Les révélations de Mgr Carlo Maria Viganò et les promesses de Notre-Dame de Fatima

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Ce n’est pas un hasard, me semble-t-il, si Mgr Carlo Maria Viganò a choisi de dater sa terrible lettre d’accusation (publiée en français par “L’homme nouveau”) à l’encontre de ceux qui souillent la Sainte Eglise et l’enfoncent « dans un marais fétide » – le pape François y compris – du 22 août. C’est une fête mariale qui, à l’origine, marquait la fin de l’Octave de l’Assomption fêtée le 15 août, et qui a été remplacée par Pie XII, au cours de la Seconde Guerre mondiale, par la fête du Cœur Immaculé de Marie, avant que celle-ci ne disparaisse à son tour, lors des réformes liturgiques qui ont suivi Vatican II, au profit d’une mémoire de Marie, Reine, anciennement fêtée le 31 mai. Il paraît difficile de ne pas faire le lien de l’affaire actuelle avec les promesses de Fatima, où Notre-Dame promettait le triomphe final de son Cœur Immaculé, non sans demander par la suite la dévotion des Cinq premiers samedis. Le scandale dont Mgr Viganò avait connaissance, et qu’il n’a plus pensé pouvoir taire quoi qu’il lui en coûte, est sans aucun doute le plus grave qui ait jamais secoué l’Eglise du Christ. Et en ces temps troublés, comme le rappelait dans une interview donnée à reinformation.tv le P. Linus Clovis, spécialiste de mariologie et du message de Fatima, la Vierge Marie est l’unique recours.
 
La « bombe » par laquelle l’ancien nonce à Washington a accusé nommément et de manière circonstanciée le pape François et de nombreux cardinaux et prélats d’avoir participé aux manœuvres d’occultation des prédations sexuelles du cardinal Theodore McCarrick sur de jeunes hommes, séminaristes ou prêtres, dont il avait la charge morale, ébranle l’Eglise jusque dans ses fondations. Elle crie le besoin de vérité, de justice, de purification de l’institution qui constitue le Corps mystique du Christ, frappé dans sa chair non par les coups de fouet et de marteau de ses ennemis les plus visibles mais par un ennemi qui s’est insinué à l’intérieur, un ennemi qui présente le mal comme le bien et le bien comme le mal, et qui s’est installé au moyen du mensonge.
 

Mgr Carlo Maria Viganò a daté sa lettre du 22 août, fête du Cœur Immaculé de Marie

 
Le P. Clovis nous parlait de la signification symbolique de l’étoile sur le manteau de l’image originelle de Notre-Dame de Fatima : c’est un renvoi à la figure « type » annonçant la Vierge Immaculée, la reine Esther qui a sauvé son peuple juif de l’anéantissement physique. La Mère de Dieu, qui par son intercession auprès de la Sainte Trinité obtient un bien infiniment plus important, le salut des âmes, est aussi la Reine des milices célestes, exempte de toute marque du péché, celle par qui Dieu a promis d’écraser la tête du serpent dès la chute d’Adam et Eve.
 
Ce qui caractérise l’affaire présente, c’est qu’il ne s’agit pas simplement des malheureuses chutes liées à la faiblesse humaine, dont les responsables seraient conscients et desquelles ils se seraient repentis. L’affaire McCarrick, et au-delà sa dissimulation par le fait des cercles de pouvoir de l’Eglise, y compris, comme l’affirme Mgr Viganò, par la discrète levée des sanctions – qui lui avaient été infligées par Benoît XVI – imputable au pape François lui-même, doit se comprendre dans un contexte.
 
Certes, l’occultation de graves méfaits portant atteinte à l’innocence des jeunes ou les poussant au mal – le véritable sens du scandale – n’est pas neuve dans l’Eglise, y compris à travers les imprudences qui ont exposé certains à la prédation de clercs corrompus. Mais aujourd’hui, ce sont un changement de langage, un changement d’attitude, une modification de la manière d’aborder certaines perversions au vu de la morale naturelle et catholique qui dressent le portrait d’une indulgence inédite à l’égard du mal. Les agissements de McCarrick et les protections dont il a profité confirment s’il le fallait l’existence d’un lobby homosexuel au sein de l’Eglise, d’un lobby puissant qui cherche non seulement à agir impunément mais à faire justifier le mal en obtenant qu’on cesse de le dénoncer comme tel.
 

Les révélations de Mgr Carlo Maria Viganò et leur lien avec Fatima

 
Telle est la réalité dans le monde qui nous entoure : une réalité ahurissante qui a déjà réussi dans de nombreux pays et sous l’égide des institutions internationales à mettre sur le même plan le mariage et l’exercice normal de la sexualité, et les unions homosexuelles. Ce militantisme, si largement couronné de succès, eût été impensable il y a seulement cinquante ans. Mais il se heurtait alors à l’affirmation traditionnelle de la morale par l’Eglise catholique, qu’il avait clairement désignée comme son ennemi numéro un.
 
Sur les infiltrations homosexuelles actuelles dans l’Eglise, les plus criantes d’entre elles ont été cataloguées lundi par Yves Daoudal sur son blog, on peut s’y reporter pour voir défiler les noms du cardinal Danneels, de Mgr Paglia, le commanditaire d’une fresque homo-érotique qui est aux avant-postes des organismes du Vatican pour la famille que sont l’Institut théologique qui a remplacé l’Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille et l’Académie pontificale pour la vie, ou du cardinal Kevin Farrell placé à la tête du nouveau dicastère pour les laïcs, la famille et la vie – il est favorable à la réception de la communion par les divorcés « remariés » et il a apporté tout son soutien au jésuite « LGBT-friendly » James Martin. Une petite précision : le tristement célèbre Mgr Battista Ricca, qui scandalisait le personnel de la nonciature en Uruguay en y faisant vivre son amant, est bien à l’origine du commentaire du pape sur les homosexuels (« Qui suis-je pour juger ? ») de retour de Rio, alors qu’il était précisément interrogé sur les frasques du monseigneur. Il n’a cependant jamais dirigé la Maison Sainte-Marthe où François a élu domicile, mais une maison d’accueil du clergé Via della Scrofa à Rome où Bergoglio logeait avant son élection et où il est allé « humblement » payer sa note, une fois élu à la chaire de Pierre.
 

Notre-Dame de Fatima rappelle que face aux fumées de Satan, seule Marie peut nous sauver

 
Tout cela est à rapprocher de ce que Mgr Viganò lui-même a déclaré au vaticaniste italien Aldo Maria Valli, à qui il a d’abord confié son texte explosif en lui laissant le soin de décider s’il le publierait. Interrogé, alors qu’il était reçu dans la famille de Valli, sur le « pourquoi » de cette corruption et des ces dissimulations, l’ancien nonce a répondu – « glaçant le sang » du journaliste et de sa famille qui était témoin des échanges :
 

« Parce que ces fissures dont parlait Paul VI, par lesquelles la fumée de Satan se serait glissée dans la maison de Dieu, sont devenues des gouffres. Le diable travaille en grand. Et ne pas l’admettre, ou détourner le regard, serait notre plus grand péché. »

 
Le site benoit-et-moi a traduit et publié l’intégralité du témoignage d’Aldo Maria Valli.
 
Ce qui est mis en évidence, ce n’est pas seulement une violation de la loi de Dieu – chose qui n’est pas, hélas, inédite, même dans les plus hautes sphères de l’Eglise, car elle est composée de pécheurs – mais aussi et même surtout un oubli, un abandon, un refus d’affirmation, voire une négation de cette loi.
 
Il y a quelques mois, le cardinal Willem Jacobus Eijk d’Utrecht aux Pays-Bas écrivait : « Observant que les évêques, et surtout, le Successeur de Pierre, échouent à maintenir et à transmettre fidèlement et dans l’unité le dépôt de la foi contenu dans la Tradition sacrée et l’Ecriture sainte, je ne peux m’empêcher de penser à l’article 675 du Catéchisme de l’Eglise catholique : “Avant l’avènement du Christ, l’Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le ‘mystère d’iniquité’ sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité.” »
 

Les révélations de Mgr Carlo Maria Viganò : un tableau d’Apocalypse

 
Voilà le décor proprement infernal où se déroule la tragédie actuelle. Décor d’Apocalypse qui est marqué par ce qui semble bien être de la duplicité, avec tous ces cardinaux qui prétendent n’avoir jamais rien su des agissements de McCarrick, et même le pape François qui dans l’avion qui le ramenait d’Irlande, dimanche, refusait de répondre par oui ou par non à deux questions posées à propos de la lettre de Viganò par le journaliste de CBS. Le pape François a demandé aux journalistes d’analyser eux-mêmes cette lettre, et d’en tirer leurs propres conclusions, parce qu’ils en sortiraient grandis : « Cela vous fera du bien à tous, vraiment ! » Réponse des plus étranges, en vérité… Et dont la teneur ne tient pas compte de la réputation de sérieux dont jouit Mgr Viganò – même s’il est vrai que dans une grande partie des grands médias, on le présente comme un ambitieux déconfit, furieux de ne pas avoir obtenu son chapeau de cardinal et désireux de faire avancer son idéologie droitière au nom d’un lobby libéral-conservateur américain…
 
Mais il faut noter que le Premier conseiller à la nonciature à Washington à l’époque où la vérité sur McCarrick sortait, Mgr Jean-François Lantheaume, cité comme témoin du rappel à l’ordre de McCarrick par le nonce d’alors, Mgr Sambi, par Mgr Viganò, a laconiquement affirmé à Catholic News Agency : « Viganò a dit la vérité. C’est tout. »
 
De son côté, Jean-Marie Guénois du Figaro parle clair, lui aussi : « Il convient d’être prudent sur ce genre d’affaires mais l’enquête menée, dès sa parution, par Le Figaro auprès de quatre sources très informées, très différentes et internes du Vatican, conduisent à une même conclusion: les leçons tirées de l’affaire par Mgr Vigano sont de sa responsabilité, mais il sera difficile de contrer l’exactitude des faits décrits. »
 

Benoît XVI a confirmé avoir sanctionné le cardinal McCarrick, selon le “National Catholic Register”

 
Du côté de la conférence épiscopale américaine, on ne se contente pas de renvoyer les journalistes qui s’interrogent à propos des déclarations de Viganò dans leurs buts : la conférence des évêques demande une enquête en bonne et due forme (comme l’a précisé le cardinal Di Nardo), pour qu’on établisse clairement les responsabilités des personnes évoquées. Plusieurs évêques américains – Mgr Strickland de Tyler, Texas, qui a fait publier la lettre de Viganò en la déclarant « crédible », Mgr Konderla de Tulsa et Mgr Olsted de Phoenix parlant de lui comme d’un « homme de vérité, de foi et d’intégrité » – lui ont apporté leur soutien.
 
Selon le National Catholic Register, Benoît XVI a confirmé avoir prononcé des sanctions contre le cardinal McCarrick comme l’affirme Mgr Viganò, sanctions laissées de côté par le pape François qui a permis à McCarrick de jouer un rôle de premier plan dans la nomination des cardinaux Cupich et Tobin, connus pour leur ouverture à la cause LGBT. « Le Register a confirmé de manière indépendante que les allégations à l’encontre de McCarrick été certainement connue de Benoît XVI, et le pape émérite se rappelle avoir ordonné au cardinal Bertone d’imposer des mesures mais il ne parvient pas à se rappeler quelle était leur nature exacte », note LifeSite en précisant que les noms des sources de cette information n’ont pas été dévoilés.
 

Les révélations de Mgr Carlo Maria Viganò feront-elles du mal ou du bien ?

 
Dans cette tempête qui risque de décourager de nombreux catholiques, une première question se pose : fallait-il porter sur la place publique des faits de nature à scandaliser des fidèles et à fragiliser la position de l’Eglise ? S’il s’était agi de simples manquements dont aucun homme ne saurait se dire exempt, on pourrait bien opter pour la négative. Mais le problème est beaucoup plus vaste. Il est aggravé par les mensonges et le déni de la vérité pointés par la lettre de Viganò, et par le contexte général ou l’autorité romaine fait défaut : sur de nombreux points, la confusion règne par la faute ou la volonté du pape lui-même, il n’affermit plus dans la foi et le risque est de voir de nombreux catholiques croire, soit que l’Eglise a édulcoré son enseignement, comme si elle y était habilitée, soit qu’il faut rejeter cette Eglise qui ne semble ne plus remplir son office. Et à cet égard, seule la vérité peut permettre de la sortir de ce marécage qui l’a envahie. Il y va du salut des âmes et de sa propre cohésion.
 
Le risque de voir Rome et la papauté souillées en tant qu’institution par la situation actuelle est grand, décidément.
 
Et voilà qui nous ramène à Fatima. J’évoquais en avril 2017 sur reinformation.tv la manière dont la promesse de Notre-Dame était vue et exploitée en Russie qui passe, y compris dans de nombreux milieux de droite en France, pour être le nouveau rempart du christianisme face à la déliquescence générale, « dernier défenseur de la morale traditionnelle face à la folle idéologie LGBT présentée comme une conséquence logique de l’“hyperlibéralisme” venu d’“Occident” ».
 
Tous les ingrédients sont là : l’hédonisme immoral qui s’est implanté parmi des princes de l’Eglise, coupables ou complices d’un comportement qui répugne aux fidèles, et la complicité de fait de la hiérarchie romaine, pain bizarrement bénit pour l’orthodoxie qui a tout intérêt à pouvoir dénoncer une nouvelle « prostituée de Babylone » comme le faisait Luther à l’égard de la papauté.
 
Face à la corruption qui semble prendre le dessus dans l’Eglise catholique, d’aucuns imaginent que la Russie s’est bel et bien « convertie », et qu’elle saura apporter le salut dans cet Occident qui répand ses erreurs à travers le monde. Plus que jamais, les esprits y sont préparés… Vaudrait-il mieux, donc, recouvrir du manteau de Noé ces terribles « fumées de Satan » infiltrées dans l’Eglise ? Mais comment celle-ci saurait-elle triompher, portée dans le Cœur Immaculé de Marie, souillée par le mal et le mensonge ?
 

Fatima, la Russie et la débâcle actuelle

 
Dans cet article paru en avril 2017, reinformation.tv relevait un article paru sur Katehon, le think tank dont un proche conseiller de Poutine, Konstantin Malofeev, est l’une des figures de proue, et dont le théoricien gnostique auto-proclamé Alexandre Douguine, promoteur de la « Quatrième théorie politique », est l’une des plumes (aujourd’hui sous le bandeau « geopolitoca.ru ») les plus éminentes.
 
L’an dernier, Katehon publiait un long texte sur « la chute de l’Eglise catholique romaine », présentant Moscou comme « la Troisième Rome », et l’Eglise orthodoxe comme sauveur de l’Occident gangréné par Vatican II, le modernisme et le libéralisme, faisant largement référence aux prophéties de La Salette et de Fatima.
 
Habile retournement de situation. En dénonçant « l’apostasie » de Rome comme si c’était l’Eglise elle-même qui était concernée, il s’agit de s’attirer la sympathie des catholiques, qui devraient ainsi renoncer, dégoûtés, au dogme de la primauté de Pierre. Et aussi, au passage, cela mérite d’être souligné alors que Katehon ne le faisait pas, au dogme de l’Immaculée Conception que l’Eglise orthodoxe rejette explicitement… D’ailleurs, l’article parle de la consécration au « Cœur sacré » de Marie et non au Cœur Immaculé de Marie.
 
Nous ajoutions : « L’insistance à présenter l’Eglise catholique comme apostate est frappante. C’est une insistance que l’on retrouve dans d’autres articles du site Katehon, et notamment un éditorial non signé de 2015 qui appelle à une vision œcuménique pan-chrétienne qui se traduirait notamment par la renonciation de l’Eglise catholique à convertir les autres chrétiens. Cette apostasie est celle que les catholiques ont en effet pu constater chez nombre de leurs chefs spirituels, donnant force à l’argument russe. Mais les catholiques savent que l’Eglise est bâtie sur le roc qu’est Pierre, et que les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur elle, quelles que soient les tempêtes. »
 

Prier pour l’Eglise et pour le pape François : voilà ce que nous dit Fatima

 
Assistons-nous à une tempête sur Rome, que l’attitude du pape François ne fait rien pour apaiser, avec son refus systématique de répondre à ceux qui lui font part de leur désarroi ? Oui, il serait aberrant de le nier. Est-ce Rome qui chancelle, irrémédiablement ? Non, Pierre demeure le roc sur lequel l’Eglise est bâtie, et elle a les paroles de la vie éternelle.
 
Il nous faut nous y accrocher comme au Christ crucifié, accusé de tous les maux, en reconnaissant que ce qu’elle a d’humain – au contraire de Jésus-Christ, Dieu et homme – est défaillant, pauvre, mauvais parfois, mais que la vérité seule rend libre et que les portes de l’enfer ne prévaudront pas. Ce qui suppose, soit dit en passant, qu’elles feront tout pour essayer.
 
Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous.
 

Jeanne Smits