La presse en Chine commente le Partenariat transpacifique (TPP), et envisage son échec

presse Chine Partenariat transpacifique échec TPP
 
Il est toujours intéressant de voir quel est le point de vue officiel de la Chine à propos de la mondialisation en cours – mondialisation dont elle dit suffisamment qu’elle veut en être le moteur. Et pour le connaître, rien de tel que la presse chinoise soumise au contrôle serré du parti communiste au pouvoir… Dans un récent éditorial, le Global Times exprime l’opinion autorisée selon laquelle l’avenir du Traité transpacifique (TPP), pendant du Traité transatlantique, est aujourd’hui dans la balance – tout comme l’est celui de ce dernier : le globalisme craquerait-il de toutes parts ? Ou va-t-on vers un échec en trompe-l’œil ?
 
Le TPP paraissait moins menacé, pourtant, que TAFTA. Les 12 nations participant aux négociations sont réputées avoir trouvé un terrain d’entente récemment, plus aucun ne désirant renégocier les dispositions du traité gouvernant une gigantesque future zone de libre-échange sur les continents riverains du Pacifique.
 

L’échec du Partenariat transpacifique ? La Chine le souhaite…

 
Barack Obama, qui a fait du Partenariat transpacifique l’un des grands chevaux de bataille de son mandat, s’est engagé lundi à l’approuver avant la fin de l’année : question de prestige, mais aussi de prudence puisqu’il s’agit d’engager les Etats-Unis avant qu’il n’ait quitté la Maison-Blanche et malgré l’opposition croissante de nombreux élus – surtout si le TPP est maintenu en son état actuel.
 
Selon le Global Times, le TPP vise essentiellement à donner aux Etats-Unis la haute main sur les échanges commerciaux mondiaux, au détriment de la Chine qui serait pourtant tout naturellement en position de prendre les places de tête. « A l’évidence, les Etats-Unis veulent utiliser le TPP pour faire pièce à l’influence économique et diplomatique grandissante dans la région Asie-Pacifique », écrit Hu Weijia.
 
Voire. Il s’agit peut-être bien plus de donner au peuple américain le sentiment que le TPP est dans son intérêt pour promouvoir ainsi une nouvelle libéralisation dont la Chine elle-même pourrait tirer profit : n’est-elle pas régulièrement invitée à rejoindre le nouveau partenariat ?
 

La presse chinoise dénonce la volonté d’hégémonie américaine

 
Selon l’éditorialiste, la nouvelle zone de libre-échange sous domination américaine placera les Etats-Unis dans un nouveau cercle économique avec d’un côté  la « base de production à force de travail intensive » et de l’autre « l’énorme base de consommation » américaine. Ces pays du Sud-Est asiatique, à commencer par le Vietnam, recherchent des moyens d’écouler leurs exportations, ce qui contraindra les Etats-Unis à ouvrir leurs marchés et leurs circuits industriels.
 
L’affaire suscite une forte opposition aux Etats-Unis, à commencer par celle du candidat Donald Trump (car les Américains, eux, ne voient guère le TPP comme un nouvel instrument de domination mais comme une entreprise supranationale qui aura de lourdes conséquences pour le marché du travail domestique…).
 

La Chine ne cache pas ses ambitions mondialistes

 
Le journal chinois attribue à l’esprit protectionniste grandissant aux Etats-Unis la probabilité d’un échec du TPP, et assure que la Chine en sortira gagnante – les effets négatifs sur la réputation du partenaire américain se feront sentir, promet-il. Et de rappeler que la Chine est aujourd’hui le plus important producteur de biens manufacturés (sans faire remarquer pour autant qu’elle l’est devenue au titre d’accords qui ont déjà pesé lourdement sur l’emploi en Occident).
 
La Chine, qui veut s’orienter vers l’accroissement de la consommation intérieure, va devenir une nation fortement importatrice, promet le Global Times. Et à ce titre, un meilleur partenaire pour les pays avec lesquels les Etats-Unis risquent de ne pas se mettre d’accord ?
 
Des incertitudes actuelles, elle entend en tout cas sortir gagnante.
 

Anne Dolhein