Resserrement des liens entre la Russie et l’Amérique latine : un entretien avec Alexander Schetinin

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C’est sur le site hispanophone du média russe proche du Kremlin, rt.com, que l’on peut lire un entretien fort intéressant avec le directeur pour l’Amérique latine du ministère russe des affaires étrangères, Alexander Schetinin. Il y insiste sur l’importance des liens étroits entre la Russie et l’Amérique latine : « Ils ne dépendent pas des relations avec les tiers », a-t-il déclaré.
 
L’année 2016 a marqué un tournant à cet égard, selon le diplomate. C’est le moment où la Russie a développé aussi bien ses contacts bilatéraux que ses liens multilatéraux avec les pays d’Amérique latine : l’accélération dans la continuité. « Pour tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, le développement des liens avec la Russie représente une part importante de leur politique nationale, indépendamment de la couleur du gouvernement en place à un moment ou à un autre », a-t-il expliqué, soulignant que par exemple, l’arrivée à la présidence de Mauricio Macri en Argentine n’avait rien changé à cet égard.
 
« Beaucoup de sceptiques pensaient qu’il allait annuler la coopération avec la Russie, mais il n’en fut pas ainsi », a souligné Alexander Schetinin.
 

Les liens entre Russie et Amérique latine, indépendants des fluctuations politiques

 
L’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis ne changera pas non plus les liens de la Russie avec les pays voisins comme le Mexique. Les relations qu’entretient le pays de Poutine avec ces Etats latino-américains ne seront pas affectées par les liens que ceux-ci pourront entretenir avec le nord du continent ou avec les pays tiers, et ils ne seront pas entraînés vers des scénarios qui ne les concernent pas directement, promet-il.
 
En Amérique centrale, ces liens entre la Russie et les pays latins sont fondés « sur la sécurité publique et l’aide au développement » économique et social, a-t-il insisté, rappelant que la Russie n’a pas de bases militaires dans cette région. Cela ne l’empêche pas, précisons-le, d’avoir des liens sur le plan militaire, puisque le Nicaragua, par exemple, bénéficie d’exportations d’armes depuis Moscou et que son président, Daniel Ortega, a fait appel en 2016 à des officiers russes pour la formation de son armée.
 

Alexander Schetinin commente le resserrement des liens entre la Russie et l’Amérique latine

 
Alexander Schetinin avait également son mot à dire sur la situation au Venezuela où le post-chavisme de la gauche révolutionnaire réduit le pays à la misère dans un contexte d’inflation galopante. Moscou, a-t-il déclaré, est « préoccupé » par la situation, qu’il présente comme résultant de la « rhétorique agressive » et de la « désobéissance civile de l’opposition », censé alimenter l’intolérance, la division nationale et la déstabilisation de la région. Un point de vue fortement partisan, c’est le moins que l’on puisse dire.
 
La Russie, s’il faut en croire son diplomate, reste attaché à la force politique des BRICS dans le monde : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud y apparaissent selon lui comme une force cohérente qui sert à établir des liens avec d’autres pays dans le monde à travers le dialogue sur les thèmes concrets, rapporte rt.com. A ce titre, la Russie souhaite un règlement rapide de la crise brésilienne, a précisé Schetinin.
 

La Russie salue le Venezuela de Chavez et la mémoire de Fidel Castro

 
Le meilleur pour la fin. A ceux qui douteraient de la persistance d’un axe composé par les anciens membres du bloc communiste, Schetinin a livré une présentation hagiographique du dictateur cubain Fidel Castro. Commentant son récent décès, le diplomate russe a déclaré qu’il est « passé dans l’histoire comme l’une des figures les plus remarquables de la deuxième moitié du XXe siècle ». Castro a permis à Cuba de se transformer en « joueur de prestige sur l’échiquier international », faisant du pays un lieu de rencontre pour la recherche de solutions aux problèmes mondiaux. Le Líder máximo de la révolution communiste cubaine « s’est converti en symbole de la dignité, de la justice et de la liberté ».
 
La langue de bois communiste fonctionne décidément toujours.
 

Anne Dolhein