La calligraphie des manuscrits musulmans et l’ornementation géométrique des mosquées que nous admirons sont liées à la fureur iconoclaste de l’islam qui prohibe la représentation de la figure humaine et plus généralement des êtres vivants. Mais les talibans, en bons maximalistes qu’ils sont, prétendent étendre cette interdiction à l’ensemble des activités en Afghanistan et singulièrement aux médias. Certains espéraient qu’ils s’étaient calmés depuis leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001, mais c’était une illusion. Au contraire, ils sont revenus au pouvoir en 2021 plus décidés que jamais à tout régenter et plus forts de l’échec américain à les vaincre. Quand, à la télévision iranienne, on voit les jambes des coureuses olympiques floutées, on attribue cela à la pudibonderie des Mollahs, et quand les employées de la télé afghane apparaissent si voilées qu’on ne distingue qu’une fente pour les yeux dans leur vêtement, on mesure la volonté de domination qui anime le pouvoir islamique. Mais la nouvelle loi qui doit « s’appliquer graduellement à tout le pays et tout le monde » va beaucoup plus loin. La police des mœurs s’attaque aux boutiques, voilant la tête des mannequins dans les vitrines, rayant la tête des hommes et des femmes sur les publicités, obligeant les restaurateurs qui affichent des photos de leurs plats à cacher les yeux des photos de poissons, etc. Ce n’est qu’un début. Les journalistes à la télévision devront « s’habituer » à filmer moins d’événements, montrer moins de visages, etc. Saiful Islam Khyber, le porte-parole du ministère de la Propagation de la Vertu et de la Prévention du Vice (PVPV) assure que les autorités œuvreront à convaincre la population que les images d’êtres vivants contreviennent à la loi islamique en douceur : « La coercition n’a pas sa place dans l’application de la loi. Nous donnons un conseil, nous convaincrons les gens que ces choses sont vraiment contraires à la charia et doivent être évitées. »