Le « Temple satanique » porte plainte contre le délai de réflexion qui précède un avortement, au nom de la liberté religieuse

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L’organisation américaine du « Temple satanique », qui a lancé une action en justice contre l’Etat du Missouri contre l’Etat fédéral des Etats-Unis pour violation de sa liberté religieuse, vient de donner sa réponse à la proposition de classer la plainte sans suite de la part du gouverneur du Missouri et du procureur général. En cause ? Le délai de réflexion obligatoire qui précède la pratique d’un avortement.
 
Pour le Temple satanique, l’avortement est un « devoir religieux essentiel » : il s’oppose donc à la notion de « consentement éclairé » ainsi qu’aux 72 heures de réflexion obligatoires avant la pratique d’un avortement en invoquant leur liberté religieuse.
 

Pour le Temple satanique, la question de savoir quand commence la vie est une croyance religieuse

 
C’est donc « Lucien Greaves » (un pseudonyme satanique) qui a été envoyé pour déposer une plainte contre le gouverneur du Missouri, le procureur général et l’Etat. « La question de savoir quand commence la vie humaine est sous tous ses aspects une opinion d’ordre religieux », a-t-il affirmé.
 
On sait par le témoignage récent de Zachary King, ancien sataniste désormais converti, que des rituels sataniques d’avortement sont pratiqués au terme de la grossesse et que tous savent très bien que l’enfant est bien vivant. « J’insiste, ils me parlaient de bébés et non de fœtus », expliquait Zachary King, alors qu’il racontait les multiples avortements rituels auxquels il avait participé alors qu’il était Grand prêtre de l’Eglise mondiale de Satan.
 
Le gouverneur du Missouri Jay Nixon et le procureur général Chris Koster, tous deux démocrates, ont conclu au classement de la plainte, affirmant que la demande de la plaignante, « Mary Doe », n’était pas motivée par des convictions religieuses. Personne n’est obligé d’avorter par conviction religieuse, et aucune conviction religieuse ne l’oblige à le faire en moins de 72 heures, ont-ils affirmé. Ils ont ajouté que la jeune femme n’était pas obligée de prendre connaissance de la documentation distribuée pour l’aider à réfléchir.
 

Liberté religieuse : le Temple satanique affirme que l’avortement peut être motivé par une croyance religieuse

 
Mais les avocats du Temple Satanique ont fait une réponse significative : « L’acte physique ne doit pas nécessairement être empreint de signification religieuse… Si l’acte physique – ou l’abstention d’un acte physique – est motivé par une croyance religieuse, alors il s’agit de l’exercice de la religion. »
 
Autrement dit, les satanistes ne pratiquent pas l’avortement par nécessité mais par devoir envers leur Maître… Il s’est également félicité de ce qu’on ne lui ait opposé qu’une demande de renvoi de la plainte : « Je pense que ceci présage de grandes chances de victoire importante dans la défense des droits reproductifs. »
 
Si la plainte a été simultanément introduite au niveau fédéral, c’est clairement dans le but de créer un précédent qui serve ensuite à faciliter l’accès à l’avortement dans les autres Etats américains.
 
Pour le Temple satanique, la restriction de l’accès à l’avortement viole la Constitution qui interdit au gouvernement de choisir une religion plutôt qu’une autre – d’où l’intérêt pour lui de mettre au jour le caractère « religieux » de l’avortement dans le culte satanique.
 

Le Temple satanique porte plainte contre le délai de réflexion pour faire progresser le « droit » à l’avortement

 
La Temple satanique, mouvement antireligieux créé il y a trois ans mais dont les racines remontent à la Chute, se sert du terme de « croyances » pour détourner les lois sur la liberté religieuse – et sur les subventions aux mouvements religieux. Le mouvement le reconnaît lui-même : « Le Temple Satanique défend ses croyances pour conduire la politique américaine loin de l’idéologie dominante chrétienne ».
 
Le Temple satanique a d’ailleurs été créé par deux personnes qui prétendent ne pas du tout croire au surnaturel, ni même au diable… Les réunions des membres du temple se focalisent sur la musique, les images pornographiques, les comportements sadomasochistes et la nudité.
 
Il suffit, pour y entrer, de se déclarer membre et d’accepter les principes du temple.
 
Ils organisent pourtant toutes leurs actions au nom de Lucifer. En juillet dernier, l’antenne satanique de Détroit avait dévoilé une immense statue de Satan : les membres devaient vendre leur âme au diable pour pouvoir participer à l’événement.
 
C’est ce qui s’appelle jouer avec le feu. S’ils ne croient pas au diable, lui doit croire en eux…
 

Béatrice Romée