Poutine ordonne le retrait de la majorité des troupes russes de Syrie

Poutine retrait troupes russes Syrie
Le président russe, Vladimir Poutine, au Kremlin à Moscou, le 14 mars 2016.

 
Alors que les négociations sur l’avenir de la Syrie débutaient lundi à Genève dans un climat tendu, Vladimir Poutine a ordonné ce même jour le retrait de la majorité de ses troupes déployées dans le pays depuis le 30 septembre. Difficile de voir dans ce geste de la Russie une simple coïncidence, alors que les milliers de raids aériens menées par ses forces ont permis à l’armée syrienne de reprendre un avantage certain sur le terrain.
 
L’annonce de ce retrait militaire ordonné par le président russe a créé une énorme surprise sur le terrain diplomatique, puisque que, depuis des mois, depuis des années, la Russie est sur tous les fronts pour défendre les autorités syriennes, et que Vladimir Poutine s’est personnellement impliqué dans le cessez-le-feu entré en vigueur, malgré certaines difficultés et certains heurts, il y a plus de quinze jours.
 

Poutine décide le retrait de la majorité des troupes russes

 
Cette décision n’est pourtant pas le fruit d’un coup de tête. Elle est intervenue après un entretien téléphonique entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue syrien Bachar el-Assad. Elle a ensuite fait l’objet d’un autre appel du président russe vers son homologue américain Barack Obama.
 
Vladimir Poutine a ensuite officiellement et publique déclaré : « La tâche qui avait été demandée à notre ministère de la Défense et aux forces armées a été globalement accomplie, et j’ordonne donc au ministère de la Défense d’entamer à partir de demain le retrait de la majeure partie de nos contingents militaires de la République arabe syrienne. »
 
Le président russe évoque « la majeure partie » de ses forces armées puisqu’il conserve sur le territoire syrien un site de maintenance de vols, qui sera consacré, selon un communiqué du Kremlin, à la surveillance de la région afin de vérifier que la trêve des combats est effectivement respectée.
 
De son côté, le président syrien Bachar el-Assad a souligné le professionnalisme, le courage et l’héroïsme des soldats et officiers des forces armées russes ayant pris part aux combats, et exprimé sa profonde gratitude à la Russie pour son aide dans la lutte contre le terrorisme. Le soutien des troupes russes a notamment permis à l’armée syrienne de remporter des victoires alors que, jusque-là, les troupes syriennes avaient souffert de ce conflit.
 

La Russie continue de donner le ton en Syrie

 
Le satisfecit exprimé par Moscou ne suffit vraisemblablement pas à expliquer la décision de Vladimir Poutine, que d’aucuns, un peu rapidement, prennent pour une volte-face. La chose paraîtrait pour le moins curieuse puisque, malgré la tension toujours palpables avec les Occidentaux, et qu’ont exprimée le matin même de l’annonce russe les ministre européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles, Vladimir Poutine non seulement ne manquait pas de cartes dans son jeu, mais, qui plus est, donnait le ton dans l’affaire syrienne.
 
Cartes qu’il possède toujours, soit dit en passant. Deux raisons – entre autres – paraissent pouvoir expliquer cette décision. La première, plus immédiatement visible, et saluée comme telle, serait de relâcher partiellement la tension qui sévit à Genève. Opposées sur la question de l’avenir de la présidence syrienne, et plus précisément sur celui de Bachar el-Assad, les parties en présence pourraient vraisemblablement discuter de manière plus sereine, sans les soutiens qui, de part et d’autre, les appuient pour des raisons qui ne relèvent pas toujours de la recherche de la paix en Syrie. Mais cela signifierait, en clair, que Poutine cherche à forcer la main des Occidentaux, en leur montrant la voie de résolution du conflit…
 
La seconde est sans doute plus ténue. L’opposition syrienne, suspectée de liens plus ou moins avoués avec certains des groupes islamistes qui se répandent sur le sol syrien, se trouverait, privée du soutien direct de l’Occident, contrainte de clarifier sa position. En l’état, le cessez-le-feu devrait logiquement la contraindre à se trouver l’alliée objective des autorités syriennes, au moins jusqu’à ce que la question djihadiste soit réglée. Faute de quoi, elle serait suspecte de vouloir faire le jeu des groupes islamistes…
 

François le Luc