Les manifestations de Kiev ont pris un tour aigu avec notamment l’appel des opposants au régime à renverser le président. Le processus, qui rappelle les printemps arabe, pose la question, outre les dangers qu’elle fait peser sur la population ukrainienne et les relations entre la Russie et l’Europe, des possibles manipulations de masse, à l’Est et à l’Ouest.
L’attitude des médias occidentaux est significative : depuis deux semaine, ils relaient favorablement l’opposition et rejettent la responsabilité des incidents sur le premier ministre Azarov et le président Ianoukovytch. En occultant des faits : 1. Bruxelles a provoqué le capotage de l’accord d’association Europe Ukraine en exigeant, sans aucun fondement juridique, la libération de Ioulia Timochenko. 2. Le parlement ukrainien a choisi le rapprochement avec la Russie par un vote régulier. 3. Prendre une mairie, assaillir le siège du gouvernement et demander la démission du président sont des actes illégaux, révolutionnaires. Si les partisans de la manif pour tous en avaient fait autant en France, comment auraient réagi la police et les médias ?
Sans doute faut il surveiller la tendance autoritaire à l’œuvre à Kiev, mais la complaisance occidentale pour l’opposition donne à penser qu’une même main a organisé cette révolution et les printemps arabes : les services américains. On reconnaît leur marque de fabrique : se présenter comme la victime, actionner les réseaux sociaux, mettre en avant intellectuels, femmes et enfants, se poser en défenseur de la liberté, des droits de l’homme, des gouvernements « normaux », contre les dictatures. La démarche de cinq Femen urinant sur le portrait de Victor à Paris devant l’ambassade d’Ukraine, qui mêle pornographie, urologie, plaisanterie de mauvais goût, est typique de cette façon de manipuler l’opinion.