Numéros de passeport des chefs d’Etat et de gouvernement : bourde de l’Australie et conservation des données

Numéros de passeport des chefs d’Etat et de gouvernement : bourde de l’Australie et conservation des données
 
Un fonctionnaire qui fait une erreur… Jusque-là, rien de bien extraordinaire. Qui n’en fait pas ? Mais celle-ci est de taille : la divulgation à un tiers (par mail) des numéros de passeport de trente-et-un chefs d’Etat et de gouvernement ! La bourde est survenue en Australie, au mois de novembre dernier, à l’occasion du G20 qui se tenait à Brisbane ; mais elle n’a été révélée que tout dernièrement, après de nouveaux débats sur la loi sur les conservations des données personnelles.
 

Divulgation des numéros de passeport des chefs d’Etat et de gouvernement

 
En novembre dernier donc, alors qu’elle préparait l’arrivée des trente-et-un présidents, premiers ministres et autres dirigeants invités au G20 de Brisbane, une fonctionnaire du ministère australien de l’Immigration a fait une erreur d’adresse email… et envoyé, notamment, les numéros de passeport de tous ces importants personnages au comité chargé de l’organisation de la Coupe d’Asie des nations de football.
 

Australie : une bourde ministérielle

 
Si l’on en croit la correspondance interne du ministère de l’Immigration, publiée lundi par la version australienne du quotidien The Guardian, l’erreur aurait été détectée moins de dix minutes après l’envoi. Aussitôt, un responsable du ministère aurait joint le comité d’organisation de la Coupe d’Asie, qui aurait effacé toute trace de cet email.
 
Cela fait tout de même beaucoup de conditionnels…
 
Apparemment, certains n’ont pas du tout goûté la plaisanterie, d’autant que le gouvernement australien s’est bien gardé de prévenir ses illustres invités – parmi lesquels Barack Obama, Xi Jiping, David Cameron, François Hollande, etc.
 
Ainsi, la Maison Blanche a-t-elle décidé d’enquêter sur cette affaire. Et elle prendra, désormais donc, « les mesures nécessaires pour protéger les informations personnelles du Président », a déclaré Eric Schultz, le secrétaire du service de presse de la Maison-Blanche.
 
Barack Obama refusera-t-il désormais de communiquer son passeport aux autorités des pays dans lesquels il voyage ?
 

Le fantasme de la conservation des données

 
L’affaire est d’autant plus délicate, qu’il ne s’agit pas de la première bourde du ministère australien de l’Immigration. En février 2014, il avait publié, par erreur toujours, sur son site internet les informations personnelles de 10.000 demandeurs d’asile…
 
Là où ça devient franchement cocasse, c’est que la bourde du G20 intervient cinq jours seulement après le vote de la loi sur la conservation des données personnelles des Australiens. Une loi qui permet de conserver les communications des Australiens sur internet et par téléphone pendant deux ans.
 
Avec des fuites similaires ?
 
En tout cas, comme dans notre Union européenne, Big Brother prétend qu’il s’agit de lutter contre le terrorisme et la pédopornographie.
 
Seuls les Verts et quelques parlementaires indépendants ont voté contre cette loi, estimant que le terrorisme et autres horreurs avaient bon dos. Comme l’a souligné Scott Ludlam, sénateur vert d’Australie occidentale : « Le gouvernement australien ne peut toujours pas nous dire comment il va protéger les données personnelles conservées ; comment il va empêcher toutes sortes de criminels de voler ces données privées ; et en quoi la conservation des communications personnelles de 23 millions d’Australiens innocents va permettre de faire baisser la criminalité. »
 
A Paris, pas plus qu’à Canberra, on n’aura de réponse à ces questions de bon sens…