Né vraisemblablement dans la deuxième moitié du Ier siècle avant Jésus-Christ, c’était un brigand (c’est le sens du mot latin latro, d’où vient « larron »). Un écrit apocryphe, l’Evangile de Nicodème, raconte qu’il tua son père avant de prendre la tête d’un groupe de bandits de grand chemin, et qu’il épargna un jour la Sainte Famille, lors de sa fuite vers l’Egypte.
L’Evangile selon saint Luc nous apprend davantage sur cet homme qui fut crucifié aux côtés du Christ : « Or, l’un des malfaiteurs pendus à la croix l’injuriait, disant : “Puisque tu es le Christ, sauve-toi toi-même et sauve-nous !” Mais l’autre le reprenait, en disant : “Ne crains-tu donc pas Dieu, toi non plus, condamné que tu es au même supplice ? Pour nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes ; mais lui, il n’a rien fait de mal.” Et il dit à Jésus : “Seigneur, souvenez-vous de moi, quand vous serez parvenu dans votre royaume.” Jésus lui répondit : “Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis.” »
Le Bon Larron, qui mourut donc aux côtés du Sauveur en l’an 33, fut rapidement vénéré par l’Eglise, notamment comme saint patron des condamnés et des voleurs. Son culte fut ravivé à l’époque du concile de Trente, car il était un parfait symbole du repentir en cette période de réforme de l’Eglise : il fut en effet le premier saint pénitent à entrer au Paradis, selon la promesse même du Christ en croix.
Saint Grégoire le Grand nous donne une lecture de la conversion de saint Dismas : « Les pieds et les mains de ce voleur étaient attachés à la croix avec des clous, et il n’avait de libre des souffrances que le cœur et la langue. Dieu lui inspire donc de lui offrir tout ce qu’il avait encore de libre, afin que selon la doctrine de l’Apôtre : “Il crût de cœur pour être justifié, et confessât de bouche pour obtenir le salut” (Rm X, 10). C’est ainsi que cet heureux larron, rempli tout à coup de la grâce divine, reçut et conserva sur la croix les trois vertus dont parle encore l’Apôtre saint Paul (1 Co III). Il eut en effet la foi, puisqu’il crut que celui qu’il voyait mourir avec lui régnerait un jour en Dieu ; il eut l’espérance, puisqu’il lui demanda l’entrée de son royaume ; il fit aussi profession en mourant d’une vive charité, en reprenant de sa conduite coupable son compagnon et son complice, qui mourait en punition des mêmes crimes. »
On lit aussi chez saint Ambroise : « Quel exemple plus puissant pour nous exciter à revenir à Dieu, que l’exemple de ce voleur qui obtient si facilement son pardon ? Le Seigneur pardonne promptement, mais la conversion a été prompte aussi ; la grâce est plus abondante et s’étend bien plus loin que la prière, car Dieu accorde toujours plus qu’on ne demande, le larron le prie de se souvenir de lui, et Jésus lui répond : “En vérité, je vous le dis, vous serez avec moi dans le Paradis”, car la vie, c’est d’être avec Jésus-Christ, et là où est Jésus-Christ, là aussi est le royaume. »