Le pape François veut une « intégration » des divorcés-remariés, Benoit XVI intervient discrètement…

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Dans une interview récente, le pape François affirme que la solution concernant les divorcés remariés est « l’intégration » dans la vie de l’Eglise et non pas « la communion seule » : « Dans mon discours final, j’ai dit une chose intéressante. J’ai dit que nous n’avions touché à aucun élément de la doctrine de l’Eglise concernant le mariage. Dans le cas des divorcés-remariés, nous avons soulevé la question : que faire avec eux ? Quelle porte peut- on ouvrir ? C’était une préoccupation pastorale : allons-nous leur permettre d’aller communier ? Ce n’est pas une solution. Cela seul, n’est pas la solution. La solution c’est l’intégration ».
 

Le pape François voudrait des changements pour les divorcés-remariés

 
Pour illustrer son propos, il donne l’exemple des divorcés-remariés qui ne peuvent être parrains ou marraines de baptisés : « Pourquoi ne peuvent-ils être ni parrain ni marraine ? « Non, non, non, quel témoignage donneraient-ils à leur filleul ? ». Le témoignage d’un homme et d’une femme disant :   mon cher, j’ai fait une erreur, j’ai eu tort, mais je crois que Dieu m’aime, je veux Le suivre, je n’ai pas été vaincu par le péché, je veux avancer ». Y a-t-il quoi que ce soit de plus chrétien que cela ? »
 
Le pape a en revanche insisté sur le « critère de foi » au moment de l’échange de consentements des époux : « Quand arrive enfin le moment de se marier, ils ont déjà vécu ensemble et nous pensons qu’il suffit de leur faire trois discours pour les préparer au mariage. Mais ce n’est pas assez parce que l’immense majorité n’a pas conscience de ce que signifie un engagement à vie ».
 
Une allusion directe aux travaux du pape émérite Benoît XVI qui publie ses œuvres complètes, dont un texte récemment réécrit.
 

Le Cardinal Kasper s’était appuyé sur des textes de Ratzinger…

 
En 1972, Joseph Ratzinger évoquait dans l’un de ses textes la possibilité pour les divorcés-remariés de recevoir la communion à certaines conditions : « Dans le cas où un premier mariage est détruit depuis très longtemps et de manière irréparable pour chacune des deux parties ; où, au contraire, on peut constater qu’un second mariage, contracté ultérieurement, a constitué pendant une longue période une situation vertueuse et qu’il a été vécu dans un esprit de foi, notamment en ce qui concerne l’éducation des enfants (de sorte que la destruction de ce mariage causerait la destruction de quelque chose de vertueux et provoquerait un préjudice moral), à travers un parcours extrajudiciaire, sur la base du témoignage du curé de la paroisse et de celui des membres de la communauté, il faudrait accorder à ceux qui vivent leur second mariage de cette manière la permission d’accéder à la communion ». Ceci en s’appuyant à la foi sur l’imperfection des procès de reconnaissance en nullité qui limitent les questions à « ce qui est juridiquement démontrable » au risque de « négliger des faits décisifs » mais également sur la notion d’indulgence développée par Basile le Grand, un des Pères de l’Eglise qui vécut au IVe siècle.
 

…que le pape émérite vient de réécrire avant la publication de ses œuvres complètes

 
Mais le pape émérite a décidé de réécrire ces paragraphes, expliquant que la société avait changé : « Peut-on encore, aujourd’hui, présumer que les gens soient conscients « par nature » du caractère définitif et de l’indissolubilité du mariage et qu’ils y consentent lorsqu’ils prononcent leur oui ? Ou bien est-ce qu’il ne s’est pas produit dans la société actuelle – ou tout au moins dans les pays occidentaux – un changement de la conscience qui fait plutôt présumer le contraire ? Peut-on considérer comme un fait acquis la volonté de dire un oui définitif ou ne faut-il pas, plutôt, s’attendre au contraire, c’est-à-dire au fait que, avant même de dire oui, les époux sont déjà prédisposés au divorce ? » interroge-t-il dans ce nouveau texte.
 
C’est la raison pour laquelle il encourage à approfondir la question de la foi des époux au moment de leur mariage, insistant sur les nombreuses personnes ayant reçu le baptême et qui ne sont « rien d’autre que des païens baptisés ».
 
L’urgence est donc pour lui d’approfondir cette question de « critère de foi » et donc de miser sur la préparation au mariage.
 
Quant aux divorcés remariés ? Benoît XVI parle de la participation « massive » de l’assemblée à la communion : « Un sérieux examen de soi, qui peut même conduire à renoncer à la communion, nous ferait en outre sentir d’une manière nouvelle la grandeur du don de l’eucharistie et il représenterait en même temps une forme de solidarité avec les divorcés remariés » explique-t-il.
 
La copie corrigée de Benoit XVI a été rendue à l’imprimeur en mars 2014, avant les débats du Synode pour la famille, mais peu de temps après le discours d’introduction du cardinal Kasper, qui s’était ouvertement appuyé sur ces textes pour justifier l’ouverture de la communion aux divorcés-remariés.
 
Dans une récente interview, Benoît XVI a toutefois précisé que les textes avaient été réécrits pendant l’été 2013 et qu’il ne fallait y voir une tentative d’intervention directe dans le débat.