de monter un sketch » ; « la religion musulmane autorise de tuer pour défendre (sa) religion »…
 
Le débat est plus délicat que celui de l’avortement où les adversaires ne sont pas des terroristes. Le professeur d’histoire-géographie Philippe Isnard avait été, lui, purement et simplement révoqué – mesure réservée d’habitude à des criminels pédophiles – pour avoir organisé un débat contradictoire sur l’avortement en montrant à ses élèves un film sur sa crue réalité.