Le groupe Russell rassemble plusieurs dizaines d’universités scientifiques de premier plan au Royaume-Uni pour représenter leurs intérêts, vantant leur haut niveau et assurant leur communication. Mais pour ce qui est du niveau, on peut se poser des questions puisque des enseignants, professeurs comme assistants, de la Queen Mary University London (QMUL) ont été avertis : ils seront sommés de s’expliquer s’ils donnent trop peu de diplômes de niveau 2.1, la qualification donnée aux étudiants qui atteignent une moyenne de 60 % aux examens. Ce « degré de seconde classe » récompense ceux qui ont l’équivalent d’entre 12 et 14 de moyenne (de 60 à 69 %) : si dans une quelconque cohorte, la moyenne atteinte par l’ensemble des étudiants est en deçà, il y aura enquête.
Cette règle du 60:60:60 s’appliquera dans la section affaires et gestion (QMUL School of Business and Management) : un mémorandum fuité dans la presse britannique rappelle à ceux qui organisent les modules d’examen « qui rendront des notes pour n’importe quel élément d’évaluation où la note moyenne est en deçà de 60 et (ou) moins de 60 % des étudiants reçoivent une note de plus de 60 qu’ils seront invités à s’expliquer sur ce fai ».
Les notes inférieures à 12 dans les universités du groupe Russell seront désormais suspectes
Les enseignants sont également invités à réaliser une vérification « de bon sens » si jamais la distribution des notes ne correspond pas au principe proposé, ce qui peut les amener à réévaluer les notes et à réaliser « d’autres ajustements si besoin ». C’est un processus déjà bien connu dans les universités outre-Manche : il consiste à relever des notes anormalement basses afin de mieux refléter les « accomplissements » des étudiants.
La règle du 60:60:60, rappelle en outre le mémorandum, n’est pas un niveau auquel il faut aspirer, mais un « seuil minimum justifiant une enquête approfondie » par les modérateurs des examens et si nécessaire, par le conseil des examens qui doit en tirer les conséquences pour les éventuelles augmentations des notes. Il va de soi que le faible niveau des étudiants ne saurait en être la cause et encore moins pouvoir être exactement reflété dans leurs résultats.
Les enseignants menacés d’enquête s’ils ne notent pas assez bien leurs étudiants
L’an dernier, le ministre des universités Jo Johnson s’inquiétait déjà de « l’inflation des mentions » dans les universités britanniques qui les « traverse comme un feu de forêt », avec « l’inévitable impression que le niveau baisse », disait-il alors.
Plus de 104.000 étudiants ont obtenu un « First class degree » l’an dernier, la mention accordée pour les notes supérieures à 70 %. C’est cinq fois plus qu’en 1999.
A QMUL, on se défend en assurant que l’établissement ne recrute que les meilleurs. « Notre responsabilité est d’assurer qu’ils développent pleinement leur potentiel », a expliqué un porte-parole. Quitte à cuisiner les notes ?
Un récent rapport commandé par des responsables de l’enseignement supérieur au Royaume-Uni s’indignait récemment de ce que de nombreuses institutions n’intègrent pas les notes les plus basses dans les moyennes des étudiants pour le calcul de leur note finale.