DRAME HISTORIQUE
Le Pont des espions ♠


 
Le Pont des espions est le dernier film, très attendu, du prolifique Steven Spielberg. Sans douter de son talent, il faut tout de même bien constater que son œuvre s’avère fort inégale. Il souffre en particulier d’une tendance à la longueur et au manichéisme. Ses héros sont trop souvent monolithiques, comme les méchants. Sur 2h20, soit assez exactement une heure de trop, un brillant avocat américain, M. Donovan, héros de l’histoire, commence par défendre vigoureusement, dans l’Amérique des années 1950, un espion soviétique, pour sauver l’honneur de la justice américaine, ou de l’Amérique en général. Certes tout accusé a droit à un avocat ; un espion soviétique ne trahit pas les Etats-Unis, mais sert courageusement son propre pays malgré les risques. Mais le récit hagiographique est peu fin. La sobre composition de l’espion le rend même sympathique au spectateur, en comparaison des outrances gestuelles et des discours de son avocat interprété par un Tom Hanks plus qu’excessif. Ensuite, Donovan organise l’échange de cet espion avec le célèbre pilote américain d’avion de reconnaissance à haute altitude U2 abattu au-dessus de l’URSS, Francis Gary Powers (1960). Cette dernière tâche a été accomplie dans le contexte ô combien tendu de la construction du Mur de Berlin (1961).
 

Le Pont des espions : une histoire peu crédible

 
Le contexte de Berlin est saisi de manière intéressante, l’horreur d’un pays communiste bien rendue ; le manichéisme, difficilement supportable aux Etats-Unis entre le bon avocat et les méchants procureurs et juges, est là à sa place et efficace. Les puristes regretteront la transposition de la saison de la construction du Mur, de l’été berlinois, chaud, à un temps hivernal, et aux tempêtes de neige qui contribuent certes à l’intensité dramatique.
 
Le Pont des espions aurait pu à la rigueur être un drame historique acceptable, s’il s’en était tenu à cette action principale. Or une histoire peu crédible de sauvetage combiné de Powers et d’un étudiant occidental emprisonné brutalement à Berlin-Est parasite le récit et saborde quelque peu la reconstitution d’époque. C’est très dommage.
 

Hector Jovien

 
 
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