Elections en Tchéquie : un parti nationaliste partisan d’un Tchexit pourrait détenir les clés du nouveau gouvernement

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« Filons à l’anglaise », propose l’affiche électorale du SPD, parti nationaliste dirigé par Tomio Okamura. Né à Tokyo d’un père japonais et d’une mère tchèque, le leader du SPD demande un référendum pour un Tchexit sur le modèle de ce qui s’est fait au Royaume-Uni. Le SPD, dont le sigle signifie Liberté et démocratie directe, est membre du Mouvement pour l’Europe des nations et des libertés, une alliance de partis politiques européens souverainistes (SPD tchèque, FN français, Ligue du Nord italienne, FPÖ autrichien et Vlaams Belang flamand). Avec 6,5 à 9,5 % des intentions de vote dans les différents sondages, le SPD de Tomio Okamura pourrait faire son entrée à la Chambre des députés de la Tchéquie lors des élections du 20 et 21 octobre. Et il pourrait aussi jouer un rôle pivot au sein d’un futur gouvernement de coalition qui sera probablement dirigé par le milliardaire Andrej Babiš du parti ANO (Action des citoyens mécontents), qualifié par certains médias de Trump ou de Berlusconi tchèque.
 

Le thème de l’immigration au centre des élections en Tchéquie

 
L’ANO est crédité de 25 à 31 % des intentions de vote en fonction des sondages. Un autre parti qui pourrait jouer un rôle dans la politique du prochain gouvernement tchèque, c’est l’ODS, qui siège au Parlement européen aux côtés du PiS polonais et des Tories britanniques au sein du groupe « Conservateurs et réformistes européens ». Parmi ses propositions, l’ODS voudrait exclure de l’espace Schengen les pays qui ne protègent pas bien leurs frontières. Les sondages lui donnent un résultat légèrement supérieur à celui du SPD. Les sociaux-démocrates (ČSSD) du premier ministre Bohuslav Sobotka devraient faire deux fois moins bien que l’ANO.
 
La thématique de l’immigration a dominé la campagne électorale tchèque, alors que le premier ministre Sobotka avait choisi de refuser d’accueillir des demandeurs d’asile dans le cadre des quotas obligatoires de l’Union européenne. Un membre du SPD avait toutefois confié en juin dernier à l’auteur de ces lignes, lors d’une réunion à Varsovie du groupe du Parlement européen Europe des Nations et des Libertés, que Sobotka avait durci le ton non pas par convictions personnelles mais sous la pression d’un électorat largement hostile à l’accueil d’immigrants musulmans, et qu’il changerait de politique après les élections, en cas de victoire. Il semblerait donc que beaucoup de Tchèques partagent cette analyse.
 

Pour le SPD un Tchexit est nécessaire face à l’UE immigrationniste

 
En revanche, on peut difficilement douter de l’hostilité à l’immigration musulmane et aux politiques immigrationnistes de l’UE chez Tomio Okamura, du SPD. Pour ce Tchèque d’origine japonaise, l’UE a prouvé ces dernières années qu’elle était irréformable et que « les élites sont incapable de faire preuve de la flexibilité nécessaire pour réagir aux problèmes actuels et cruciaux comme le terrorisme et la migration vers l’Europe de colons africains musulmans. » Quant à Andrej Babiš, le chef de l’ANO et probable futur premier ministre, il a déjà dit clairement vouloir tout faire pour refuser les migrants, même au prix de sanctions européennes.
 
On pourrait toutefois assister à un retournement de dernière minute : l’Institut de la Mémoire nationale slovaque accuse Babiš d’être un ancien agent de la police politique communiste (il était membre du Parti communiste slovaque dans les années 80) et la Cour constitutionnelle de Bratislava a confirmé la semaine dernière la validité des preuves dudit institut. Tous les leaders des partis politiques, Tomio Okamura compris, ont estimé à la suite de la décision de la Cour constitutionnelle slovaque que Babiš n’était pas digne de siéger au gouvernement tchèque.
 

Olivier Bault