GUERRE/DRAME Soy Nero ♠


 
Soy Nero, soit Je suis Néron en espagnol, décrit les aventures de Nero Maldonado, jeune Mexicain de 17 ans. Il a grandi aux Etats-Unis, à Los Angeles, prétend y être né – ce qui lui donnerait en droit la nationalité américaine -, a été expulsé à l’adolescence au Mexique, s’efforce de repasser clandestinement la frontière. Il compte rejoindre son frère, mécanicien, du moins aux dernières nouvelles reçues, à Los Angeles. Il pense s’engager dans l’armée américaine, afin de recevoir par ce biais la nationalité américaine.
 
On pouvait craindre avec un tel sujet un pamphlet très orienté à gauche, en faveur de l’immigration sans limites, et antimilitariste. C’est exactement ce qui se produit dans Soy Nero. La charge est totalement dépourvue de finesse. Le héros est trop parfait pour être le moins du monde crédible : il a vraiment une bonne tête, rappelant les méthodes du cinéma soviétique des années 1930 qui permettent l’identification immédiate des « bons ». Nero se montre absolument honnête, travailleur, non-violent – un comble alors qu’il veuille s’engager dans l’armée ! -, patient, et même excellent patriote états-unien…Son seul défaut réside dans sa naïveté, pour le coup confondante : son frère domestique prétend être le propriétaire de la villa-palais de Beverly-Hill où il travaille, et il le croit le temps d’une nuit de fête. Le récit initiatique est celui de l’adolescent qui deviendra un homme, s’il apprend à gérer la méchanceté humaine. Il n’est pas certain qu’il y parvienne. D’après la logique du film, il devrait se méfier systématiquement des hommes blancs, tous antipathiques ou douteux, souvent plus ou moins fous, aux propos incohérents, et d’autant plus dangereux qu’ils sont armés. Les Latinos, les Noirs, les Arabes, sont par contre tous dignes de confiance ; tout au plus devraient-ils s’abstenir de plaisanteries racistes entre eux, est-il implicitement conseillé.
 

Soy Nero se livre à une insupportable entreprise de rééducation idéologique

 
Quant à l’épisode militaire, soit une grosse moitié du film, il développe l’antimilitarisme le plus primaire. Les talibans ne sont absolument pas réalistes dans leurs costumes, pourtant pas difficiles à reproduire. Un effort de documentation minimale aurait été précieux. La fin de l’épisode militaire et du film, donnant lourdement la morale de l’histoire, est tout simplement délirante.
 
Le spectateur de Soy Nero, qui aurait été prêt à s’intéresser le temps d’un film au destin du personnage, sans en tirer de conclusion politique générale pour des questions difficiles, subit une entreprise insupportable de rééducation idéologique. Nous tremblons à l’idée qu’il servira prochainement de support pédagogique pour expliquer les Etats-Unis dans la Déséducation Nationale…
 

Hector JOVIEN

 
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