Mise en garde de psychologues en Argentine contre les pratiques ésotériques

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Le tribunal d’éthique du Collège de psychologues de la province de Cordoba, en Argentine, vient de publier un communiqué où il rejette clairement les « pratiques ésotériques, mystiques et astrologiques réalisées au nom de la psychologie, et qui ont des effets négatifs sur la santé mentale de la population ». Cette mise en garde a semblé nécessaire aux psychologues argentins en raison de la prolifération démesurée de ces pratiques « alternatives » proposées par un nombre croissant de « psychologues ».
 
Parmi ces pratiques qui ne répondent en rien aux devoirs du psychologue, on compte la « psychomystique », le « psychokarma », le « psychotarot »… Il s’agit bien de divination, d’occultisme, d’appel aux esprits, et ce sont donc des pratiques empreintes de dangers mortels – pour l’âme sinon pour le corps. « Elles comportent de graves risques, tels des suicides, destructions, problèmes psychotiques et ruptures de liens au sein de la population », affirme le communiqué du Collège des psychologues.
 
Celui-ci précise :
 
« Ces derniers temps, on a pu observer que la psychologie, en tant que science, s’est vu lier à des pratiques illégales, ésotériques, mystiques, constamment associés au terme “psy” que l’on appose devant le nom de n’importe quelle pratique, en y ajoutant des noms d’auteur et des références scientifiques propres à notre discipline. »
 

En Argentine, des psychologues dénoncent les dangers des pratiques ésotériques

 
Le tribunal d’éthique se chargera de prendre des mesures contre les psychologues professionnels qui s’adonnent à ces pratiques dans le cadre de leurs consultations, laissant au département légal du Collège des psychologues le soin d’intenter des actions judiciaires contre les non professionnels qui revendiquent abusivement la qualité de psychologues pour proposer de tels services, et dont le nombre est également de plus en plus important.
 
Cette tendance s’inscrit évidemment dans un contexte multiséculaire d’abus de la crédulité de personnes en détresse, et de recours à des pratiques qui s’appuient sur les réels pouvoirs du monde infernal. La divination et la communication avec les esprits mauvais ne date pas d’aujourd’hui ! Mais à notre époque, s’y ajoute l’aura de la philosophie du New Age dont il ne faudrait pas croire qu’il s’agisse d’un phénomène passager parce qu’on en parle moins dans les médias. Ce sont ses pratiques, son approche « holistique », son faux spiritualisme qui s’installent de plus en plus dans un cadre supposé légitime d’exercice de la médecine, des soins psychologiques, alors que l’effritement des liens sociaux lui donne des possibilités inédites de progression.
 

Occultisme, divination et conséquences sur la santé mentale

 
Au fond, on retrouve ces tendances dans de nombreux parcours de « développement personnel », et jusque dans les thérapies psychospirituelles, confondant une prétendue « guérison spirituelle » avec le soin de pseudo « blessures d’enfance », voire de maladies « généalogiques » dont l’origine se trouverait dans un problème non résolu chez tel ou tel ancêtre.
 
Ce que les psychologues de la province de Cordoba ne soulignent pas, c’est la profonde parenté qui existe entre la psychanalyse et la psychologie contemporaine qui s’en inspire ou se réfère peu ou prou à ses principes. Les liens entre la psychanalyse et la kabbale sont revendiqués par nombre de psychanalystes eux-mêmes. On n’oubliera pas qu’on ne peut être psychanalyste qu’en ayant soi-même subi une psychanalyse, ce qui est le propre de la démarche initiatique.
 
Aujourd’hui, l’utilisation de procédés de charlatans ou d’occultistes a semble-t-il interpellé des psychologues argentins car ils en perçoivent la nocivité pour la santé mentale ; pour aller jusqu’au bout de la démarche, il faudrait sûrement qu’ils prennent conscience de l’ensemble du problème.
 

Anne Dolhein