Nawaz Sharif, Premier ministre du Pakistan, appelle les oulémas à contrer l’extrémisme islamique

Nawaz Sharif Premier ministre Pakistan appel oulémas contrer extrémisme islamique
Nawaz Sharif

 
C’est un nouvel épisode de la marche vers la restructuration de l’islam : le Premier ministre du Pakistan, Nawaz Sharif, a déclaré samedi, lors d’une visite à un « séminaire » musulman, que les oulémas locaux devaient clairement rejeter l’extrémisme islamique en dénonçant tout décret religieux incitant à la violence. Il s’agit d’une « mauvaise interprétation » rendue possible par le détournement de la religion musulmane par des « terroristes » et des « fauteurs de violence », a-t-il déclaré.
 
L’islam est une religion de paix, a insisté Nawaz Sharif. « Les terroristes tirent leur force d’une interprétation extrémiste de la religion que seuls les oulémas peuvent contrer en construisant une narration alternative, ou plutôt la vraie narration de la paix et de l’amour » a-t-il déclaré à son auditoire principalement constitué de théologiens islamiques du séminaire de Garhi Shahu à Lahore. L’institution a fait l’objet d’une attaque terroriste en 2010, après que ses responsables eurent lancé une fatwa contre les terroristes ; son principal, Sarfraz Ahmed Naeemi avait été tué au cours de l’attentat.
 

Le Premier ministre du Pakistan affirme que l’islam est une religion de paix

 
Il faut dire que l’islam pratiqué dans cette mosquée appartient à la mouvance de l’ahmadisme, une version messianiste de l’islam créé à la fin du XIXe au Pendjab, alors sous domination britannique, par le réformiste Mirza Ghulam Ahmad qui se présentait comme Jésus en son second avènement mais aussi comme un prolongement de Vishnou.
 
Longtemps dénoncée par le gouvernement pakistanais comme hérétique, cette version très folklorique de l’islam est aujourd’hui en quelque sorte réhabilitée en même temps qu’instrumentalisée par le Premier ministre qui voit en ses « clercs » de bons vecteurs pour la lutte contre le terrorisme – et en même temps, faudrait-il ajouter, pour un islam « modernisé » capable de s’insérer dans une spiritualité globale et mondialisée.
 

L’appel de Nawaz Sharif aux oulémas pour contrer l’extrémisme islamique

 
« On répand la haine au nom de la religion, et il est du devoir de l’ouléma de le libérer de la haine et de la violence. Une manière de le faire, c’est de rejeter toute les fatwas qui incitent à la violence, et seul l’ouléma peut le faire », a déclaré Nawaz Sharif. « Nous devons nous demander si les séminaires produisent des croyants fidèles et pacifiques ou des porte-drapeaux de différentes sectes, provoquant des divisions dans la nation et dans la société au nom de la religion », a-t-il ajouté, signalant que les « quelques militants qui restent encore » n’obtiendront aucune pitié, que ce soit des leaders politiques ou des représentants des forces de l’ordre.
 
« Il appartient aux savants religieux de présenter le véritable message de notre religion pacifique. Ce qu’il faut maintenant, c’est mettre en avant le récit de nos ancêtres qui ont fait, des mosquées et des sanctuaires, des centres pour la paix… Par un effort collectif, les oulémas doivent réduire à néant toutes les tentatives visant à créer des fractures dans la société, et ils doivent renforcer la paix dans le pays. Les leaders religieux peuvent diffuser la vraie image de la religion », a-t-il insisté. C’est en ce sens qu’il faut éduquer la nouvelle génération, qui doit apprendre « depuis les chaires des mosquées » l’enseignement de l’islam, et notamment que les massacres au nom du sectarisme n’ont aucun lien avec la religion, et résultent d’une fausse interprétation du djihad.
 

L’islam acceptable au XXIe siècle, vidé de sa substance – n’est-ce pas la même chose pour le christianisme ?

 
Cela suppose, faut-il le préciser, de gommer une belle part de l’histoire du « Prophète », que tout monde musulman est supposé imiter. Si cela peut protéger des chrétiens, tant mieux, mais il serait plus juste de dénoncer la véritable nature de l’islam.
 
Sans compter que le Pakistan, avec ses lois anti-blasphème qui maintiennent en prison – et depuis des années, sous menace d’exécution capitale – une chrétienne catholique comme Asia Bibi, est décidément mal placé pour parler de « tolérance » religieuse.
 

Anne Dolhein