Au Royaume-Uni, une magistrate qui refuse de statuer sur une affaire familiale homosexuelle se voit révoquée

Royaume Uni magistrate homosexuelle
 
Peut-on encore être homme de loi sans contredire sa foi chrétienne ? La question se pose de plus en plus. Susan Preston, une magistrate du Derbyshire, au Royaume-Uni, vient de recevoir un blâme solennel parce qu’elle voulait se retirer du jugement collégial relatif à une affaire de parentalité homosexuelle.
 
L’objection de conscience semble ne plus devoir exister chez les juges britanniques.
 

Parentalité homosexuelle : une magistrate révoquée

 
Elle est magistrate depuis seize ans dans le sud du Derbyshire. Et elle vient d’être l’objet d’une mesure disciplinaire au motif qu’elle a « refusé de statuer sur une affaire […] en raison de ses opinions personnelles sur la parentalité entre conjoints de même sexe ».
 
Susan Preston a reçu un avertissement formel de la part du Bureau des enquêtes sur la conduite des juges (JCIO), qui supervise les enquêtes sur les plaintes concernant les juges. Il a été estimé que « cela équivalait à une mauvaise conduite ». Et elle a été, tout de go, rayée de la liste des magistrats affectés à la « Family Court » (affaires familiales)…
 
On n’a pas le droit de juger selon ses opinions. Mais on n’a pas le droit non plus de s’abstenir de juger en raison de ses opinions… Le totalitarisme idéologique en acte.
 

L’objection de conscience… révoquée

 
Pour le chef de proue de « Christian Concern », un lobby chrétien britannique, Minichiello Williams, ça ne fait aucun doute : de plus en plus clairement, le fait d’être chrétien semble constituer un obstacle tangible à l’exercice public, en particulier judiciaire. « Si vous croyez que le mariage est entre un homme et une femme et que les enfants ont besoin d’une mère et d’un père, vous êtes punis. Ce type d’exclusion est dangereux pour la société et doit être arrêté. »
 
Mais les directives de la Commission de l’égalité et des droits de la personne publiées l’année dernière sont très fermes : les organismes publics « doivent prendre des mesures correctives lorsque les employés fournissent un service public de manière discriminatoire ou potentiellement préjudiciable à d’autres ». Avec le désormais classico-classique : « quels que soient l’orientation sexuelle du public, son âge, son sexe, son identité de genre, sa race, son handicap ou sa religion »…
 
De la persistance d’une éventuelle objection de conscience, voire liberté de conscience, il n’y a plus trace.
 

« Les exigences de la nouvelle orthodoxie politique » Richard Page

 
Nous sommes à dix ans d’une affaire tout-à-fait similaire. En 2007, le juge Andrew McClintock avait dû démissionner du Comité des tribunaux du sud du Yorkshire, parce qu’on lui refusait la possibilité – qu’il avait demandée – de ne pas statuer sur les affaires impliquant une adoption homosexuelle. Il avait argumenté en disant qu’il irait, ce faisant, à l’encontre non seulement de sa foi, mais aussi de de sa conviction profonde selon laquelle cette situation n’était pas conforme à l’intérêt des enfants. Mais cela lui fut refusé.
 
Idem pour Richard Page, un magistrat qui siégeait au jury des affaires familiales de la Cour centrale des magistrats du Kent. En avril 2016, à moins d’un mois de la fin de sa carrière – il avait 68 ans – il fut remercié par le Grand Chancelier d’Angleterre, parce qu’il avait osé dire à la télévision qu’il valait mieux confier un enfant à un papa et une maman plutôt qu’à un couple de même sexe. Le pire, c’est que ces paroles ont été prononcées dans le cadre d’une émission à la BBC qui débattait de la liberté des chrétiens dans la vie publique !
 
Et Richard Page y racontait tout simplement qu’il avait reçu un blâme l’année précédente et l’obligation de suivre des cours de « rééducation » (sic) parce qu’il avait préféré donner à un enfant, dans le cadre d’une adoption, des parents hétérosexuels plutôt qu’un couple homosexuel… Il expliquait à la BBC : « Ma responsabilité comme magistrat est de faire ce que je considère le mieux pour les enfants et (…) très simplement, je crois qu’il n’y a pas de preuves suffisantes pour me convaincre que confier un enfant aux soins d’un couple de même sexe puisse être, du point de vue holistique, un bien pour l’enfant plutôt que de le confier à un papa et une maman, comme Dieu et la nature le veulent ».
 
C’est cet entretien, cette faute réitérée, qui lui valut son licenciement définitif avec l’accusation de « partialité et sectarisme » envers les couples homosexuels, selon les mots du ministre de la justice et du président de la cour Suprême…
 

Les chrétiens discriminés dans la vie publique

 
Et le droit d’avoir des opinions différentes, sans même les faire valoir, sur un sujet pas même tranché par des années d’épreuves et d’analyses ?! Les chances de recours sont apparemment inexistantes.
 
Andrew McClintock avait tenté de poursuivre le Département britannique des affaires constitutionnelles pour discrimination religieuse, sans succès.
 
Richard Page poursuit actuellement le ministre de la Justice pour le même motif. On gage que la réponse sera la même. Comme elle pourra l’être, si elle porte plainte, pour Susan Preston.
 
C’est l’existence même des chrétiens dans la titularité d’une charge publique qui se trouve mise en cause. Elle est là, la discrimination.
 

Clémentine Jallais