Peugeot se retire d’Iran : le choix entre hégémonie américaine et gouvernance mondiale

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Le groupe PSA Peugeot-Citroën se retire d’Iran. Il n’avait pas d’autre choix depuis que Trump a imposé l’embargo. L’hégémonie américaine est aussi préjudiciable aux intérêts Français que la gouvernance mondiale.
 
Dans un monde moral, les affaires profitent à celui qui détient la morale. En l’espèce, aujourd’hui, les Etats-Unis. L’hégémonie américaine passe par le droit – américain. Quand Volkswagen truque la mesure des émissions de dioxyde de carbone, un tribunal américain lui fait payer la douloureuse. Quand BNP-Parisbas travaille avec des gens qui déplaisent à la finance américaine, paf, le gros bâton d’un tribunal américain lui fait passer l’envie de récidiver. Et ainsi de suite. Aujourd’hui, c’est pour éviter des sanctions américaines jugées en cas de litige par un tout puissant tribunal américain que Peugeot se retire d’Iran afin de respecter l’embargo décidé par le président américain.
 

Le monde entier se retire d’Iran : c’est son seul choix

 
Donald Trump a récemment dénoncé l’accord sur le nucléaire péniblement passé entre la communauté internationale et les mollahs. C’est son droit le plus strict. Peut-être avait-il des informations pour le faire, encore que le dossier fourni par le Mossad sente sa fabrication à dix kilomètres. Et sans doute Trump, malgré ses insupportables manières, demeure-t-il le champion des nations contre la gouvernance mondiale. Mais deux remarques. Un, ici, la défense de ses intérêts nationaux se confond avec l’expression outrancière de l’hégémonie américaine. Et deux, rien ne forçait les Européens, et les autres nations du monde, à se plier aux exigences américaines. L’accord demeurant valide, il n’existe nul embargo en droit international.
 

Peugeot, Total et les autres se soumettent à l’hégémonie américaine

 
Il est clair que les Européens, et les autres, se défaussent sur Donald Trump de leur propre lâcheté. Avant que Trump ne soit là, les entreprises européennes acceptaient platement d’aller se faire taper sur les doigts par la justice américaine. Et aujourd’hui, elles se plient à toute vitesse à la volonté américaine. Peugeot n’est pas la seule dans son cas. Total se retire aussi. Les deux groupes demanderont une dérogation aux Etats-Unis. On comprend bien pourquoi. Trump a lancé un ultimatum à tous les pays du monde, celui qui continuera à commercer avec l’Iran sera sanctionné comme lui : mais il suffisait qu’un nombre suffisamment grand de pays résistent aux injonctions américaines pour qu’elles perdent tout effet.
 

L’hégémonie américaine, variété de gouvernance mondiale ?

 
La vérité est que les Européens, la France en particulier, se sont placés depuis la fin de la seconde guerre mondiale en position non pas d’alliés des Etats-Unis, mais de sujets, de supplétifs, de subordonnés. Cela n’a rien à voir avec Trump, cela n’a pas cessé de Truman à Obama, et l’Union européenne, qui aurait pu servir à rétablir l’équilibre, a au contraire accentué le déséquilibre. Après un timide essai d’indépendance de De Gaulle, ses successeurs ont repris le joug. Le drame de l’embargo sur l’Iran, c’est qu’il n’y a le choix qu’entre une sorte d’insurrection anti-américaine sous l’égide d’institutions internationales, qui serait comme l’amorce d’une gouvernance mondiale, et l’hégémonie américaine, qui ne vaut pas mieux, et qui est d’ailleurs l’un des modes possibles de préparation de la gouvernance mondiale.
 

Pauline Mille